Guinée : tensions après le premier tour des présidentielles

Les démons de la contestation ont repris du service en Guinée Conakry. A peine a-t-on eu le temps de féliciter le peuple guinéen pour son attitude exemplaire favorisant un déroulement sans heurt du vote de dimanche, que l’opposition s’empresse de contester les résultats non encore proclamés du premier tour de la présidentielle.

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Dans un schéma du « tous contre un », tous les 07 autres candidats se liguent contre le président sortant, Alpha Condé à qui ils attribuent des fraudes électorales. Il y a lieu de craindre pour la nation guinéenne qui a pourtant pris position pour la paix en déjouant tous les pronostics catastrophistes malgré les scènes de violences d’avant vote. En dépit du calme et la discipline qui ont caractérisé le scrutin de dimanche on ne peut pas perdre de vue le climat de tension potentiellement explosive qu’entretiennent les états-majors des huit candidats dans le cadre de cette présidentielle qui se veut historique pour la Guinée démocratique.

Dans ce contexte où le discours doit être mesuré pour ne pas mettre le feu aux poudres, appeler des partisans à descendre dans la rue pour réclamer l’annulation de l’élection comme le font Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et compagnie, peut être dangereux. Certes des irrégularités ont été relevées par endroits, mais selon des observateurs internationaux, ces couacs ne sont pas de nature à remettre en cause la crédibilité du scrutin. Aussi faut-il rappeler que le jeu démocratique veut qu’au lendemain d’un scrutin, les recours soient portés devant les juridictions habiletés à trancher les contentieux électoraux.

Une opposition braquée

Derrière les réactions des 07 candidats opposés à Alpha Condé, on s’aperçoit que l’opposition guinéenne s’est mis martel en tête et se méfie de tout. A la commission électorale nationale indépendante Céni chargée de l’organisation du scrutin, l’opposition reproche d’être à la solde du pouvoir. 

Il n’y a jamais de fumée sans feu. Toujours est-il que dans une certaine mesure, l’opposition en montant au créneau pour dénoncer d’éventuelles fraudes, est dans son rôle. Mais il faut pour cela de la méthode. Ce n’est qu’un secret de polichinelle, en Afrique entre pouvoir et opposant c’est toujours une relation de chien et chat. L’homme au pouvoir fait feu de tout bois pour y demeurer. Et quand l’opposition ne veille pas au grain, on peut assister à de surprenants K.O comme ce fut le cas au Bénin en 2011. L’opposition doit être éveillée sans pour autant réveiller les démons du chaos.

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La société civile interpellée

Dans un pays où la classe politique ne veut pas entendre raison, la société civile reste le seul rempart pour sauver les meubles de la démocratie. La société civile guinéenne doit se mettre résolument au-dessus de la mêlée et appeler les Guinéens à l’adoption d’attitudes citoyennes préservant l’unité nationale, la paix et consolidant la démocratie. Les leaders religieux qui s’y attèlent déjà doivent maintenir la veille, multiplier les discours d’apaisement pour neutraliser les élans incendiaires de politiciens véreux mus par le seul désir d’être ou de parvenir aux affaires par tous les moyens.

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