Lionel Zinsou, un ballon d’essai vite dégonflé

Requinqué par sa dernière interview à la télévision nationale puis une folle rumeur qui annonce le soutien du président de la république à sa candidature, Lionel Zinsou a semblé améliorer sa côte de popularité.

Publicité

Seulement une semaine après, retour à la case de départ. Plus qu’avant, le capital d’estime du premier ministre connaît une chute abyssale. Le ballon d’essai semble hélas vite dégonflé du fait de l’indifférence des faucons de la coalition présidentielle.

On connaît, à force de la voir depuis 2007, le fonctionnement des Fcbe. Grosse machine bruyante, elle ventile à merveille les rêveries les plus sordides et les sauts d’humeur de son chef charismatique Boni Yayi. Quand c’est le Chef de l’Etat qui dit, il est difficile de trouver le moindre contradicteur à son idée et à ses balbutiements d’esprit.

Il est donc impensable que le choix de son dauphin puisse rester aussi secret. En temps normal, des déclarations politiques et des marches de soutien devraient saluer cela. Surtout que le choix est porté sur le plus clair et le plus grand de tous. Un produit physiquement vendable mais aussi un homme des grands réseaux avec une carte de visite impressionnante.

On se demande alors si la rumeur qui a vendu Lionel Zinsou comme le dauphin proclamé de Yayi lui-même est vérifiée. Hormis les « c’est le Chef de l’Etat lui-même qui a dit » ou « c’est vrai, ses gardes du corps ont confirmé l’information », rien dans le registre officiel n’a confimé une telle information. La seule est venue de Paris où séjourne actuellement le Chef de l’Etat. Mardi dernier, interrogé sur cette candidature, Yayi se montre dubitatif. « Il est candidat ? Je ne sais pas, on n’en a pas discuté », a-t-il répondu avant d’ajouter qu’il est un excellent premier ministre.

Publicité

Une telle déclaration faite à Paris présentée jusque-là comme le soutien officiel de Lionel Zinsou pourrait bien faire douter de l’hypothétique soutien du locataire de la Marina à son premier ministre. Si Yayi n’a pas le courage de le dire là-bas, ce n’est pas ici qu’il pourrait le dire. Pas ici où son « yovo » fait objet de grande méfiance au sein des Fcbe. En effet, depuis juin où il est nommé premier ministre, Lionel Zinsou n’a toujours pas réussi son intégration politique. En cinq mois, on ne se rappelle pas l’avoir vu une seule fois en compagnie d’un ministre du gouvernement ou d’un député Fcbe. On l’a toujours vu seul lors des rares sorties pour soit, suivre un match de football ou participer à quelques actions sociales et caritatives. Le 14 juillet dernier alors qu’il conduisait une forte délégation gouvernementale à l’ambassade de France à Cotonou, il s’est retrouvé presque isolé. Le quarteron de ministres a fait front commun laissant le premier ministre s’adonner seul deviser avec tous ceux qui l’abordaient. On voyait visiblement un homme seul, un « étranger » venu au mauvais moment pour partager le gâteau au même titre que les autochtones. « Venu de France » non tropicalisé Depuis juin qu’il est là, Lionel Zinsou a troqué fréquemment ses costumes contre des boubous et des tenues locales mais en dépit de ces efforts, il donne l’impression d’un « venu de France » non tropicalisé.

Sa mentalité, sa vision des choses l’éloignent bien des béninois. Il est resté toujours français dans son tréfonds et c’est l’une des raisons de la méfiance dont il fait l’objet. Etranger aux réalités d’ici, il l’est beaucoup plus au sein des Fcbe. Il n’a aucun fief, aucune base électorale et n’a donc personne pour défendre ses intérêts au sein de la coalition. Non seulement il ne connaît pas les Fcbe, il n’y a pas d’amis. C’est dire donc qu’opter pour porter un tel personnage comme candidat, c’est autoriser officiellement la dispersion des militants Fcbe. Ni Gbadamassi, ni Kassa, ni Koutché, ni Abiola, encore moins les autres caciques ne devront accepter donner carte blanche à leur leader. Le silence olympien observé actuellement n’est qu’apparent. De l’intérieur, la maison Fcbe bouillonne. Dans ces conditions, Boni Yayi aura du mal à choisir quelqu’un. D’autres handicaps jouent contre lui. Depuis quatre mois, Lionel Zinsou n’a pas encore réussi à décrocher un grand projet ou poser une action d’éclat pour booster sa popularité. Alors, que peut-il réussir réellement si on lui donne le pouvoir ? Une question importante qui taraude les esprits. Enfin, le nom Zinsou rappelle bien aux béninois de tristes souvenirs. Tous pensent aux persécutions subies entre 68 et 69 au moment où son oncle Emile Derlin était au pouvoir. Le « Zinsou takouè » peut refaire surface et décevoir les uns et les autres, surtout que le neveu actuel est un produit français importé ici, une sorte de recolonisation en douce pour certains. Contrairement à Boni Yayi, il ne pourra pas surfer sur le concept d’oiseau rare car cela n’a pas été souvent réussi ici. Comme n’ont jamais réussi ici tous ceux qui sont estampillés comme des candidats de la France. Qui a pu donner cette idée à Lionel Zinsou de prétendre diriger un pays qu’il ne connaît pas ? Tévoédjrè dit souvent que pour réaliser de grandes choses dans la vie, il ne faut pas être au-dessus des hommes mais qu’il faut être parmi eux. Toute analyse bien faite, la candidature de Zinsou est vouée à l’échec et c’est normal qu’elle n’a pas eu d’échos au sein des Fcbe même

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité