Incendies à Dantokpa : L’assurance, un bouclier pour les commerçants

Larmes, abattements, chocs émotionnels, dégâts matériels incommensurables, dettes…, l’incendie survenu le 31 octobre 2015 au marché Dantokpa, le plus grand du Bénin et d’Afrique de l’Ouest  a été cruellement dévastateur.

Publicité

Un drame d’envergure dont les conséquences auraient pu être amorties par les assurances constate-t-on, plus de trois mois après le sinistre, à la recherche  de solutions. Reportage.

« Tout est parti, je n’ai plus rien et je ne sais pas comment je vais faire pour manger », témoignage affligeant à Rfi de Toussaint Adansi, propriétaire de deux magasins partis en fumée dans l’incendie survenu dans la nuit du samedi 31 octobre 2015 au marché Dantokpa, le plus grand centre d’échange commercial d’Afrique de l’Ouest à Cotonou au Bénin.  « Les marchandises, c’est plus de 15 millions F Cfa [soit près de 23 000 euros, Ndlr], l’argent qui a brûlé c’est 500 000 [près de 800 euros, Ndlr] que j’avais ici dans le marché. » a-t-il confié. Au total, plus de 700 boutiques ont été ravagées dans le secteur des pièces détachées qui a été atteint par les flammes, particulièrement voraces. Une femme commerçante du marché interrogée à son tour,  a confié à La Nouvelle Tribune avoir perdu des marchandises d’une valeur inestimable et vu une congénère passée de vie à trépas après s’être écroulée en criant « mes 50 millions F Cfa ! » devant les ruines de son lieu de commerce. Les dégâts sont énormes. A quelques semaines des fêtes de fin d’année c’est tout le  peuple béninois qui est en émoi. Les hommes politiques candidats à la présidentielle en quête  de bain médiatique sont arrivés sur les lieux avec toutes sortes de promesses aux sinistrés. Le Président Boni Yayi et son gouvernement réagissent promptement et  annoncent des mesures pour voler au secours des sinistrés. Le Génie militaire est mis à contribution pour la reconstruction partielle du marché avec en appui, un Comité de  mobilisation des ressources (Comores). Bientôt, les usagers pourront rentrer en possession de nouvelles boutiques en matériaux définitifs. Dans les nouvelles boutiques qui remplacent les hangars de fortune, le Président Boni Yayi lors d’un point avec le collectif des sinistrés au Palais le lundi 21 décembre 2015,  a annoncé  comme mesures préventives des dispositions sécuritaires et l’« assurance ».

L’assurance contre les risques d’incendie

Parlant d’assurance, le chef de l’Etat béninois fait recours à un moyen efficace de sécurisation des investissements, des biens et des personnes mondialement reconnu. « Les risques relatifs à votre activité sont nombreux. Employés, bâtiments, équipements commerciaux ou industriels, véhicules : autant de facteurs déterminants pour la survie de votre entreprise » prévient l’Africaine des assurances, un leader du secteur des assurances au Bénin et en Afrique qui  conseille de «  faire  confiance à un assureur spécialiste des risques professionnels. »  Approché à ce sujet, M. T., un responsable d’agence d’assurance qui a requis l’anonymat pour des commodités administratives explique que « l’assurance est un secteur d’activité qui permet aux humains de s’offrir une certaine sécurité par le biais de souscription de contrats de différents types ». Spécifiquement ajoute-t-il,  « il y a  l’assurance  contre l’incendie qui couvre les risques d’incendie relatifs aux entreprises, aux boutiques et aux domiciles ». Et parmi les produits que proposent l’Africaine des Assurances et d’autres compagnies au Bénin, il y a justement « L’assurance Incendie ». L’Africaine des assurances explique que « L’assurance Incendie  indemnise l’assuré en cas de dommages matériels directs ou indirects, subis par ses biens ou causés à autrui du fait d’un incendie dont il est civilement responsable ». Le but d’une assurance de ce type renchérit M. T. « c’est de sécuriser les investissements » car  poursuit-il, « Lorsque quelqu’un investit dans les constructions et qu’il  ne souscrit pas à une assurance, le jour où un incendie va naître, il n’est pas possible qu’il ait les moyens d’y faire face. Il se peut que ce soit des investissements à partir des prêts. ». C’est le cas des commerçants du marché Dantokpa qui pour la plupart contractent des prêts pour développer leurs activités. Assure-t-il,  « Si ce contrat d’assurance existait, face aux sinistres du marché Dantokpa, l’Etat n’a pas de soucis à se faire.  Les sinistrés également n’auront même pas de soucis à se faire. Les assureurs vont intervenir pour dédommager  les victimes en réparant les dommages  qui sont les conséquences de ce sinistre-là. »

Reconstruire Dantokpa pour intéresser les assureurs

En principe, selon le responsable de structure d’assurance, «  les différents acteurs du marché devraient être soumis à un contrat ou des obligations d’assurance ». Il précise que  « c’est important et l’Etat devrait organiser cela ». Mais  actuellement, le constat est que  la  plupart des compagnies d’assurances de la place sont un peu sceptiques. M. T. explique que « c’est  à cause de la configuration du marché Dantokpa qui ne met pas à l’aise les assureurs ».  Un tour dans ce marché s’étendant sur  18 hectares, et l’on comprend mieux de quoi il parle.  Le marché Dantokpa est configuré de telle sorte qu’un incendie qui naît dans une boutique A, attaque automatiquement la boutique B et ainsi de suite.  Les boutiques, sinon les hangars,  en ce qui concernent leurs états, laissent à désirer. Elles sont en matériaux précaires, souvent en des feuilles de tôles usées. Sur ce, M.T. affirme que Dantokpa « c’est un marché qui doit être reconstruit. C’est après cette reconstruction qui répond aux normes que l’assureur peut intervenir ou alors l’Etat à travers la  Sogema [Société de gestion  des marchés, Ndlr] peut demander aux compagnies d’assurance de faire des propositions à l’endroit des commerçants et commerçantes ».

Publicité

Assurance, croissance économique  et développement

Au-delà de l’incendie, il existe des assurances pour tous les domaines. Avec les assureurs au Bénin, on retrouve une palette de produits dont «Assurance Multirisque Habitation », « Assurance Sécurité Familiale Accident », « Assurance Responsabilité Civile Scolaire », « Assurance deux roues », « Assurance individuelle accident », » Assurance automobile – sécurité conducteur », « Assurance sécurité voyage-séjour » et autres. Tout en sécurisant les biens et les personnes, l’assurance selon les spécialistes du secteur, participe à la croissance et au développement économique. « Le secteur de l’assurance et de la réassurance a un rôle important à jouer dans la croissance économique et le développement de l’Afrique »  a déclaré à cet effet, Dr Fèmi Oyetunji, directeur général et Pdg du groupe Continental Réassurance cité par l’agence de presse Apo-Africa newsroom. De cet avis également, M. T. explique : « L’assurance nous permet de sécuriser les investissements et chaque contrat d’assurance est  soumis à des taxes qu’on reverse à l’Etat. Donc, tout en protégeant les investissements des populations et étant donné que l’Etat perçoit des taxes, l’assurance remonte naturellement la situation économique du pays ».  Il y a de quoi diriger les populations vers les compagnies d’Assurance. Au Bénin où les populations n’ont pas encore la culture de souscription aux assurances, recommande le responsable d’agence à Cotonou, « il faut  sensibiliser sans relâche » jusqu’à ce que cela entre dans les habitudes pour le bien de tous et du pays

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité