« Yayi là, vraiment…. ! »

Personne ne s’imagine le soulagement que ça fait à certains de se voir à la fin du dernier mandat de Yayi. Soulagement d’être enfin délivrés des caprices d’un Chef de l’Etat qui fonctionne sans programme, sans méthode et qui agit au gré de ses humeurs du moment.  

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Chefs de mission diplomatique au Bénin, représentants d’organisations internationales, ministres, hauts cadres de ministères, militaires, journalistes, artistes…tous ont subi la dictature des programmes élastiques imposés par le Chef de l’Etat lors de ses nombreuses sorties. Annoncé pour une heure, Yayi accuse souvent une, deux, trois ou parfois quatre heures de retard laissant dans de désoeuvrement et l’ennui des centaines de personnes qui l’attendent. Guidé par sa boulimie  propagandiste, il s’engage à être présent à toutes les cérémonies officielles qui consacrent le lancement d’un projet ou d’une activité du gouvernement au point de se retrouver avec deux activités à la même heure. Depuis 2006, s’est-on amusé à calculer les temps perdus à cause des retards et des annulations de programmes ? Sait-on le préjudice financier que  ces nombreux rendez vous manqués causent à l’Etat ? Hier au Palais des Congrès de Cotonou,  le Chef de l’Etat était annoncé pour l’ouverture officielle du 2è séminaire national sur l’alimentation scolaire. La veille, il avait déjà planté tout le monde, faisant annoncer par ses services sa venue avant de demander qu’on reporte la cérémonie officielle d’ouverture pour le lendemain afin qu’il soit là. Mais hier encore, il n’a pas tenu parole. Or  très tôt le matin, la garde républicaine et des groupes folkloriques ont été mobilisés sur place. Des colonnes de militaires attendaient de rendre hommage au Chef de l’Etat. Le tapis rouge recevait quelques semelles de certaines autorités en quête de prestige et de quelques invités qui profitent de l’inattention des gardes de corps pour goûter à ce prestige présidentiel.

Vers 10 heures, le protocole d’Etat annonce l’imminence de son arrivée, tout le monde se bouscule. Dehors, la garde républicaine est dans tous ses états. Les appels par talkie- walkie s’intensifient, les militants sont droits dans leurs bottes. Vers midi hélas, Yayi ne viendra pas. Jusqu’à 13h au démarrage de la cérémonie, on ne le verra pas. Beaucoup d’invités, irrités, ont dû rentrer chez eux. Cinq heures d’attentes pour rien. Tout ceci se passait devant des délégations officielles venues de plusieurs pays du monde. Deux fois, le chef de l’Etat  a manqué son rendez-vous. Deux fois, le comité d’organisation a effectué les mêmes dépenses pour rien.Un peu après midi, les plieurs de tapis se mettent à l’oeuvre. Les militaires de la garde républicaine, après un bon bain de soleil, se replient grâce aux véhicules de transport de troupe  . Le dispositif sécuritaire s’éclipse. Les animateurs folkloriques aussi. Ce genre, de faux bonds, les militaires s’y sont habitués. A plusieurs reprises, ils ont dû se replier ainsi sans avoir pu voir le Chef de l’Etat. Ceci ne doit forcément pas être un regret pour Yayi, grand- maître derrière lequel devraient accourir  ses sujets. Les diplomates venus sur les lieux, les mines serrées, ont dû déplorer cela même si c’est à voix basse. Mais a-t-on cherché à voir l’impact de ces faux rendez- vous sur l’administration et le développement du pays ? Des centaines de ministres et de cadres empêchés ainsi d’aller au boulot. Cela devrait avoir des conséquences sur le développement du pays.

A ce gaspillage de temps, il y a celui des ressources financières. Déplacer des centaines de militaires et leur payer des primes, payer des per diem aux journalistes, acheter du carburant, donner des cachets aux artistes…tout ceci devrait affecter nos maigres ressources. Mais comme tout ceci est fait pour le plaisir du grand Chef d’Etat, cela ne tombe plus dans le panier des exemples de mauvaise gouvernance. Ainsi, Yayi a réussi à organiser à la tête du pays un système de gaspillage des ressources et de pagaille généralisée. Mais si c’est pour son prestige, pas question d’en critiquer. Le pays fonctionne bien ainsi. Un cadre irrité de languir pour attendre Yayi n’a pas manqué de s’exclamer : « Yayi là…vraiment hein…! »

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