Bénin : Le Prd, un navire sans boussole

Pendant vingt- cinq ans de vie, le Prd a eu un parcours politique plus ou moins exemplaire caractérisé par une opposition permanente à tous les régimes. Puis au détour du scrutin présidentiel de ce mois, le parti vire dans la débauche et l’instabilité.

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L’ambition d’appartenir coûte que coûte à la mouvance s’est muée en un véritable cauchemar avec son plus grand échec à une élection depuis vingt ans. Et comme un malheur ne vient jamais seul, le candidat sur lequel il a misé a proprement échoué.

Y a-t-il encore un capitaine dans le navire Prd ? S’il est évident qu’il en a un c’est qu’il semble être dépassé par les évènements. A cause de son âge avancé, il semble perdre ses bons réflexes.  Ses options de capitaine paraissent trop hasardeuses pour conduire le navire à bon port. En effet, Me Adrien Houngbédji, puisque c’est de lui qu’il s’agit semble détruire avec ses propres mains, la maison qu’il a lui-même bâtie en 25 ans de combat. Seule en cause, une obsession aveugle pour appartenir à la mouvance présidence. C’est cette obsession qui est la cause de tout le malheur qui s’abat sur le parti ces derniers jours. En deux semaines, le parti a essuyé deux défaites électorales inédites. Pour la première fois depuis 1995, le parti a été battu dans ses fiefs traditionnels de l’Ouémé et du Plateau. Le 06 et le 20 mars, le candidat désigné du parti a été battu à Porto- Novo et environs par Sébastien Ajavon puis Patrice Talon. Cet échec était pourtant prévisible. On se rappelle le tollé suscité le 12 janvier par le soutien du parti à Lionel Zinsou, dauphin de Yayi et candidat désigné des Fcbe. Pendant des jours, la désapprobation de ce ralliement était à son comble. Plusieurs militants ont poussé leur colère à l’extrême en proférant même des jurons contre le président Houngbédji. Mais cette colère très vive contre sa personne pour avoir pactisé avec l’ennemi, le président n’a décidé de servir comme argument que sa seule ambition aveugle d’aller à la mouvance pour donner de l’abreuvage aux siens. « A mon âge, je ne cherche plus rien. C’est pour vous que je me bats », avait-il servi tout le temps aux militants de son parti. A la place des excuses qu’il devrait présenter pour avoir sabordé la ligne du parti, il n’a vociféré tout le temps que la dégoûtante phrase de : « nous allons leur faire aussi le même K.O ».  Les militants ont fini donc par comprendre que leur « président » pour qui ils donneraient leurs têtes à couper pour défendre son honnêteté et sa conviction avait lui-même mordu à l’appât de l’ennemi. Pour corroborer cette certitude, les nombreux billets de banque distribués dans toute la ville pour tenter de les endormir. Mais hélas, les populations avaient compris le jeu de leur « président ». Elles ont compris qu’il était du côté de l’ennemi et qu’il fallait le sanctionner comme tel. C’est donc pour se venger de ces options bizarres que les populations ont décidé de voter contre le candidat Lionel Zinsou.

L’indécent ralliement

A l’instar des populations des autres départements du Bénin, celles de l’Ouémé ont aussi opté pour la rupture. Les responsables du Prd trop imbus d’eux-mêmes et emportés par des discours triomphalistes, n’ont pas vu le danger venir. Au soir du second tour, ils ont encore remobilisé leurs troupes pour une hypothétique victoire mais hélas, le peuple a sanctionné une fois encore la traîtrise. Mais alors qu’on croît que le parti allait assurer son choix et faire bravement l’opposition, il décide de rejoindre le nouveau président élu à la surprise de tout le monde. Il y a environ un mois, Houngbédji vilipendait Patrice Talon à Porto- Novo en répandant dans la ville l’information selon laquelle ce dernier proposait 4 milliards et des portefeuilles ministériels pour avoir le soutien du parti. Quelques semaines après, sans prendre le moindre kopeck et sans aucune promesse de nomination d’un de ses cadres comme ministre, le parti arc en ciel vient se donner presque à genou au président élu à zéro franc. C’est ce qui arrive souvent aux hommes qui ne réfléchissent pas bien avant de prendre une décision. Comment accepter de se rallier à Patrice Talon et de travailler avec lui alors qu’il y a peu de temps, Houngbédji se moquait éperdument  de lui comme un commerçant inapte pour ce poste et qui d’ailleurs ne pouvait gagner car n’ayant aucun soutien politique de taille derrière lui. Tout ceci frise de l’indécence politique, de l’opportunisme. A force de donner l’image d’un parti où on a si soif d’aller s’abreuver au gouvernement, il perd progressivement de son superbe.

Un Houngbédjisme suicidaire au Prd

Au fil des années, il s’est développé au sein du parti un « houngbédjisme » qui risque de plomber totalement le parti. C’est le mythe du « c’est le président qui a dit ». Il est l’alpha et l’oméga. Tout ce qu’il dit et fait est bon pour le parti.  Il n’y a aucun autre courant qui s’oppose à lui. Il tient la Direction exécutive nationale(Den) dans ses mains. L’ancien vice- président Ismaèl Tidjani Serpos a tenté de s’opposer parfois à lui mais il a été mis en minorité et évincé.  Depuis, Houngbédji est le seul dieu au Prd. Et bravo les frasques

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