Présidentielle 2016 : le piège de Yayi à ses potentiels dauphins

Dans une dernière interview à Rfi, le président Boni Yayi évoque officiellement pour la première fois sa succession. Et puis, vendredi dernier alors qu’il visitait la Caisse autonome d’amortissement (Caa), il cite, sans trop de conviction, des hommes qui pourraient prétendre à le remplacer. Mais pour les trois noms cités, on peut bien douter de la sincérité des propos du Chef de l’Etat.

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Depuis les dernières élections législatives, Boni Yayi semble bien s’assagir. Ses propos va-t-en guerre, ses invectives contre la classe politique et ses sorties intempestives se sont raréfiés. On l’entend moins parler des projets qui fâchent comme la révision de la constitution. De même, pour donner des gages sur son départ en 2016, il ose parler de sa succession. Lors d’une dernière interview sur Rfi il parle de sa succession et clarifie qu’il n’a pas de dauphin. Quelques jours plus tard, alors qu’il faisait une tournée à la Caa et au port, Boni Yayi cite sans trop de conviction trois noms. Il s’agit de son nouveau premier ministre Lionel Zinsou, Pascal Irénée Koupaki et le vice premier ministre François Abiola. Sans dire qu’ils font partie de ses potentiels dauphins, il affirme qu’ils ont les qualités pour prétendre à le remplacer. Ces trois personnes ont été ses collaborateurs. Pascal Irénée Koupaki a travaillé avec lui pendant plus de sept ans avant d’être remercié. François Abiola est toujours à ses côtés et apparaît aux yeux de beaucoup comme un de ses plus fidèles collaborateurs. Enfin ; nommé il y a quelques jours Lionel Zinsou est aujourd’hui l’attraction. Nommé le jeudi dernier comme premier ministre, il a à peine dix mois de collaboration avec Yayi. Koupaki et Abiola ont travaillé à Dakar alors que Lionel Zinsou est un pur produit de la France. Les trois ne viennent pas de la classe des hommes politiques traditionnels qui ont acquis d’expériences pendant des années. En dehors de François qui a commencé à faire la politique juste en 2006, les deux autres ont côtoyé les hommes politiques sans en être cela. Ces choix s’ils étaient sincères montrent bien la haine de Yayi pour les hommes politiques surtout ceux qui l’ont aidé à prendre le pouvoir en 2006.

Pourquoi se méfier d’être le dauphin de Yayi

Sur la citation des trois hommes qui risquent de le remplacer, Yayi a semblé jouer à la ruse. Et pour cause, tout porte à croire que les noms cités ne font pas les « vrais potentiels dauphins ». D’abord, il faut noter que le désamour s’installe entre Yayi et son peuple. D’ailleurs les dernières élections législatives l’ont prouvé avec la réduction du nombre des votants pour sa liste Fcbe. Ce désamour est renforcé par un isolement politique de la famille politique du Chef de l’Etat par les autres forces politiques du pays. Dans un tel contexte, le dauphin de Boni Yayi pourrait être bien sanctionné lors de l’élection car beaucoup parmi les votants prendraient ce dauphin comme celui qui veut perpétuer la gouvernance scandaleuse du président Yayi. Ce premier handicap du potentiel est doublé par un autre qui concerne spécifiquement les trois personnes citées. En effet, pendant ces neuf ans de pouvoir, Yayi a travaillé pour renforcer le clivage nord-sud. Plusieurs de ses discours qui ont enflammé le pays incitent presque à la partition du pays. On s’étonne que parmi ces trois, il n’y ait personne du septentrion. Koupaki est originaire de Ouidah. Lionel Zinsou de Savalou et Abiola de Sakété. Lors des dernières élections législatives, le sud du Bénin a voté majoritairement pour l’opposition. Ce qui explique que les Fcbe aient perdu beaucoup parmi leurs députés du sud. Dans un tel contexte, il est clair que l’un de ses trois candidats, s’il devenait le dauphin, ne pourra pas bénéficier du soutien du grand nombre puisque Yayi a perdu du terrain au sud. Or, il n’est pas évident que celui-ci puisse bénéficier du soutien des électeurs du septentrion vu que Boni Yayi lui-même a travaillé tout le temps pour renforcer le régionalisme et le vote identitaire. Si l’un des trois est candidat il ne pourra capter assez de voix au sud où les partis de l’opposition règnent en maîtres. Ne pouvant avoir d’importants suffrages au nord, il ne pourra non plus l’avoir au nord où le vote identitaire renforcé par la politique de Yayi est le plus pratiqué. Tout donne l’impression que Yayi, en habile politicien clignote à gauche alors qu’il veut tourner à droite

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