Présidentielle : l’envers du décor

Le vote a eu lieu. La présidentielle de 2016, premier tour, est derrière nous. Que nous promet le second tour ? Pas un pas en avant sans tirer quelques enseignements de l’expérience que nous venons de vivre.

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L’expérience, à en croire Confucius, est comme une lampe attachée au dos de quelqu’un. Elle éclaire le chemin parcouru. Mais laisse dans l’obscurité le chemin à parcourir » (Fin de citation). Un rapide regard critique sur ce qui a été. C’est la meilleure manière de nous armer pour nous ouvrir le chemin de ce qui sera. Nous sommes déterminés à guérir de nos défauts. Aussi devons-nous commencer par nous racheter de nos fautes. Lesquelles ?

1 – L’inorganisation et le désordre. On ne peut pas être fier d’une élection qui a consacré différentes catégories de citoyens-électeurs. Cet apartheid qui ne dit pas son nom viole   notre Constitution. Nous distinguons désormais des citoyens pleins et à part entière. Ils ont reçu leur carte d’électeur. Nous avons la catégorie des sous-citoyens. Ce sont ceux qui sont privés de la carte d’électeur. Voici la catégorie des non citoyens. Ces parias de la République, pour une raison ou une autre, sont exclus du vote. Limitons l’inorganisation et le désordre à cette seule affaire de cartes d’électeurs. Oublions les caravanes-pagaille. Fermons les yeux sur la guerre des affiches. Ne disons rien des divers dysfonctionnements notés d’un bureau de vote à l’autre le jour du scrutin.

2- Le droit de la force plutôt que la force du droit. Ce que les Béninois tiennent pour l’Etat de droit, c’est 100% de textes pour 0% d’application, 0% de respect de ces mêmes textes. Pour dire que nous sommes forts pour écrire des lois. Tout aussi forts pour tordre le cou à ces lois.  Nous nous sommes dotés d’un code électoral. Et nous n’étions pas peu fiers de l’exhiber comme notre bréviaire électoral. Mais, sur le terrain de l’action, ce code n’a pesé que peu.  Réduit en un chiffon, il a perdu sa valeur de référence. Retour à la jungle pour que la raison du plus fort continue d’être toujours la meilleure.

3 – Le spectacle tarifé plutôt que des idées créatrices. La campagne a privilégié le spectacle. Et Dieu sait qu’il coûte cher. C’est véritablement une histoire de gros sous. Au rythme endiablé des meetings géants. Dans le vacarme des caravanes kilométriques. Sous le charme des per diem, en espèces ou en nature, généreusement distribués. Qui se soucie, dans ce charivari du diable, de l’avenir du pays ? Qui perçoit et comprend les multiples signaux de détresses que les populations envoient à leurs dirigeants ? Qui cherche à privilégier les idées ou à donner la priorité à la pensée, à la réflexion ? Celui qui pense dans ce relâchement général est vu comme un rabat-joie, un trouble-fête, un empêcheur de tourner et de danser en rond.  Chaque chose, dit-on, en son temps. Et le temps des élections, pour nombre de nos compatriotes, c’est encore le temps du spectacle.

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4 – L’Etat partisan. Voilà le monstre qu’on crée quand ce qui appartient à tous devient la propriété d’un individu ou d’une poignée d’individus. Utiliser les moyens de l’Etat pour battre campagne est un détournement. On peut parler d’abus de biens sociaux. Déserter l’administration, les services de l’Etat pour aller battre campagne a valeur d’un holdup. La communauté nationale est volée. Le citoyen-client est pénalisé. Sinon, qu’on se mette en vacances de l’administration, qu’on renonce à son salaire ou qu’on rembourse le trop perçu. Quand l’Etat n’est pas là pour tous et pour garantir les intérêts de tous, la démocratie balbutie. C’est un tam-tam troué qui résonne faux. C’est un tonneau vide, bon à faire du bruit.

5 – Une démocratie corrompue. Un secret de Polichinelle : à l’occasion de toutes nos élections, l’argent circule. Mais en quelles mains ? Des miettes pour le pauvre paysan du coin. Quelques piécettes pour l’ouvrier condamné à tirer le diable par la queue. Nous savons aujourd’hui que la rente politicienne est plutôt captée par les « En haut de en haut », les éléments constitutifs de notre classe politique. Voilà pourquoi l’argent s’invite, à tous les coups, dans l’arène politique. Il a fini par y prendre racine. Il s’impose désormais comme le carburant de nos démocraties tropicales ou tropicalisées. L’élection présidentielle a clarifié les rôles. Elle a remis chacun à sa vraie place. Découvrez avec nous le pot aux roses. Un pot à l’odeur fétide d’un pot-de-vin

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