Sans surprise Idriss Deby Itno, l’homme fort du Tchad aura un nouveau mandat. N’en déplaise aux opposants qui légitimement, sacrifieront au rituel de la contestation des résultats. Président en exercice de l’Union africaine, Idriss Deby Itno ne donne cependant pas le bon exemple qu’on devrait attendre de lui à travers cette élection.
Décevant, il s’ajoute à Denis Sassou Nguesso du Congo-Brazzaville pour former un clan de chefs d’Etat mal élus. Le puissant Président tchadien qui totalise déjà plus d’un quart de siècle de règne sans partage est visiblement allé à l’école du vétéran Denis Sassou Nguesso. Depuis dimanche, les Tchadiens vivent coupés du reste du monde. Comme Sassou au Congo, Deby et son gouvernement ont sans crier gare, arraché aux Tchadiens la liberté de communication par sms et de navigation sur Internet. Ils en ont décidé ainsi jusqu’à nouvel ordre, probablement au lendemain de la publication des résultats dont le verdict ne pourrait être autre chose que la proclamation de Deby, Président de la monarchie du Tchad. Président d’une monarchie ! Cela sonne comme un hiatus ou un lapsus. Et non, c’est bien de ça qu’il s’agit. Avec Sassou, Mugabe et autres de leur genre, Deby fait partie de ces hommes qui réussissent le machiavélique dessein de transformation de la démocratie en une « démocrature », une nouvelle forme de régime que Jean-Jacques Rousseau et les autres ont oublié de mentionner dans les classiques de classification des formes de gouvernances dans le monde. Sur le continent africain, les ténors de ce régime d’enfer se déguisent en démocrates et en panafricanistes bon teint. La stratégie comme on a pu le constater au Congo est la même. Les pouvoirs en place transforment les caisses de l’Etat en fonds de campagne, asphyxient l’opposition et traquent les plus téméraires des opposants avec la force publique. Interdit de ronchonner. Pour ces dirigeants sans foi ni loi, les traités internationaux sur les droits de l’homme, les libertés d’expression, d’association, de mouvements et autres n’ont pas de valeurs intrinsèques. Pour devise, ils ont « le chien aboie la caravane passe ». Rien n’émousse leur ambition de s’éterniser au pouvoir.
Crainte pour le continent africain
Ce qui s’est passé au Congo, qui se duplique au Tchad, ajouté à des précédents comme le cas burundais, font craindre pour le continent africain. Il se développe sur le continent noir une espèce d’autocrates des temps modernes qui ont une insatiable boulimie du pouvoir. Dans le contexte commun de montée du chômage des jeunes, on ne saurait ne pas craindre des naissances des foyers de tensions sur le continent. Pire, la radicalisation des jeunes diplômés sans emplois au contact d’organisation terroriste deviendrait une source d’inquiétude sécuritaire. Cela s’accentuerait davantage avec l’effet boomerang des répressions sur lesquelles ses pouvoirs comptent.
L’occident en spectateur
Visiblement, les occidentaux ne tirent pas leçon de la situation en Libye. Malgré quelques condamnations et mises en gardes verbales, les occidentaux semblent être de connivence avec ces dictateurs d’un autre type. Ils ne sont pas sans savoir que la crise de l’immigration massive à leurs portes est le produit des conflits né des oppositions à des pouvoirs dictatoriaux comme ce qui s’installe au Congo Brazzaville et au Tchad. Il n’y a qu’à prévenir à nouveau les puissances occidentales que contribuer à ou laisser la prolifération de tels pouvoirs en Afrique, leur sera sans reviendra sans doute plus coûteux.