A six mois du prochain scrutin présidentiel, aucune grande formation politique n’a encore désigné, ni véritablement mis en avant ses potentiels candidats. De la mouvance à l’opposition, le constat est le même. La classe politique fait preuve de nonchalance à propos du débat sur la présidentielle.
28 février 2016 ; à cette date, les électeurs béninois iront aux urnes dans le cadre du premier tour de la sixième élection présidentielle de l’ère du renouveau démocratique. Le scrutin, dont le second tour est prévu pour le 13 mars, devra déboucher sur le choix du successeur du président Boni Yayi, qui boucle ses deux mandats constitutionnels à la tête du Bénin le 05 avril 2016. Après les élections législatives du 26 avril et les locales, communales et municipales du 28 juin, le Bénin se met progressivement en mode présidentiel. Et pour le moment, les grandes alliances politiques sont les absents du débat public sur la prochaine présidentielle. En effet, à six mois du scrutin, aucune des grandes alliances ni partis politiques béninois n’a encore désigné son candidat. Jusque-là, dans certaines formations politiques, aucune personnalité n’est vraiment mise en avant. Des Fcbe à l’Union fait la Nation (Un) en passant par le Parti du Renouveau démocratique(Prd), les alliances And, Soleil et Fdu, le constat est le même. Tout se passe comme si les grands partis qui animent la vie politique depuis deux décennies au moins, et les alliances nées récemment ne prendront pas part au scrutin du 28 février prochain. Selon plusieurs témoignages, des discussions et tractations entre formations politiques se mènent dans l’ombre. Les choses devraient aller à une vitesse de croisière dans les prochaines semaines. Pourtant, il y a cinq ans, à pareil moment, la fièvre présidentielle était déjà présente. En août 2010, tous les candidats ‘’poids lourds’’ étaient déjà connus. Adrien Houngbédji a été désigné candidat unique de l’Union fait la Nation dans la nuit du 08 au 09 avril 2010. Tout le monde savait que Bio Tchané serait dans la course. Pour Boni Yayi, la machine pour sa réélection avait déjà été mise en branle. Le débat présidentiel se menait sur fond de la polémique Lépi.
Les apolitiques s’imposent
Concernant la présidentielle, les formations politiques ont laissé un vide dans l’opinion publique. La nature ayant horreur du vide, les présidentiables non politiques en profitent pour faire leur show. Il y a plusieurs mois, c’était le Général Robert Gbian. Déjà en 2014, il était le présidentiable le plus présent dans l’opinion publique. Mais depuis son élection à l’Assemblée Nationale, l’intendant militaire à la retraite est visiblement en stand-by. Le relais est pris par l’autre Général en lice, Fernand Amoussou. L’ancien chef d’Etat-major général de l’armée béninoise, multiplie les descentes médiatisées sur le terrain. Ses ambitions présidentielles sont claires. Et ces derniers mois, il ne se passe de semaine sans que les medias ne parlent de ses activités.
Attentisme….
Dans les états-majors des partis politiques, on explique ce retard dans l’occupation de l’opinion pour la présidentielle par les Législatives et les Locales et Communales. En effet, depuis le renouveau démocratique, c’est la première fois que l’année de la présidentielle est précédée par celle des législatives et des communales. Les formations politiques devraient donc gérer ces deux élections et capitaliser des acquis avant de se lancer dans la course pour la présidentielle. Avant cela, il y a eu les tractations et la bataille pour la correction de la Lépi puis la mise en place de la Commission électorale nationale autonome (Cena). Mais en plus de ces raisons, l’ensemble de la classe politique joue la carte de l’attentisme. La prochaine présidentielle est une équation à plusieurs inconnues. Et dans le jeu, il y a un certain Patrice Talon dont la probable candidature brouille les cartes. On apprend même que certains présidentiables pourraient désister au profit du magnat du coton. Selon des indiscrétions, l’ancien bras financier de Boni Yayi, devenu son ennemi, rentre au Bénin, de son exil parisien, la semaine prochaine.
L’on aura une idée plus claire de ses ambitions. Et cela fera sans doute bouger les lignes du débat pour la présidentielle, y compris dans les grandes formations politiques