A moins de dix mois de la fin de son deuxième et ultime mandat, Boni Yayi vient de frapper ce qui peut apparaître à première vue comme un grand coup : nommer le Franco-Béninois Lionel Zinsou, un financier de renommée internationale comme premier Ministre.
Une nomination dont La nouvelle Tribune a eu la primeur et annoncée en manchette dans le numéro 3044 du vendredi 12 Juin dernier. Hier soir, sur le plateau de la télévision de service public, le Secrétaire général du gouvernement s’est longuement épanché sur les qualités de l’illustre inconnu dans le microcosme politique béninois pour déclarer qu’il a contribué à la préparation du dernier sommet France-Afrique et à la fameuse Table ronde de Paris avant de conclure, pince-sans-rire, qu’il va aider à concrétiser les promesses des bailleurs de fonds présents à la table ronde de Paris. Plus d’un an après les fameuses assises de Paris et à moins de dix mois de la fin d’un mandat de dix ans. Et nous y voilà !
Boni Yayi qui vient de sortir complètement affaibli des dernières législatives après une débauche sans précédent de moyens financiers n’a qu’un souci : redorer son blason terni par neuf ans de gouvernance plutôt brouillonne sur fond de populisme puéril de régionalisme primaire et de clientélisme débridé. Dix ans à briser le tissu économique de notre pays dont des pans entiers ont été bradés aux intérêts français et à mener une guerre sans merci aux opérateurs économiques nationaux. La nomination de Lionel Zinsou apparaît alors sous son vrai jour, comme une diversion au double sens d’amusement et de détournement des Béninois des vrais problèmes du pays. De deux choses l’une : ou bien le président Yayi prend les Béninois pour des demeurés qui prennent des vessies pour des lanternes ou bien il a décidé tel un comédien qui s’apprête à quitter la scène de nous faire rire pour la dernière fois avec des nominations fantaisistes à caractère clientéliste. Sinon, comment Boni Yayi pense nous faire avaler la pilule d’un gouvernement pléthorique composé pour la plupart de nains politiques et d’éclopés qui ne représentent que leurs propres ombres ?
Les dix prochains mois d’avant la fin fatidique de son mandat, Boni Yayi voudrait que les Béninois les passent à s’extasier sur le profil prétendument exceptionnel du nouvel « oiseau rare » frais émoulu de la grande métropole, et éventuellement de passer le plus clair de leur temps à s’interroger sur les chances probables de l’illustre banquier aux présidentielles de 2016. Le temps d’oublier les neuf ans d’une gouvernance erratique peuplée de scandales retentissants comme Icc-services, Cen-sad et autres Ppea2.Peine perdue !
Il sautera bientôt aux yeux de tous les Béninois que ce qui est présenté comme un grand coup de tonnerre dans un ciel serein n’est à l’évidence qu’un grand coup d’épée dans l’eau car les gouvernements de Yayi se suivent et se ressemblent : pléthore et erreur de casting. Ainsi, un ou deux ministres sortent du lot, les autres sont des…’’Gbègonnou’’, bouche-trous dont la seule présence est d’amuser la galerie ou de régler des comptes à des adversaires politiques perçus comme des ennemis à réduire au silence. Circulez, il n’y a rien à y voir!
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