Renforcer la coopération bénino-malienne pour plus d’opportunités économiques !

Le  phénomène migratoire est un sujet d’une brûlante actualité qui suscite beaucoup de  passion un peu partout dans le monde et particulièrement en Afrique. Cette passion provient pour une bonne part, de la charge émotive et de l’hyper médiatisation qui accompagne les vagues de jeunes africains, en provenance essentiellement de l’Afrique subsaharienne, qui montent avec une régularité suicidaire à l’assaut de l’Europe, laissant sur les plages du vieux continent un nombre impressionnant de victimes.

Publicité

Pour autant, ces flux en direction de l’Europe ne constituent qu’une part infime du total des migrations de la sous-région. En effet les migrations qui s’effectuent à l’intérieur de la région subsaharienne représentent pas moins de  90% du  total des migrations ouest africaines ; elles sont donc au moins sept fois supérieures aux migrations vers l’Europe. (Mobilité intra-régionale en Afrique de l’Ouest, OCDE )

L’origine des migrations internes à l’Afrique subsaharienne remonte très loin dans l’histoire. Elles sont étroitement  déterminées par les données géographiques qui marquent une fracture entre des zones humides et relativement sous peuplées(le Bénin par exemple) qui ont servi de déversoirs aux régions sahéliennes dont l’aridité a doté son peuplement d’une tradition migratoire éprouvée, cas du Mali.

Le Bénin et le Mali sont deux pays de l’Afrique de l’ouest qui appartiennent à la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et à l’Union Economique Monétaire Ouest Africaine (UEMOA). L’immigration entre les deux pays a de tout temps existé et dans les deux sens. Même si au fil du temps elle s’est faite à des proportions variées, elle a permis d’établir des échanges commerciaux entre les deux pays et de dynamiser les économies locales de chacun.

Avantages socio-économiques de la migration entre le Bénin et le Mali

Le Bénin enregistre une grande communauté de maliens sur son sol et ce, depuis l’époque où le pays était connu sous le nom de Dahomey. De tout temps, c’est le port et le commerce qui ont attiré et maintenu les maliens au pays de Béhanzin. Mais depuis quelques années, ceux en partance pour les pays d’Afrique Centrale (Angola, Guinée Equatoriale…) y séjournent. Certains, le temps d’avoir les documents nécessaires pour le voyage, d’autres, pour se refaire une santé financière avant de continuer. Les béninois du Mali sont présents dans des secteurs d’activités tels que l’hôtellerie, la restauration, dans le secteur de l’enseignement et de l’éducation et dans le monde des ONG. Selon des données du Consulat du Bénin au Mali qui date de 2009, plus de 13000 béninois étaient installés au Mali.

Publicité

L’axe Bamako-Cotonou attire de plus en plus de commerçants détaillants maliens et béninois. Les premiers sont spécialisés dans le bazin et les produits artisanauxquant aux seconds, ils se sont fait une réputation dans la pharmacopée et la médecine traditionnelle. En dépit des différences climatiques, les deux pays ont en commun la culture du coton, du riz, l’élevage ; des secteurs où le Mali arrive tant bien que mal à tirer son épingle du jeu.

D’ores et déjà le fait que ces deux pays ont le français comme langue officielle et comptent parmi leurs langues locales le peulh ou fulfulde sont des atouts qu’il faut capitaliser. Car, qui dit langue dit coutume, usages, valeurs. C’est dire que ces deux peuples ont énormément de choses en commun et cela malgré le fait qu’ils ne soient pas des pays mutuellement limitrophes. En effet, pour se rendre de l’un de ces pays à l’autre par la route, il faut au moins traverser soit le Niger ou le Burkina Faso. Sur le plan économique, ce sont de possible retombés aussi bien pour le Bénin et le Mali que pour le Burkina Faso et le Niger. Le développement des infrastructures et réseaux routiers et l’application des textes en matière de libre circulation dans l’espace CEDEAO continuent d’être les principaux freins au commerce intra régional.

Une longue tradition d’hospitalité

Le Mali et le Benin sont deux pays qui se sont toujours montrés favorables à l’accueil de populations étrangères sur leur sol et ont toujours milité pour l’intégration des peuples en Afrique et cela en dépit du fait que les mouvements migratoires sont dans bien des cas porteurs de germes « conflictogènes » résultant de façon plus ou moins directe de la rencontre  entre  migrants et populations autochtones. En effet, l’arrivée de migrants se traduit par une forte pression sur les ressources foncières, économiques et sur les emplois. Toutes choses qui dans un contexte de pauvreté et de lutte pour la survie au quotidien peut générer des conflits  entre étrangers et nationaux. Fort heureusement, les rapports entre les maliens et les béninois, au Mali ou au bénin ont toujours été au beau fixe. Le contingent béninois déployé au Mali dans le cadre de la MINUSMA, le prouve à suffisance.

En dépit du fait que les Etats subsahariens semblent ramer à contrecourant des engagements pris dans le cadre de la CEDEAO et de l’UEMOA à travers les politiques migratoires restrictives qu’ils mettent en place, ces mouvements de populations et les échanges commerciaux qui existent entre ces deux pays sont un puissant facteur d’intégration des populations par le bas et constituent de ce fait des remparts solides susceptibles de minorer les conséquences négatives du repli identitaire et de la xénophobie qui sévissent dans la sous-région.

Recommandations

Les organismes internationaux et les gouvernements ayant la responsabilité de mettre en œuvre les politiques de développement dans l’espace CEDEAO se doivent de focaliser leur attention sur les impératifs qui permettront aux pays de la sous-région de pouvoir exprimer réellement leur potentiel économique. Il s’agit en l’occurrence de :

  • décomplexer la libre circulation des biens et personnes en priorisant une approche par le bas ;
  • favoriser le développement de lignes ferroviaires qui connecteront les capitales sous régionales ;
  • mettre en place des mécanismes efficaces de collecte de données qui permettront aux pays d’avoir une idée plus claire des flux migratoires ;
  • remettre les échanges commerciaux au cœur des coopérations multilatérales entre les pays de la CEDEAO.

Ally Diallo (IMANI Francophone)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité