La honteuse « escale » cotonoise de Hollande

Diantre ! Qu’il doit bien regretter son triomphalisme diplomatique du 09 juin dernier à Paris. A peine reçu par son homologue français François Hollande, le président Boni Yayi s’enorgueillissait sur le perron de l’Elysée d’avoir reçu un exploit diplomatique, celui d’amener ici, en terre béninoise un président français en visite officielle.

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Obnubilé par le souci d’être le premier à faire quelque chose pour la première fois dans l’histoire de notre pays, il s’était empressé de dire avoir décroché une visite officielle d’un Chef de l’Etat de la toute puissante France, la mère patrie. On s’en était félicité dans les sérails du pouvoir et dans les discours des partisans et courtisans zélés en quête d’opportunités pour louanger le chef « toujours premier dans tout ». Car, en vérité, l’allégation présidentielle, mise sous les boisseaux dans les milieux diplomatiques français, n’avait rien de vrai. Et n’eût été la précipitation, Yayi pouvait bien l’éviter. Un rapide recours aux renseignements, aux annales diplomatiques ou une prompte recherche documentaire pouvait bien l’aider à savoir que du 15 au 17 janvier 1983 François Mitterrand était en visite officielle au Bénin avec son épouse Danielle. Cette dernière, fille d’un ex-gouverneur de la colonie dahoméenne avait même fait un tour à Porto- Novo, sa ville natale pour se ressourcer. Il pouvait aussi savoir que dans le cadre du sommet de la Francophonie, son successeur Jacques Chirac était aussi à Cotonou du 1er au 03 décembre 1995. Mais le regret de Boni Yayi sera plus grand s’il fait un peu attention au temps de séjour de ces présidents français au Bénin. Quarante huit heures pour Mitterand, idem pour Chirac lors du sommet de la francophonie.

Bien loin des 16 heures que Hollande décide de consacrer au Bénin. En effet, venu à Cotonou nuitamment hier à 23h 55 – près de 00h- il doit repartir ce jour à 15heures, soit moins de 24 heures. Ceci est bien loin des 48 heures de visite annoncée ici a hue et a dia. Et ce n’est pas tout. La coupe servie aux Béninois par Hollande sera amère. Le programme annoncé au départ sera abrégé. Plus de Hollande au Palais des gouverneurs à Porto -Novo pour s’adresser aux députés. Ceux-ci devraient se déplacer à Cotonou pour écouter le souverain colonisateur. La raison agitée c’est que la visite sur la capitale béninoise n’offre aucune garantie de sécurité, ni de propreté pour accueillir Hollande. Cette raison paraît bien curieuse car si la France peut craindre des attaques ciblées de Boko Haram –qui poursuit sa folie meurtrière de l’autre côté de la frontière – contre le cortège de son président, peut-on croire un instant qu’elle est incapable d’assurer en tant que puissance militaire la sécurité de son président ici et que les services de sécurité béninoise le sont aussi ? Boni Yayi ne peut-il pas mettre à sa disposition un de ses deux véhicules blindés achetés à prix d’or il y a quelques années pour l’amener à Porto- Novo ? Cette raison est donc difficile à accepter comme d’ailleurs celle de la propreté. Si Hollande ne craint pas Ebola, il lui est loisible en tant que président de la patrie colonisatrice de demander à son homologue béninois de dépêcher tous les services de nettoyage du Bénin pour nettoyer la ville. Et ce dernier ne s’y dérobera point, lui qui a besoin tant de la France pour ses deals politiques pour 2016. Sur cette visite donc, on aura passé de jour à la nuit avec des modifications de programme peu honorables pour le Bénin. Si ce n’est pas Yayi qui a surfait l’importance et le temps de cette visite, c’est que la France a bien décidé de nous ridiculiser. Cette France si dure avec nous. A chaque fois qu’on veut l’honorer, elle vous déshonore. Elle n’est jamais constante dans ses sentiments africains. Houphouét Boigny, ce grand homme de la Françafrique désabusé de n’avoir jamais pu sceller son mariage avec elle, avait fini par dire : « la France m’a abandonné sur le parvis de l’église avec mes fleurs fanées » .

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