Ils étaient tous là: certains compagnons du coup d’Etat du 26 octobre 1972, les membres du Gouvernement militaire révolutionnaire, les premiers membres du Comité militaire révolutionnaire, tous les militaires dont les noms étaient associés à celui de Kérékou quand celui-ci avait été projeté devant l’opinion nationale et internationale.
Ils sont venus au camp Guézo mercredi 9 décembre 2015 pour la cérémonie d’adieux aux armes de leur grand Camarade de lutte, comme on l’appelait. Ils étaient là aussi les militaires qui avaient accompagné le Général dans sa carrière politique. Beaucoup ont été ministres ou membres des organes du Parti de la révolution populaire du Bénin (PRPB), ou membres de l’Assemblée nationale révolutionnaire (ANR), ou encore responsables d’entreprises publiques. Ils n’ont plus la vigueur qu’on leur connaissait. L’émotion était au rendez-vous de ces retrouvailles.
A voir ce qui se passait ce mercredi au camp Guézo, on avait l’impression d’assister également à une passation de pouvoir. Ces anciens avaient chaleureusement salué leurs plus jeunes frères d’armes que le Général avait appelé à ses côtés après son retour au pouvoir pendant la période du Renouveau démocratique. Les poignées de main, les embrassades, les regards, tout indiquait qu’une certaine nostalgie planait sur les cérémonies. On n’a pas besoin de consulter le Fâ pour connaître ce que les militaires se disaient entre eux, surtout les hauts gradés. La sécurité du pays doit encore les préoccuper. Ils avaient passé leur vie à le faire. L’élection à venir ne pouvait être absente de ces conversations qui s’animaient avec beaucoup de gestes.
Ceux qui ont assisté à cette cérémonie ont remarqué l’intérêt de beaucoup de militaires pour leurs frères d’armes qui sont encore dans la scène politique: le Général Fernand Amoussou et le Général Robert Gbian (qui n’a pu être présent). L’ancien chef d’État-major général était sollicité par les militaires de tout grade. On le voyait avec les anciens comme avec les plus jeunes, avec les grands chefs comme avec les moins gradés. Il y avait sans doute des messages d’encouragement. On ne doit pas négliger ces signes en ces moments où tous les peuples du monde sont préoccupés par leur sécurité. On n’en parle pas encore assez dans cette pré-campagne, mais il faudra le faire abondamment pendant les deux mois qui nous séparent de l’élection du président de la République.
Le président Kérékou a été le chef des militaires pendant plus de quarante ans. On lui doit la qualité de notre armée qui est souvent sollicitée par les Nations Unies pour les opérations de maintien de la paix. Un de ses membres, le Général Fernand Amoussou a même dirigé les forces de l’ONUCI pendant la crise ivoirienne. D’autres sont encore sur des théâtres d’opération au Mali, au Congo et ailleurs. Tous sont félicités. Il faut que cela continue pour honorer la mémoire du Général Mathieu Kérékou.