Course au fauteuil présidentiel : Quand l’argent-dieu dicte sa loi

Nous voici au terme du mandat du troisième Président de l’ère du Renouveau Démocratique. L’expérience nous enseigne qu’il faut tirer les leçons du passé et  projeter l’avenir. Nous sommes dans l’effervescence de la préparation de cette échéance capitale pour le futur de notre cher et beau pays, le Bénin. Qui est qualifié ou qui ne remplit pas les conditions minimales pour prétendre à ce poste prestigieux ?

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Lorsque nous parcourons les points de presse faits sur les agitations  à la préparation de cette échéance, l’on est en droit de  s’interroger si notre peuple est suffisamment aguerri pour faire face avec responsabilité au choix qu’il doit accomplir ?  Il est vrai que dans notre pays, les périodes électorales  animées pour la plupart  par nos politiciens sans programme ni vision, deviennent une foire où tout se vend et s’achète.

Si non, comment comprendre que n’importe quel individu, n’importe quel citoyen  puisse oser postuler, uniquement parce qu’il dispose de moyens  financiers ou d’en acquérir par la conquête du pouvoir? Des personnalités ont volontairement réaffirmé leur participation active à tout ce qui a été perpétré comme actes graves et répréhensibles au cours de ces dix dernières années et dont la seule excuse valable est d’avoir eu des contractions personnelles circonstancielles, naturellement inhérentes à toute vie de groupe voire de couple (et non de vision).  A présent, ces mêmes personnalités  s’accordent le droit pour ne pas dire l’outrecuidance de se présenter devant le peuple béninois  vêtus de nouveaux habits  confectionnés sur mesure,  préoccupés de donner ainsi l’impression d’hommes nouveaux. N’est-ce pas là un remake ? La même pièce de théâtre revue et corrigée ?  Ne va-t-on pas nous revendre la même marchandise avariée en procédant simplement à un changement de l’agent  commercial qui en aura la charge ou à son reconditionnement?

En effet, le Béninois  est désormais réputé pour  son amour  immodéré de l’argent.  Si au Cameroun, c’est seulement la communauté Bamiléké qui est  dépositaire de cette réputation pour avoir développé ce  « flair »  du gain, au Bénin, c’est l’entièreté des populations toutes couches sociales confondues qui souffrent de ce mal.

Vous avez dit modèle ?

Tenez, le Président Boni Yayi a été élu sur la base d’une valise de prospérité qu’il n’a pas ouverte au cours de son premier quinquennat et qu’il n’a toujours pas ouverte au cours de ce mandat finissant. Cela n’interpelle personne et aucune conscience ne s’en émeut. Aujourd’hui, on nous fait courir pour acheter le secret de l’homme d’affaires qui a le mieux réussi au Bénin, comme si les secrets de succès se vendaient au marché Dantokpa ou sous d’autres cieux. Ce qui est renversant, est que personne parmi  les citoyens du « Quartier Latin de l’Afrique » pas même un universitaire, n’est intéressé  de comprendre la réalité de ce modèle de « réussite » afin de  s’assurer s’il s’agit bien d’un vrai modèle franc et honnête en un mot vertueux, qui n’abuse personne et qu’il est possible d’enseigner à qui veut apprendre.

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Encore une fois, ce qui est le moteur de cette course folle vers La Marina, c’est l’argent et encore l’argent malheureusement. Un adage de chez nous  enseigne bien pourtant, qu’on ne piétine jamais deux fois les testicules d’un aveugle. Cependant, c’est sans compter désormais avec l’attirance quasi magnétique des Béninois sans distinction de  couches sociales,  vers des mirages. Les têtes bien pensantes ne trouvent même pas inquiétant que la jeunesse qui, habituellement s’investit dans la défense de la cause de la justice et des grands idéaux nobles,  s’implique tout simplement comme tout le monde, dans la ruée vers l’ or .  

Nous aurions pu éprouver une relative consolation, si tous ces transports de masse et gesticulations étaient la résultante d’un diagnostic établi suite à une analyse politique objective des faits et actes ayant conduit à la situation de déconfiture actuelle que nous traversons et surtout faisait de notre pays le Bénin, le centre principal de toutes les préoccupations.

Bien au contraire, on nous fait avaler à coups de meeting et  de battages  médiatiques, que les Béninois ont déjà choisi, investi et soutiennent  des quatre coins du territoire national un super candidat,  sans aucune ligne idéologique et un  programme cohérent de  construction nationale.

Tous sans exception, sont prêts à faire malheureusement encore, le saut dans l’inconnu, malgré les expériences récentes dont ils ne se sont pas relevés.

Réveillons-nous …

Un peuple vit et respire par sa jeunesse. C’est elle qui exprime la vitalité sociale de la communauté nationale. C’est elle qui relève les erreurs commises par les aînés, qui soutient les faibles et les opprimés et qui fait corriger les injustices en dénonçant les abus des puissants. Mais il semble que dans la République du Bénin, cette espèce de jeunesse a disparu et a plutôt laissé la place à une jeunesse plus attirée par l’appât du gain facile ou attendant alors que les alouettes tombent rôties du ciel. Certains au nombre de cette jeunesse ne se gênent même pas pour lancer effrontément au visage de  leurs géniteurs qu’ils n’ont pas demandé à naître et subséquemment ont tous les droits quand bien même ils sont parfois des majeurs voire   des géniteurs ou pères de famille aussi.

Tout cela à mon humble avis, n’est qu’expressif d’un délitement moral et intellectuel de notre société.

Pour des gens qui crient à qui veut les entendre qu’ils viennent d’achever leur traversée du désert, ce qui se passe est trop gros pour ressembler à la réalité.

L’autre nous a considérés pendant près dix ans selon l’expression de l’oncle AGBAYA pour des Meuh !!….  Voici que celui qu’on nous annonce veut faire pire ;  lui veut tout simplement nous transformer en mouton de Panurge, ce qui n’est point meilleur.  Quel espoir y-a-t-il là chers compatriotes ?

En tout cas, c’est dramatique pour notre société nationale et il est temps de se réveiller, toi citoyenne indifférente, toi citoyen indifférent qui dort. Car, la patrie est réellement en danger et a besoin de tous ses enfants légitimes. Ne vas-tu répondre à l’appel de ton pays ? Vas-tu le regarder sombrer ? A qui imputeras-tu la responsabilité de cet échec de plus ?

Béninoises et Béninois, jeunesse de ce pays, nous devons nous lever comme un seul homme non seulement pour barrer la route à l’imposture mais pour véritablement prendre notre destin en main, en nous regardant franchement dans la glace et en rejetant résolument toute tromperie et toute facilité, d’où qu’elles viennent

Mohamed Ibrahim
Gestionnaire – Cotonou

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