Nécessité d’une veille citoyenne ? Message personnel et citoyen

Cher concitoyen et ami, L’élection présidentielle 2016 au Bénin nous a gratifiés d’un résultat inédit dans l’histoire de notre pays : M. Patrice Talon un opérateur économique éminent à la tête de l’Etat dont un des rôles majeurs est de réguler le marché.

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Ce résultat est l’expression de la volonté du peuple Béninois, non que l’immense majorité des électeurs aient voulu la « confusion » des rôles mais que le jeu des alliances et l’arithmétique ont tranché démocratiquement. Le sens le plus rationnel que les commentateurs politiques donnent pour interpréter ce choix est que le peuple Béninois a voulu rompre radicalement avec le Système Yayi Boni. Il convient de noter qu’une partie significative de la société civile s’est rangée à cette position dite de rupture, une position ambigüe qui présente néanmoins un avantage majeur: une alternance politique claire. Le camp de Lionel Zinsou qui, du moins dans sa communication, n’était pas pour la rupture a nettement perdu. Mais ce camp auquel j’appartiens n’était-il pas aussi une rencontre ambigüe d’affluents (divergents !) ?

L’action de notre nouveau Président révèlera la nature véritable de la rupture qu’il se propose d’inscrire dans la loi fondamentale de notre pays. Et si celle-ci est positive nous devons la soutenir car nous souhaitons sincèrement le succès du Bénin pendant ces cinq années dites de transition. En attendant d’en savoir davantage l’intelligentsia de notre pays se terre dans une posture unanimiste où l’anticipation, comme souvent, manque à l’appel. Or la période qui a commencé depuis le 21 mars 2016 est pleine de danger potentiel contre l’avènement d’une démocratie respectueuse des droits des plus faibles dans notre pays. Ce danger est inscrit dans l’euphorie qui gagne nombre de partisans de Patrice Talon et non des moindres et dans l’apathie qui envahit les perdants ! Or des réformes constitutionnelles majeures sont annoncées. Notre nouveau Président et ses proches les justifient par l’omniprésence de l’Etat et la nécessité de désengager l’Etat béninois au profit du secteur privé et des juges.

Il est vrai que le système présidentiel instauré par la Constitution de 1990 donne au Président de la République un pouvoir surfait et qu’une révision tendant à équilibrer les pouvoirs serait la bienvenue mais à certaines conditions qui doivent faire l’objet d’un débat éclairé et contradictoire avant toute décision.

Il ne doit pas nous échapper que le pouvoir de l’argent est aussi à l’origine des abus de pouvoir dont notre pays a souffert au cours de la dernière décennie. Les achats de conscience ont été, de toutes parts, les pratiques dominantes et ceci lors de toutes les élections et même en dehors des périodes électorales. Il importe donc de prévoir des garde-fous pour éviter que cette tendance ne soit, à l’avenir, encore plus facilitée par un Pouvoir exécutif réduit à sa plus simple expression. De ce point de vue, il convient de bien différencier deux aspects: l’exercice des pouvoirs par des hommes d’une part et la nature de la Constitution d’autre part.

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Il n’existe aucune constitution qui pourra nous protéger des abus d’un exercice défaillant des pouvoirs

Il est donc urgent que l’intelligentsia béninoise fasse vigilance pour éviter un affaiblissement du pouvoir politique en faveur des pouvoirs de l’argent. Le sentiment d’un grand nombre d’observateurs est que nos pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire sont déjà largement aux mains d’hommes d’affaires puissants. Ce sentiment est peut-être surfait mais de nombreux indices semblent le conforter. Il importe donc d’éviter de mettre davantage la démocratie et l’Etat de droit au service d’une extrême minorité qui ont les moyens de se les offrir

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