Choix du candidat unique des Fcbe: une mission laborieuse pour Boni Yayi

A six mois de la présidentielle, les Fcbe, l’alliance au pouvoir depuis 2006 est à la recherche d’un candidat pour porter ses couleurs. Au regard des velléités affichées ça et là et des querelles byzantines au sein du groupe, Boni Yayi a fort à faire pour trouver le bon pion : un successeur « docile » et un candidat consensuel.  

C’est à un véritable jeu de poker que Yayi joue pour la présidentielle de 2016. Il doit miser gros et ne doit pas lésiner sur les moyens pour que le prochain président de la république soit un de ses lieutenants. Cette mission s’annonce difficile au regard du contexte politique actuel peu lisible et des difficultés inhérentes à la nébuleuse Fcbe. D’ailleurs il sait bien que la tâche ne sera pas facile au point de dire à certains de ses proches collaborateurs qu’il s’occupera personnellement de la campagne dans les cinq départements du nord que sont les Collines, l’Atacora, la Donga, le Borgou et l’Alibori. Face à la hargne et la détermination des forces politiques de l’opposition déterminées à prendre le pouvoir, Boni Yayi décide d’opter pour le choix d’un candidat unique derrière lequel vont se mobiliser le reste. Mais cette option a eu l’effet contraire à ce qu’il escomptait. En effet, une fois que cette option a été agitée, plusieurs faucons de l’alliance se sont affranchis pour annoncer leurs candidatures. Il s’agit de Soumanou Toléba, conseiller technique du Chef de l’Etat, de Philippe Aboumon son cousin et de Chabi Sika qui avait pris ses distances avec le président depuis qu’il l’a évincé de la liste Fcbe pour les élections législatives passées. Beaucoup d’autres, bien qu’ils ne soient pas candidats, prennent leurs distances avec l’alliance pour mieux se repositionner sur l’échiquier politique. Il s’agit par exemple de Jean- Michel Abimbola qui, de plus en plus, s’identifie à son Rnd originel que les Fcbe. C’est donc avec cette famille politique aussi instable avec des entrées (comme celle probable du député Nazaire Sado, le néo transfuge de la Rb) et des sorties que Boni Yayi veut atteindre son objectif de conserver le pouvoir dans son coin. Mission donc difficile surtout qu’au sein de ceux qui sont restés fidèles, il y a une forte cacophonie des ambitions.

Le dilemme !

Le choix du candidat unique s’annonce assez laborieux pour Boni Yayi. Qui sera-t-il entre Komi Koutché, François Abiola, Lionel Zinsou ? Ou bien Barthélemy Kassa ou Nassirou Bako Arifari ou même Pascal Irénée Koupaki soutenu par une frange des faucons de l’alliance. C’est face à ce dilemme que Boni Yayi se trouve actuellement. D’abord il a du mal à trouver les critères pour le choix de ce candidat unique.  Sera-t-il un homme politique, un technocrate chevronné, un proche collaborateur ou un homme politique indépendant. Parmi eux tous, le ministre des finances est celui qui s’agite le plus. Faute peut- être à son jeune âge. S’il y a une candidature que Yayi doit le plus vite classer c’est celle- là. Et pour cause, il y a ce flou artistique autour de l’âge de ce candidat et aucun homme politique conséquent envers lui-même ne peut prendre le risque de miser sur une candidature que la Cour constitutionnelle peut rejeter. En plus, son échec au poste de président de l’Assemblée en dépit des efforts personnels de Yayi est symptomatique d’un rejet de sa personnalité par les faucons du régime. En outre, Koutché apparaît comme un jeune poussé par ses seules ambitions et peut-être demain, peut lui tourner casaque s’il devient président de la république. François Abiola passe pour undes plus proches de Boni Yayi. Ami de vieille date du président, il peut se targuer d’être à la fois un technocrate et un homme politique élu pour la troisième fois député. Professeur titulaire, il a travaillé avec abnégation et professionnalisme et c’est ce qui explique le fait qu’il gère le ministère de l’enseignement supérieur avec beaucoup de réussite. Même si on lui reproche parfois son manque de charisme, il passe pour l’un des meilleures gâchettes du président Yayi à qui il a été fidèle depuis des années. Mais il a un autre atout qui risque de peser fort dans la balance. A cause se son âge (65 ans), il sera un bon candidat de transition, un concept très prisé actuellement par beaucoup de formations politiques. Quid de Lionel Zinsou ? Avec sa carte de visite impressionnante il n’a pas réussi son intégration politique. Déconnecté des réalités politiques du pays, son choix risque d’essuyer une grande contestation à l’interne. Face à ce vide, certaines personnes pensent à Koupaki, un technocrate de haut vol mais qui malheureusement passe pour un apolitique endurci.  Kassa est, quant à lui handicapé par son implication  dans le dossier Ppea 2. Dans sa recherche d’un candidat unique, Yayi est fortement confronté aux arguments régionalistes. Zinsou, Abiola et Koupaki pourraient être contestés par les faucons Fcbe du nord s’ils étaient désignés. Or, c’est dans cette région que les Fcbe ont toujours obtenu le plus gros lot de leurs votes. Si le candidat vient de la partie méridionale du pays, sera-t-il soutenu en haut ? C’est pourquoi ce choix est si difficile à faire pour le Chef de l’Etat. Il doit se méfier d’un choix qui va accentuer la dispersion de sa mouvance. Il a initié les concertations départementales des cadres pour analyser ces candidatures. Cette approche aussi pêche par son caractère parcellaire mais Yayi non seulement cherche un bon candidat mais un successeur docile en vue de protéger ses arrières. Va-t-il  gagner ce pari ?

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