Nomination de Lionel Zinsou : Yayi sort son dernier joker

Comme l’annonçait La Nouvelle Tribune dans sa parution du 12 juin dernier, Yayi vient de réussir la première phase de son plan de fin de règne : nommer le franco- béninois Lionel Zinsou comme premier ministre. Désormais il peut se frotter les mains.

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Il a trouvé une bonne échappatoire pour s’absoudre des errances de sa gouvernance pendant ces deux quinquennats. Grand par son physique- il mesure près de 2 m – que par sa carte de visite, Lionel Zinsou, le banquier franco- béninois, ancien de la banque Rostchild vient d’être nommé premier ministre béninois. C’est la deuxième fois que Yayi fait recours à un tel poste dans son gouvernement après l’expérience de Pascal Irénée Koupaki. Et comme on peut bien le constater le Chef de l’Etat montre qu’il est si friand des banquiers. Lionel Zinsou en est aussi un. Né en France d’un père béninois, professeur agrégé de cardiologie, neveu du président Emile- Derlin Zinsou, il a fait de brillantes études avant de devenir un banquier prospère, réputé et qui a ses entrées dans les milieux politico-économiques français. En un mot, c’est un produit fini de la finance internationale très côté à Paris qui descend à Cotonou pour aller à la primature sise aux encablures du lycée français Montaigne où il ne pourra se contenter que de modestes bureaux presque abandonnés après le départ de Koupaki du gouvernement. Sauf que, pour séduire son joker et le mettre à l’aise Yayi peut bien lui trouver des bureaux plus douillets à la Marina ou dans une autre grosse bâtisse de la ville. Entre Yayi et Zinsou c’est une vieille histoire. Aussitôt élu président de la république, Yayi a fait de lui un de ses conseillers spéciaux avec résidence à Paris mais un passeport diplomatique et plusieurs autres avantages. Avec l’arrivée de Lionel au gouvernement, Yayi vise l’objectif de capter les mannes financières internationales qui se raréfient par ici depuis que plusieurs bailleurs de fonds ont commencé à barrer de leurs tablettes la destination Bénin. C’est d’ailleurs dans ce domaine que Lionel Zinsou excelle bien et Yayi doit bien se réjouir par rapport à cela. Et comme l’a confirmé le secrétaire général du gouvernement Alassane Tigri sur le plateau de l’Ortb, sa présence au gouvernement va permettre de faire bouger un peu les potentiels bailleurs de fonds des projets de la Table Ronde de Paris qui commençaient à traîner les pas pour honorer leurs engagements.

Lionel Zinsou envoyé à l’abattoir

Avec ce gouvernement, on peut affirmer sans se tromper que Zinsou n’aura pas la tâche facile. Très déconnecté des réalités béninoises et peu au fait des méandres de la béninoiserie et des vices de l’administration béninoise, il est évident qu’il ne réussisse pas une fois au gouvernement surtout qu’il doit gérer en tant que Premier ministre un panier à crabes avec des ministres de tout acabit venus de partout. Mais là n’est pas le problème de Boni Yayi. A moins de dix mois de la fin de son mandat, affaibli par la fréquence des scandales, Yayi a le souci de trouver une personnalité forte qu’il va utiliser comme bouclier pour se mettre un peu à l’abri des coups qu’il va recevoir en cette fin de mandat. Et Lionel Zinsou est cette personne là. Yayi va lui confier les plus grands dossiers de l’Etat et se mettre un peu en recul. C’est d’ailleurs lui qui va diriger les conseils des ministres, comme l’a précisé le Sg du gouvernement Alassane Tigri. L’astuce est bien trouvée. La présence de Lionel Zinsou au gouvernement suffit à Yayi pour s’absoudre de ses nombreuses errances gouvernementales. En effet, Yayi qui se plaisait à dire tout le temps qu’il ne savait rien des nombreux scandales et affaires sulfureuses qui ont secoué aura désormais un autre chorus. « C’est mon premier ministre qui a la charge de ce dossier » ou « c’est à lui que j’ai confié ce dossier ». Lionel Zinsou a le dos larges pour supporter tous les péchés de ce régime. Si on confie tout à Lionel, il suffira juste à Yayi de dire partout « c’est mon premier ministre… », une aubaine pour s’absoudre de toutes les turpitudes commises avant son arrivée au gouvernement et pour avoir une fin de mandat tranquille. Qui est bête ? Le nouveau premier ministre quant à lui utilisera son titre pour mieux raffermir ses relations et ses projets dans le monde des finances internationales. Premier ministre même dans une petite république d’Afrique vaut mieux que simple citoyen français, fut-on banquier bien connu à l’Elysée. Etre roi à Athènes vaut mieux que prince à Rome.

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