A peine trois semaines après son installation, le Président Patrice vient d’offenser le peuple, notamment l’intelligentsia béninoise. A Paris ce mardi à côté du Président français François Hollande, M. Patrice Talon a déclaré à la presse française et internationale que « le Bénin est aujourd’hui comme un désert de compétences (lire ici)».
Une injure aux élites béninoises quand on sait que le véritable problème du pays est la promotion des médiocres au détriment des compétences laissées par le régime de Yayi qu’il avait installé en 2006.
Sorti en catimini du pays, le Président Patrice Talon (lire ici) est allé jeter de l’opprobre sur l’intelligentsia béninoise en France. « Le Bénin est aujourd’hui comme un désert de compétences » a déclaré celui qui vient de prendre la tête du pays il y a à peine 21 jours, ce mardi 26 avril lors d’une conférence de presse à côté du Président français François Hollande qui l’a reçu à l’Elysée. Selon Patrice Talon, « aujourd’hui », l’administration béninoise « manque de compétences de manière criarde ». Toutes proportions gardées, par ces affirmations gratuites, l’homme d’affaires devenu Président de la République vient de commettre une infamie préjudiciable aux élites béninoises.
Talon dans la méconnaissance du Bénin
Il n’y a pas de mal à reconnaître ses faiblesses. Seulement, dans le cas d’espèce, on surprend Patrice Talon méprenant le véritable problème du Bénin, du moins de l’administration publique béninoise. Tout Béninois vivant au Bénin sait que le pays n’a pas un problème de cadres compétents mais plutôt un problème de gestion des ressources humaines. Depuis des années, les Béninois, sans cesse, se battent contre les systèmes de népotisme, de régionalisme, de corruption, d’impunité et de gabegie qui ont pris en otage le pays. Cette dernière décennie, c’est le régime de son successeur, Boni Yayi qu’il a contribué à faire venir au pouvoir en 2006, qui a totalement déstructuré l’administration béninoise par la médiocratie érigée en mode de gouvernance avec des concours frauduleux dont le dernier en date continue de faire couler encre et salive.
A moins que le Président Patrice Talon ne sache réellement de quoi il parle, la compétence définie comme « la capacité à remplir une fonction, à effectuer certaines tâches », « l’aptitude à faire et bien faire », « l’expertise », « le savoir-faire », n’est pas ce qui manque au Bénin. Faut-il le rappeler, les compétences béninoises sont régulièrement sollicitées pour des interventions ponctuelles dans d’autres pays. Déjà dans son gouvernement, se trouvent des compétences qui le démentent. Le professeur Joseph Djogbénou, son Garde des sceaux est un brillant avocat, agrégé de droit ayant fait tout son cursus de la maternelle à l’agrégation au Bénin. De quoi reconnaître la qualité des cadres régulièrement formés au Bénin. Malgré l’état désastreux du système sanitaire béninois, la Faculté des sciences de la santé (Fss) du Bénin est reconnue comme l’une des meilleures écoles où se forment des spécialistes du bien-être en Afrique francophone. Et ce n’est qu’un secret de polichinelle, plusieurs médecins français sont d’origines béninoises. « Le Bénin, vitrine de l’innovation numérique dans l’espace francophone » titrait aussi le quotidien français « Le Monde » en septembre dernier où de jeunes développeurs béninois ont émerveillé avec des applications qu’ils ont créées lors d’un hackathon organisé à Cotonou, dans le cadre du Fonds francophone pour l’innovation numérique (Ffin) mis en place par l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif). D’un domaine à l’autre, le Bénin dispose de compétences longtemps délaissées bien qu’on puisse toujours en former pour rendre plus performante l’administration béninoise.
Lire France : Conférence de presse Talon – Hollande (vidéo)
Par ces déclarations, il faut oser le dire, le Président Patrice Talon apparaît prétentieux, hautain, plein de préjugés et de mépris pour les cadres béninois. Sans avoir encore posé un acte de haute portée depuis qu’il est entré en fonction, il déclare daredare que le pays manque de compétences et qu’il faille en importer de France quoique ça coûte. Par cette malheureuse occasion, Talon vient aussi de commettre un parjure en moins d’un mois de gouvernance. « Certes, la tâche paraît immense mais ce n’est pas œuvre impossible si les actions à entreprendre s’appuient sur une vision claire ainsi que sur les compétences et les atouts dont nous disposons » a-t-il déclaré dans son discours d’investiture. Mais sans avoir exploité les compétences dont disposent le Bénin et dont il s’est déjà servi dans ses nombreuses entreprises privées, le voilà diffamant les cadres béninois à l’étranger.
« La compétence sera désormais le principal critère de promotion des cadres aux postes de responsabilité. J’instituerai des corps de contrôle indépendants dont la mission principale sera de veiller à l’orthodoxie financière dans toutes les administrations, offices et sociétés d’état » s’était-il aussi égosillé dans son emphatique discours d’investiture. L’a-t-il déjà fait pour affirmer que le Bénin a une carence de compétences ? Question. A Patrice Talon, il serait bon de notifier qu’il ne suffit pas de crier urbi et orbi, comme un prétentieux démagogue qu’on tient à la compétence. Il faut passer à l’expérimentation pour en apprécier.
Talon perd son talon face à Hollande
Quand le silence vaut mieux que ce que l’on a à dire, apprend la sagesse, il faut se taire. Le Président Patrice Talon qui s’est permis de dédaigner les cadres béninois a coulé dans l’improvisation.
« Et bien vous m’avez enlevé tout ce que j’avais à dire. Vous avez déjà tout dit mais je vais faire l’effort d’en rajouter les choses qui me sont personnelles… » a déclaré le Président béninois à l’entame de sa déclaration.
Visiblement, il ne savait pas quoi dire. En fait le Président Hollande lui avait déjà ravi la vedette en reconnaissant le mérite des Béninois.
« Je le disais, le Bénin est un pays de grande culture où il y a beaucoup de cadres qui d’ailleurs sont en France et qui rendent énormément de service à l’économie française et qui peuvent aussi rendent de service au Bénin » a d’abord déclaré le Président français avant d’ajouter « Je salue tous ceux qui ont été capables de faire que le Bénin reste une référence pour la démocratie ».
Et pour la quintessence de son déplacement à Paris, on retient que Patrice Talon est allé faire la courbette. « Je vous ai prié de faire l’effort de relancer et de donner plus d’ambitions à la coopération entre la France et le Bénin. D’autant que nous allons opérer des réformes politiques, administratives dans notre pays pour améliorer la gouvernance, pour être plus disposé à accomplir notre mission de développement » a-t-il dit à son homologue français
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