Bénin – On l’attendait au carrefour de la rupture et il répond présent. Le premier Conseil des ministres du tout nouveau gouvernement de Patrice Talon a tout l’air d’un vrai début de révolution.
Le Chef de l’Etat a décidé d’annuler toutes les décisions à polémique prises par son prédécesseur, un peu comme s’il remettait les choses à plat avant le grand envol.
« C’est une vraie bombe », s’exclame un observateur averti de la classe politique. Au cours d’un Conseil des ministres, Talon nettoie les derniers stigmates du yayisme. Toutes les décisions importantes prises par le régime Yayi sont annulées (lire ici). Des concours frauduleux à l’usage abusif du bois en passant par l’octroi des passeports diplomatiques, de même que l’usage des télévisions dans les bureaux.
On ne l’attendait pas trop puisque depuis le jour où il a pris service, le nouveau président s’est fait rare sur le petit écran, allant même rendre visite à Adrien Houngbédji, la deuxième personnalité de l’Etat, en privé, loin des sirènes et des médias. Et comme pour montrer qu’il est à l’écoute des populations, il annule les derniers concours d’entrée à la Fonction publique qui font grand bruit, l’utilisation abusive du bois et une série de décrets prises la veille de son départ par son prédécesseur.
Le Conseil des ministres est allé en pensant aux conditions de travail. Ainsi donc l’usage des télévisions dans les bureaux est interdit. De même, il ne sera plus permis aux ministres l’usage abusif des gyrophares et des sirènes. C’est une gouvernance basée sur la sobriété et l’humilité. Plus d’extravagance et de zèle. Un point de la trésorerie donne 47 milliards. En un mot, ce Conseil des ministres va réjouir bon nombre de Béninois et frustrer une minorité de personnes qui avaient bénéficié des faveurs et des grâces de l’ancien régime. On peut citer parmi ceux-là les ambassadeurs du Bénin à Paris et à Washington aux trousses desquels il est lancé des audits. On peut citer aussi les bénéficiaires des 18 décrets pris le 05 avril par Boni Yayi, soit la veille de son départ du pouvoir, les protégés de la République qui ont réussi aux concours d’Ape sans avoir jamais participé ou sans en avoir le mérite d’y réussir. Avec ce Conseil des ministres, on sent qu’une époque a pris fin.
Les prémices d’une gouvernance méthodique
Des anciens acteurs, un nouveau style ? Très attendu des populations, le premier Conseil des ministres du Gouvernement du « Nouveau Départ » s’est tenu ce mercredi 13 avril 2016. Patrice Talon et ses 21 ministres se sont donc retrouvés hier pour les premières décisions majeures du régime sur les grands dossiers de la Nation. Cette réunion était très suivie à double titre. Primo, le gouvernement était attendu sur des dossiers controversés hérités du régime défunt. Secundo, c’était un baptême du feu pour le régime de la rupture qui devrait imprimer ses premières marques, en termes de style de gouvernance.
« Tout doit être bien fait mais pas dans la précipitation, ni l’improvisation », a indiqué hier le ministre d’Etat, secrétaire général à la présidence, Pascal Koupaki, dans un point de presse d’après Conseil.
D’ailleurs, les orientations de président Patrice Talon ainsi que la procédure d’instruction des dossiers en Conseil des ministres étaient au menu de la réunion d’hier. Selon le ministre d’Etat, le président Patrice Talon a demandé à ses ministres d’être « des hommes d’écoute », « rigoureux dans la conduite de l’action publique ». Aussi devront-ils faire preuve « d’exemplarité et d’éthique », de « responsabilité individuelle et collégiale », puis « rechercher les cadres les plus compétents dans l’administration pour accompagner le gouvernement ». Les Conseils des ministres auront lieu les mercredis de 9h à 12h. Désormais, le même jour, sera organisé à la présidence de la république un point de presse pour annoncer les grandes décisions du Conseil avant publication du communiqué de la réunion. Quant au déroulement du Conseil, les dossiers seront instruits suivant une nouvelle procédure qui «instaure la tenue régulière des comités interministériels en amont du Conseil des ministres », indique le communiqué du Conseil d’hier.
«Cette méthode contribue à réduire considérablement la durée des réunions gouvernementales et participe de la qualité de la prise de décision », ajoute le document rendu public dans la soirée de la journée d’hier. Dans la même lancée, la programmation des ordres du jour du conseil se fera de façon trimestrielle, « avec les ministères en fonction de leurs plans de travail annuel et trimestriel », avait annoncé le ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence