Quand Lionel Zinsou troque veste et cravate contre le traditionnel

Etranger dans son propre pays, le franco-béninois Lionel  Zinsou actuel premier ministre  du Bénin à qui certains dénient ses racines béninoises pour sa peau métissée-claire,  donne une réponse à tout le moins laconique dans ses choix vestimentaires de plus en plus orientés vers le traditionnel

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« Quel que soit le nombre d’années passées dans le marigot, un tronc d’arbre ne peut se transformer en crocodile » enseigne la sagesse africaine. Lionel Zinsou, le premier ministre « Yovo » comme le disent les Zémidjans (conducteurs de taxi-moto  au Bénin), a assurément le souci de faire comprendre aux Béninois qu’il est et demeure un des leurs. On le voit de plus en plus habillé en mode traditionnel. Dans une dynamique inavouée de rapprochement avec ses racines béninoises, le grand financier col blanc, ouvrier des finances françaises et, pour certains, architecte d’un plan français pour la reconquête de l’Afrique délaisse ses vestes pour s’afficher presque partout dans des tenues locales en basin. Le géant ministre qui dépasse de loin le président  Boni Yayi en taille, s’endimanche fièrement avec des complets de bomba manches longues soigneusement brodés. Vendredi dernier à la cérémonie d’ouverture provisoire du pont de Fifadji, le premier ministre est apparu dans un basin bleu aménagé d’une broderie ceinturant son cou et descendant  à la limite de la cage thoracique.  La veille, jeudi 01er juillet, c’est dans un basin blanc cousu sur un modèle similaire qu’il a raccompagné François Hollande le président français à l’aéroport international cardinal Bernadin Gantin de Cotonou au terme de son escale béninoise dans le cadre de sa mini-tournée africaine.

Déjà « Dah Zinsou » !

A peine deux semaines au Bénin, le premier ministre s’est déjà auto-trouvé un titre honorifique local. Il se fait appeler « Dah Zinsou ». Du moins, c’est ce qui se lit sur le bonnet qu’il portait ce vendredi à l’Assemblée nationale. « Dah », en milieu fon au Bénin, est un titre honorifique pour désigner des dignitaires, des notables, des chefs de collectivités ou toute autre personne qui jouit d’une position sociale importante. Le premier ministre qui portait le bomba surmonté d’un « Jarab », un manteau traditionnel sans manches connu chez les Yorouba de la capitale Porto-Novo, ne pouvait choisir mieux à côté du chef du parlement béninois, le président Adrien Houngbédji qui était lui dans un Agbada blanc et son Gobi, le chapeau des Porto-noviens. Et comme lui, les deux vice-présidents de l’Assemblée nationale l’He Eric Houndété et le Général Robert Gbian étaient habillés en mode pagne africain.

Une identité revendiquée

Cette identité qu’il revendique visiblement dans un langage sémiologique du pagne, le premier ministre Lionel Zinsou l’avait déjà clairement notifiée. Au lendemain de sa nomination, il a déclaré à la presse qu’il est issu d’une « longue lignée des Zinsou », la famille de l’ancien président Emile Derlin Zinsou, son oncle. Une explication que certains jugent superflue et assimilent à un acte délibéré dans le but de faire taire les critiques sur son phénotype franco-béninois.

Un message voilé

Bien que voilé, il transparaît dans cette métamorphose vestimentaire de Lionel Zinsou, un message fort qui corrobore les rumeurs sur l’intention du chef de l’Etat à faire de lui l’homme de 2016. Des sociologues avertis savent qu’en Afrique et particulièrement au Bénin, le style vestimentaire véhicule un message. Et  c’est le code linguistique que le franco-béninois Lionel Zinsou semble avoir choisi pour s’adresser à ses compatriotes qu’il devra mieux convaincre à moins de dix mois de la présidentielle de 2016 si  tant est qu’il aspire au fauteuil qu’occupe actuellement Boni Yayi.

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