Congo Brazzaville: les Congolais dédaignent le référendum

Voulu par Sassou-Nguesso, le fameux référendum en République du Congo a enfin eu lieu dimanche 26 octobre. Sassou aura ainsi gagné le pari de la tenue de cette consultation électorale.

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Mais pas pour autant, les Congolais ont boudé les urnes. Le taux de participation est vraisemblablement très faible. De quoi dire que l’organisation du référendum aura accouché d’une grosse souris même si le « Oui » l’emportait. Et pour cause, ce référendum passe sans légitimité. Le président Dénis Sassou, triomphe ainsi sans gloire. Après trois décennies d’exercice du pouvoir, organiser un référendum sanctionné par l’antipathie des populations est incontestablement un grand revers que vient de connaître le chef de l’Etat congolais. Il n’y a donc plus à se casser la tête pour apprécier la tenue de ce référendum, c’est un échec cuisant pour le parti au pouvoir et ses alliés qui n’ont visiblement pas convaincu les Congolais sur la pertinence d’un référendum dont le but est de sauter les verrous constitutionnels de limitation du nombre de mandats et de l’âge limite de participation aux élections présidentielles en République du Congo.

Fourberie de Sassou

Le président congolais a parlé dimanche de son référendum. «  Nous voulons changer pour avoir une constitution d’avenir…» a laissé entendre le septagénaire Sassou Nguesso qui prenant les Congolais pour dupe, ajoute qu’il ne s’agit pas d’un référendum « parce que le président veut briguer de nouveaux mandats ». Le président congolais qui a plus d’un tour dans son sac fait savoir à ce sujet, que la question de son maintien au pouvoir « n’est pas à l’ordre du jour ». C’est bien la totale. Les deux principaux objectifs du référendum, à savoir, supprimer la disposition d’âge limite fixée à 70 ans et gommer celle fixant à deux le nombre maximal de mandat présidentiel, n’ont de raison que celle de lui permettre de se maintenir au pouvoir ad vitam aeternam. Cela, les Congolais le savent très bien.

Ambiguïté congolaise

Cette abstention des Congolais qui ne se sont pas massivement rendus aux urnes porte bien des messages qu’il convient de décoder. Au président Sassou, cela résonne comme un retentissant non à prendre au sérieux. C’est, peut-on dire, l’expression d’une envie de voir du nouveau à la tête du Congo. Aussi, ce dédain, est symptomatique d’une absence de pertinence dans ce projet de référendum. A l’envers de cette attitude abstentionniste, le peuple congolais laisse transparaître l’image d’un peuple timoré et indécis à l’antipode des Burkinabés qui ont vaillamment pris leur destin en main face à la forfaiture et au parjure qu’installait le régime Compaoré. On pourrait alors à juste titre se demander si le peuple congolais aspire-t-il véritablement au changement ? Veut-il d’une démocratie digne du nom ou d’un monarchisme déguisé en démocratie ?

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