Ne dites plus que le Bénin est une forêt dense de partis politiques. Désormais tout change. L’échiquier politique national s’éclaircit. Il ne compte plus qu’avec cinq grandes composantes politiques.
A tenir pour cinq grands pôles de pouvoir. Est-ce là une configuration durable ? Est-ce là une ligne d’horizon stable ? Un échiquier politique, par principe, est un espace à géométrie variable. A cause des vents dominants. Du fait des humeurs changeantes des uns. En raison des contorsions opportunistes des autres. Quelles sont donc les cinq composantes référentielles actuelles qui identifient le nouvel échiquier politique béninois ?
La première composante est celle constituée par le Premier ministre Lionel Zinsou à lui tout seul. Celui-ci polarise un débat aux allures d’une polémique malsaine. Dans le landerneau politique national, l’homme apparait comme l’oiseau rare, un oiseau à la recherche d’un nid. Il n’était pas annoncé. Son arrivée subite dans l’arène politique a pris la valeur d’une équation complexe, une équation à plusieurs inconnues. Il est pour les uns cet étranger du dicton célèbre, « A beau mentir qui vient de loin ». Il est pour les autres le messie attendu. Et certains s’y agrippent ferme, comptant ainsi s’entrouvrir les portes du pouvoir. Difficile, dans ces conditions, que Lionel Zinsou soit un candidat consensuel ou l’homme du consensus. Tout le situe, malgré lui, au cœur d’un nœud de contradictions que le temps aidera, peut-être, à dénouer ou à trancher.
La deuxième composante est celle des anciens politiciens, identifiables à la traditionnelle « Classe politique ». Croyez-vous qu’ils soient finis ? Que nenni ! On ne se débarrasse pas aussi vite et aussi facilement d’anciens combattants presque toujours en retard d’une bataille. Ils n’ont pu s’imposer avec leurs partis politiques respectifs à coloration essentiellement ethniques, des partis qui se laissaient gaver des subsides de leurs sponsors d’opérateurs économiques. Ils n’ont pu s’imposer non plus avec divers regroupements tels l’Alliance « Wologêdê », l’Union fait la nation ou Force clé. Echec et mat, chaque fois, toutes les fois, sur toute la ligne. Avec la présidentielle 2016, les masques tombent. Quand les oiseaux de nuit tardent à rejoindre leur nid, ils se laissent surprendre par la lumière du jour. Bonjour les dégâts
La troisième composante est celle des opérateurs économiques. Ils entrent désormais en politique comme un chien dans un jeu de quilles. Ils étaient, hier, des faiseurs de rois. Ils sont en passe, aujourd’hui, de devenir rois. C’est une révolution. Ces opérateurs économiques ne restent pas moins, comme qui dirait, des intrus. Mais des intrus qui s’activent à connaître la maison. Ils sont donc en apprentissage. Ils y vont fort, ils y vont à fond la caisse, avec des espèces sonnantes et trébuchantes. Ils ouvrent une brèche dans le mur de la politique. D’autres s’y engouffreront. Un monopole se brise. Par eux et avec eux nous inaugurons une nouvelle manière de faire la politique ou de s’illustrer en politique.
La quatrième composante est celle de ceux qui ont des idées pleines la tête, mais les poches vides. Ils sont en décalage par rapport à la réalité et à la vérité du moment. Cette réalité et cette vérité ont nom, l’argent. Ce sont des moines-soldats qui, pour le moment, semblent prêcher dans le désert. Racine aurait-il eu raison ? « Sans argent, avait-il écrit, l’honneur n’est qu’une maladie ». La plupart des Béninois n’ont pas assez d’oreilles pour écouter et pour entendre leur évangile. La plupart des Béninois n’ont pas assez de nez pour flairer le parfum de leurs belles idées. Du reste, à quoi bon avoir un nez au pays de l’argent-roi ? Chacun s’est fait une religion sur l’idée selon laquelle l’argent n’a pas d’odeur.
Regroupons dans la cinquième et dernière composante ceux qu’on dénomme, faute de mieux, « Les nouveaux renards de la République ». Ce sont ceux qui, de propos délibéré, ont choisi d’être constamment et en permanence du côté des vainqueurs. La victoire ou rien. La victoire et rien que la victoire. Quel qu’en soit le prix. Quelle qu’en soit l’odeur. Quel que soit celui qui l’incarne. L’important, c’est le pouvoir. L’essentiel, c’est d’être au pouvoir et dans le pouvoir. Ce realpolitik, toute honte bue, se veut une manière de décomplexer le discours public. On dit haut et fort ce qui se chuchote jusqu’ici. On tourne le dos à la sécheresse. On renonce à la diète qui est, chez nous, le lot de l’opposition. Est-ce là un bon exemple d’engagement pour les plus jeunes ? Quels signaux leur envoie-t-on ainsi ? Quel chemin leur trace-t-on ? Une chose est sûre : la gourmandise n’est pas une vertu
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