2016 : Bénin, de la démocratie vers l’oligarchie et l’aristocratie

L’échéance présidentielle de 2016 déchaîne déjà les passions au Bénin. A six mois de l’élection du successeur de Boni Yayi, le pays est déjà sous l’emprise de la fièvre électorale avec des déclarations tous azimuts de candidatures, de soutiens ou d’appels à la candidature de telle ou telle autre « personnalité » si on veut concéder complaisamment que les prétendants à la magistrature suprême ont véritablement une « personnalité ».

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La nouvelle donne, loin d’être celle d’un oiseau rare, venu d’une institution huppée ou d’envergure planétaire comme ce fut le cas pour le décevant Boni Yayi, est l’entrée en scène des riches hommes d’affaires du pays. Talon, Adjavon pour ne citer que les deux têtes d’affiches derrière qui s’aligneraient d’autres, ils incarnent un totalitarisme pécuniaire qui menace de s’abattre sur le pays.

Les signes du totalitarisme pécuniaire

Ce qui se passe à six mois de la présidentielle est déconcertant et affligeant. L’arrivée annoncée des milliardaires dans la course semble avoir tétanisé les formations politiques qui clamaient qu’il faut que le prochain président soit un homme politique rompu à la tâche au Bénin. Aucun parti politique ou alliance de partis politiques ne parle d’un éventuel candidat de leurs seins.

A l’exception de l’Alliance Abt du candidat Abdoulaye Bio Tchané, les Alliances de circonstance qui s’étaient formées pour les législatives dont l’Alliance Soleil, l’And, le Fdu de l’ancien président de l’Assemblée nationale Mathurin Coffi Nago, l’Union fait la Nation et l’alliance Fcbe au pouvoir ne parlent pas encore d’une candidature.

Situation atténuante, cependant pour l’UN, la principale Alliance d’opposition qui se prépare dit-on, à révéler une candidature unique malgré le combat médiatique de gladiateurs qui se fait entre les deux prétendants à ladite candidature unique. Cette impuissance des formations politiques à se décider, révèle qu’elles étaient à la solde des richissimes hommes d’affaires animés par l’ambition de prendre le contrôle de l’Etat. Si les hommes politiques semblent donner raison aux accablantes critiques faisant d’eux des marionnettes –allusion faite à l’allégorie des télécommandes du président Adrien Houngbédji-, c’est la jeunesse toujours « trompée » par les promesses électorales qui affiche une fois encore sa naïveté ahurissante. Sur le terrain, on retrouve de plus en plus de mouvements jadis inconnus de jeunes, disant avoir trouvé en tel ou tel autre homme d’affaires ou opérateur économique, l’homme idéal pour prendre les rênes du pays à partir de 2016.

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Soit !, la liberté d’association, de penser, de choix ou quoi encore est à tous donnée. Sauf qu’il faut se demander si l’usage qui en est fait est de nature à la sauvegarder. Se demande-t-on ce qu’il adviendra quand on aura tout cédé pour l’argent ? A ne pas s’y tromper, au Bénin, de tels mouvements sont généralement suscités et financés par les bénéficiaires ou leurs courtisans.

La conséquence d’une jeunesse à conscience vendue est sans doute une inexorable descente de la société aux enfers. En dehors du cas des jeunes qui peuvent avoir l’excuse d’être sous l’emprise des passions de l’âme, il y a les fameuses têtes couronnées. Les rois sans étoffe qui peuplent le pays sèment l’illusion dans les esprits avec les liaisons incestueuses qu’ils entretiennent avec la classe politique au biberon d’hommes d’affaires. Rendus mercantilistes par le régime finissant de Boni Yayi, les rois sont désormais une cible privilégiée des milliardaires arrivés pour prendre en otage le pays. Leurs thuriféraires passent de palais en palais, pour ceux d’entre eux qui en ont, à la recherche de soutiens.

Et quand la classe politique, la jeunesse et les gardiens de la tradition auront fini de liquider le pays, il s’en suivra que le Bénin passera de la démocratie à l’oligarchie et l’aristocratie. Les hommes d’affaires autrefois dans l’ombre, se livreront sans vergogne à des guerres de contrôles du pouvoir jusqu’à, sauf miracle, imploser le pays. Apocalyptique peut-être.

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