UAC : Les 100 premiers jours rassurants du prof Aïvo à la Fadesp

Aussitôt entamée, l’interview est suspendue. Le professeur Joël Aïvo est rejoint par son Vice-doyen, le professeur Eric Montcho-Agbassa. Les deux personnalités s’éclipsent d’une salle qui se laisse découvrir dès qu’on y entre. C’est le bureau du Doyen de la Fadesp (Faculté de droit et de sciences politiques) de l’Université d’Abomey-Calavi.

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Le décor est assez simple, mais très symbolique : un salon d’honneur, la table de travail, une mini-bibliothèque, des rideaux de couleur rouge et blanc et le drapeau national placé derrière le siège principal. L’actuel occupant des lieux, le professeur Joël Aïvo vient d’être alerté par l’un de ses collaborateurs sur un incident lié au déroulement de la composition de ce samedi 21 mai 2016 ; la faculté étant en session d’examen depuis quelques jours. «Pour améliorer l’organisation de nos examens, nous avons établi que toutes les épreuves doivent être déposées à l’administration 72 heures avant la date de composition, raconte le professeur Aïvo. Si un collègue ne le fait pas après deux rappels, son épreuve n’est plus recevable. Un autre collègue est sollicité pour proposer une épreuve supplétive (…) » La réforme des examens est l’un des nombreux chantiers lancés par les professeurs Joël Aïvo et Eric Montcho-Agabassa depuis leur arrivée à la tête de la Fadesp le 12 février à l’issue des élections décanales du 15 janvier. En 100 jours, la faculté a été mise sous «un régime intensif de réformes » à tous les niveaux ; de la gouvernance administrative et financière à la recherche en passant le volet académique et le mieux-être de toute la communauté de la Fadesp. L’ambition: «réformer, transformer, moderniser la Faculté», pour en faire «une institution forte», «une machine». Se comparant à «l’homme à vélo», qui ne «tient en équilibre» que lorsqu’il «pédale» et «avance», le professeur Aïvo veut y aller vite. Mais dans le consensus. Entre gestion d’incident, coups de fil et un bref passage de sa charmante épouse, le successeur du doyen Barnabé Gbago parle des premières actions pour concrétiser ses «10 engagements» de faire de la plus grande faculté de droit du Bénin «un prestigieux centre d’excellence ».

Professeur Joël Aïvo, un peu plus de trois mois après votre installation à la tête de la FADESP, comment vous sentez vous dans la peau de doyen de la plus grande et vielle faculté de droit du Bénin ?   

Je vous remercie de m’aider à sacrifier à cette tradition qui permet 100 jours après une élection non pas de faire un bilan, mais de jeter un coup d’œil derrière soi. 100 jours après les élections à la Fadesp, je suis plus déterminé et plus motivé que je ne l’étais en entrant dans la fonction. J’ai découvert un vrai challenge, un nid d’actions. En 100 jours, nous avons ouvert des chantiers et j’espère que d’ici les trois prochaines années, nous réussirons notre pari, le professeur Eric Montcho et moi. Celui de rassembler les collègues, de transformer la Fadesp, de la moderniser dans tous ses rouages et dans ses derniers mètres carrés.

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Comment se porte aujourd’hui la Fadesp ?

Ce serait prétentieux de dire que la faculté se porte très bien, mais dans tous les cas, elle ne va pas mal. La Fadesp est en mouvement et elle va davantage bouger. Nous sommes dans une phase de remobilisation de la faculté ; les enseignants, les étudiants mais également le personnel administratif. Je pense que le meilleur jugement est celui des usagers, car c’est eux qui auront vécu ce que nous avons tenté d’apporter en 100 jours. Le plus que le Professeur Montcho et moi avions essayé d’apporter à ce que le Doyen Barnabé Georges Gbago a fait pendant six ans. Je pense que le doyen Gbago lui-même doit être, quelque part, content d’avoir laissé la faculté dans nos mains puisque nous avons concrétisé quelques actions qui lui tenaient tant à cœur.

Vous avez été élu sur la base d’un projet intitulé «10 engagements pour une faculté prestigieuse». Quelles sont les premières actions mises en route dans le cadre de ces engagements?

Premièrement, c’est la visibilité de la Faculté. Mon objectif, c’est qu’à la fin de ce mandat, lorsqu’il sera temps de laisser la Faculté dans les mains d’un autre collègue, mon objectif disais-je, est de lui léguer une administration, une institution forte avec une âme, celle qui a été insufflée par les pionniers de la faculté, mais surtout avec une logistique, des ressources et des moyens dignes d’une Faculté de droit et de science politique. Mon souhait est de transformer la Fadesp en une vraie machine. Une machine forte d’une armée d’enseignants de haut niveau, un centre d’excellence qui sait dispenser des cours de très bonne qualité, qui sait organiser ses examens. Je veux dire une machine qui a la logistique capable de traverser toutes les intempéries et de gérer toutes les situations de crise. Vous aurez compris, l’objectif de la visibilité de la Faculté, c’est de densifier les fondements du prestige que le monde extérieur prête aux juristes et aux politistes.

Le deuxième engagement que nous avons concrétisé, ce sont les examens. C’est le cœur de notre activité. La Fadesp a rencontré par le passé des difficultés dans l’organisation de ses examens. Nous avons frôlé le ridicule et parfois risqué notre crédibilité à nous tous, tellement les failles successives dans l’organisation des examens ont révélé nos faiblesses. La réaction que nous avons eu tout de suite dès le 12 février 2016, c’est de changer le cadre institutionnel des examens. On ne pouvait pas faire comme si tout allait normalement. Nous avons donc changé les organes, les règles, la procédure et les acteurs. Tout ceci pour injecter sécurité, flexibilité, rigueur dans la gestion des examens à la Fadesp. Pour être clair, avant, à la Faculté de droit et de science politique, les examens étaient organisés par une commission composée de plusieurs enseignants. A l’époque, c’était une innovation, une excellente réponse à une crise aigüe et têtue.  Les enseignants de la faculté n’avaient confiance en personne et exigeaient qu’il y ait une commission ad ’hoc qui gère les examens. C’est une situation exceptionnelle qui était adaptée à cette situation de crise de confiance. Je leur rends hommage à tous les collègues qui ont siégé dans les différentes commissions, de la première commission à la dernière. Mais à notre arrivée, nous avons considéré que la commission ad ’hoc de gestion des examens à la Fadesp est une mesure temporelle qui doit mourir dans le temps. Dès lors que cette commission nous a permis de traverser les zones de turbulences, de régler progressivement les problèmes de confiance, l’équipe décanale actuelle a jugé qu’il faut retourner au format classique. C’est-à-dire, un mécanisme que l’on retrouve dans toutes les autres facultés du Bénin.  Donc, nous avons décidé de créer le service des examens avec à sa tête un chef service qui est la patronne des examens. Notre choix s’est portée sur une collègue, caractérisée par sa probité, sa rigueur et dont la moralité n’est remise en cause par personne.

Maintenant, à la Fadesp, la procédure de gestion des examens est une procédure minutée avec des étapes et des contraintes auxquelles les collègues ont d’ailleurs adhéré. Notre ambition est de faire de la Fadesp la faculté de l’Uac où sont organisés des examens propres, sans scandale. Ça ne veut pas dire qu’il n’y aura pas des fraudeurs. Mais nous, notre obligation, est de faire en sorte que quiconque tente de frauder soit appréhendé et puni.

Alors à quoi doit s’attendre l’étudiant de la faculté de droit dans l’organisation des examens?

Les contraintes pour les étudiants sont des contraintes de comportement, de gestion personnelle. J’ai pour habitude de dire aux étudiants de faire en sorte que la machine ne se referme pas sur eux. Parce que, quiconque sort de la légalité, des règles de transparence dans l’organisation des examens sera broyé sans pitié par la machine.

Il y aura-t-il une seconde session ?

On organise à chaque fois une deuxième session, la session de rattrapage.

Mais des rumeurs font état de ce qu’il n’y aura plus de session de rattrapage…

Je rassure les étudiants que je ne ferai rien qui soit contraire aux textes. Je leur ferai bénéficier de tous les droits qu’ils tirent des textes. Et les textes prévoient une session de rattrapage…

Il peut arriver que les textes soient modifiés dans le sens de la suppression de la session de rattrapage.

A la Faculté, je suis le premier garant des intérêts des étudiants. Donc nous veillerons à cela.

Concernant la promotion, la valorisation de la recherche, quelles sont les actions menées depuis votre arrivée ?

La Fadesp sera davantage forte, crédible à l’étranger, elle va peser dans le concert des Facultés de droit et de science politique de l’espace CAMES si nous avons de plus en plus de thèses de doctorat soutenues et d’enseignants qualifiés. En attendant de projeter notre plan dans ce domaine, nous n’avons de cesse, le Vice-doyen et moi-même d’inviter, d’inciter et d’encourager les jeunes chercheurs, les doctorants qui préparent leur thèse dans notre école doctorale. Nous maintenons la même pression sur les collègues dont le potentiel crève les yeux, jeunes et moins jeunes. Nous les incitons à se soumettre au jugement des jurys du Cames. Nous serons forts ensemble si chacun se renforce individuellement et chacun vaudra dans l’université voire à l’étranger ce que pèsera notre Faculté. Donc, le rayonnement de chacun est profitable à tous et la crédibilité du groupe précédera ou suivra chacun.

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Les actions que nous avons menées dans ce sens sont des actions de sensibilisation. Mais ce n’est pas encore la moitié de ce que nous avons prévu en termes de recherche. On est à la phase de sensibilisation. Mais nous déploierons bientôt de gros moyens et pour les doctorants et pour les enseignants. Ce sont nos deux cibles.

Pour concrétiser vos actions, vous avez certainement besoin de l’appui du personnel administratif, alors, quelles sont vos premières actions à l’endroit de l’administration de la faculté ?

D’abord, notre équipe a lancé un audit organisationnel de la Faculté et en conséquence, nous avons pris quelques mesures clés. Primo, la structure administrative de la Faculté a été complètement changée. Par exemple, en nous inspirant de l’organisation de certaines grandes Facultés de droit du monde francophone, nous avons mis en place le service des examens.  Il est maintenant autonome et pourvu de gros moyens. Nous avons aussi créé le service de la formation continue. Ce service est appelé à mettre en place un programme de formation pour ceux qui sont en situation de travail. Dans les mois à venir, notre vocation est de faire en sorte que tous ceux qui sont en situation de travail, les moins jeunes de nos étudiants, ceux qui ont eu le Bac il y a plusieurs années, ne s’inscrivent plus dans le cycle de formation initiale. Ils iront vers les formations de Licence, de Master, mais en programme de formation continue. On aura désormais deux cycles de formation. Primo, la formation initiale pour les jeunes nouveaux bacheliers. Secundo, ceux dont les Bac sont plus anciens, 5 ans, 10 ans, 20 et plus, qui souhaitent étudier le droit, seront dans la formation continue. La faculté va leur proposer un emploi du temps compatible avec leur rythme de travail. Ce qui fait que, par exemple, au lieu de boucler la licence en trois ans comme en formation initiale, la licence en formation continue peut être bouclée en quatre ans, voire en cinq ans. C’est un gros chantier qui ouvert que nous entendons concrétiser immédiatement.

Ensuite, nous avons dynamisé le service des titres académiques pour rendre plus fluide et sûr la délivrance des attestations de succès, des relevés de notes, des diplômes. Parce que, là aussi il y a un goulot d’étranglement. Ce service était accablé à tort ou à raison par nos usagers qui dénoncent les délais excessivement longs, les faux frais, les pots de vins etc. Ce n’est pas toujours vrai, mais enfin, face à la critique, on doit se remettre en cause. Or, pour avoir étudié à la Fadesp et y enseigner aujourd’hui, moi je sais que les personnes qui travaillent là sont des personnes dévouées.

Mais sur le plan administratif, pour protéger nos agents et optimiser le rendement de nos services,  nous avons dû créer le guichet unique des formalités. Désormais, quiconque arrive à la Faculté, veut faire des formalités, par exemple demander une attestation de succès, un relevé de notes ou l’authenticité de son diplôme, doit s’adresser directement au guichet. Ce guichet reçoit les requêtes, encaisse les redevances et affecte les requêtes aux services concernés. L’usager n’a plus un contact direct avec le service chargé de lui délivrer la prestation. Ce qui non seulement va réduire les accusations de fraude, de corruption, de pots de vin mais va surtout accélérer les procédures.

Enfin, toujours pour le bon fonctionnement de nos services, nous avons aussi mis sur pied un service du contrôle et de l’audit interne. Ce service nous permet de nous autoréguler, d’avoir une idée de notre propre fonctionnement, de relever les dysfonctionnements, les excès, les embouteillages, de prévenir les dérives, de donner l’alerte sur ce qui marche, ce qui ne marche pas et ce qu’il faut rectifier.

Selon nos informations, vous avez aussi posé des pas pour plus de transparence dans la gouvernance financière…

Lors de la campagne, Eric Montcho-Agbassa et moi avons proposé aux collègues que la transparence sera notre règle d’or. Transparence dans les examens, transparence dans la délivrance de nos diplômes, transparence financière et transparence dans nos rapports avec les collègues qui nous ont fait confiance. A ce niveau, il y a quelques éléments que nous avons fait aboutir. Par exemple, l’une de nos premières décisions est que le budget de la faculté doit être communiqué à toute la communauté dès son adoption pour permettre à tous, enseignants, personnel administratif, responsables des étudiants de suivre les grandes orientations de notre budget, les marges de manœuvre et surtout les autorisations de dépenses qui sont faites. Pour que la confiance soit accrue, il faut que tout le monde sache, ce que nous avons dans la caisse, quels sont nos objectifs, quels sont nos priorités et sur quoi nous orientons les dépenses de la faculté. Toujours pour la transparence financière et budgétaire, nous décourageons le recours aux espèces, encourageons les virements bancaires pour le payement des salaires et indemnités. Dans le même sillage,  nous avons immédiatement mis en place tous les comités recommandés par les règles de passation des marchés. En somme, nous avons mis en mouvement l’installation de tous les organes exigés par l’orthodoxie financière. C’est en cours, mais nous irons jusqu’au bout.  

Ces actions concernent les réformes administratives. Mais qu’en est-il des conditions de vie des agents ?

Un de nos engagements tenait à cœur à toute la communauté facultaire. Il concerne la complémentaire santé qui est une vieille revendication et des enseignants, et du personnel administratif. En moins de trois mois, nous avons réussi à souscrire, au bénéfice du personnel administratif de la faculté, une assurance maladie. C’est un vieux rêve du personnel administratif. Je trouve que c’est un acte de justice. Mon prédécesseur, le Professeur Gbago en a fait une priorité pendant six ans. Lors de la passation de service, il a encore insisté pour que je puisse prolonger ses efforts dans ce sens. Avec le collectif budgétaire de cette année, on a pris en charge le personnel. Mais je suis persuadé que l’année prochaine nous pousserons la réflexion loin pour pouvoir insérer le personnel enseignant dans notre programme d’assurance maladie.

L’un des problèmes des universités publiques béninoises, voire africaines,  est la massification des étudiants. Sur ce plan, on connait les réalités de la faculté de droit. Quelle est votre réponse au problème?

C’est un problème général de toutes les universités africaines que le Cames tente de résoudre par ses moyens. En 1ère année, nous avons en somme 7 000 étudiants. La Faculté de droit et de science politique compte plus de 10 000 étudiants, environ 11000 ; les inscriptions ne sont pas encore terminées donc je ne donne pas de chiffres définitifs. Ce qui nous pose des défis dont nous n’avons pas, pour l’instant, les moyens. Je dois avouer que le Recteur Brice Sinsin a énormément fait dans le domaine des infrastructures. Il y a une multiplication de notre capacité en salle de cours, en amphithéâtre. Mais c’est encore insuffisant. Donc il y a une nécessité à investir dans les amphithéâtres appropriés et modernes. Ensuite si vous avez un effectif de 7000 étudiants en 1ère année, le minimum, c’est d’avoir 2 groupes pédagogiques sinon 4. Si vous avez deux groupes au moins, il faut avoir le double des professeurs dont vous avez besoin pour un groupe. Donc, il nous faut recruter davantage d’enseignants pour faire face à la massification. Enfin, un défi concerne le personnel administratif de la faculté. Nous ne sommes pas loin de la faculté de droit de l’université Cheick Anta Diop de Dakar, qui compte 15 000 étudiants. Mais là-bas, le personnel avoisine les 200 personnes. Ici, à la Fadesp, nous sommes à moins de 50.

Certains étudiants se plaignent du fait que certains cours sont délivrés de façon expéditive.

Nous entendons ce que disent les étudiants. Les responsables étudiants ont attiré notre attention à plusieurs reprises sur ce point. Vous savez, nous avons parmi nous des enseignants qui ont des engagements multiples parfois au service de l’Etat. Mais nous discutons avec les collègues pour que les cours ne soient plus expéditifs et qu’on consacre davantage de temps à l’explication du cours et qu’il n’y ait pas seulement remise de polycopies aux étudiants. C’est un problème dont nous avons conscience. Je pense que dans les mois, les années à venir, on va améliorer notre prestation à cet égard.

Vous avez entrepris des rencontres avec vos prédécesseurs. Quels sont vos rapports avec eux ? 

C’est une politique qui va au-delà des anciens Doyens. Cette démarche consiste à rendre hommage à tous ceux qui ont contribué à faire de la faculté de droit et de science politique, ce qu’elle est devenue aujourd’hui. Notre génération à tendance à croire que l’histoire de la faculté a commencé avec nous. L’histoire de la faculté n’a pas commencé avec nous. Moi je suis le 5ème doyen de la Fadesp mais le 9ème si l’on considère l’entité depuis sa création. Et des 9 un seul n’est plus de ce monde, paix à son âme le Recteur Nathanaël Mensah qui a été le premier doyen de notre Faculté. Il n’est plus de ce monde, paix à son âme. Sinon à part lui tous les 8 autres sont vivants. Ça veut dire que les bâtisseurs de la Faculté sont vivants. Dès lors, nous devons en profiter et tirer de leur expérience l’essentiel de leur acquis pour construire l’unité de la Faculté et son développement. C’est ce que je fais parce que je crois à la force de l’expérience et je n’ai pas peur ni honte d’apprendre par l’écoute et de m’améliorer au contact des plus anciens. C’est pourquoi j’ai avec les anciens doyens des relations de grande intimité. Quand j’ai des difficultés, je les consulte. Moi j’ai ma détermination, ma motivation et mes idées. Mais eux, ils ont une expérience de la faculté dont je n’ai pas le quart. Pendant les années que je passerai à la tête de cette faculté, je donnerai toujours à ceux qui ont bâti cette faculté leur place et je célèbrerai la mémoire de ceux qui ne sont plus avec nous.

Ce que nous avons proposé aux collègues pendant la campagne est que nous ne vivions pas coupés de la mémoire de notre faculté. J’ai proposé avec le Professeur Montcho-Agbassa que nous rendions hommage à tous ceux qui ont fait l’histoire cette faculté. Qu’est-ce que j’ai fait dans ce sens ? Quand je suis arrivé, j’ai pris un arrêté de désignation des salles et de certains locaux aux noms de ces anciens. Il faut avouer que c’est un chantier ouvert par le doyen Gbago. Nous essayons progressivement de donner à ceux qui ont permis que nous soyons là toute leur place.

Alors, quel type de doyen voudrez-vous être, en termes de style de gestion ?

Ce n’est pas mon souci de me dessiner une image. Je ne veux pas être populaire. Seulement, je n’aime pas vendanger la confiance des autres. La communauté m’a fait confiance, je dois en être digne, la capitaliser et lui montrer qu’elle ne s’est pas trompée. Donc, je suis un homme habité par les résultats et qui a les yeux rivés sur l’heure du bilan.

Dans cette perspective, je tente tous les jours d’être un doyen qui construit, qui réforme qui œuvre, pour tout dire, un doyen qui agit. En trois mois, je ne suis même pas fatigué, pourtant je suis ici tous les jours, de 8h, parfois de 7h 30 à 21 heures, voire plus tard. Vous me direz, comme certains que je ne tiendrai pas le rythme. Mais c’est le temps qu’il me faut pour mettre en place une institution avec des pratiques solides. Je me définis volontiers comme un homme de défi. Je n’aime pas tout ce qui est statique, parce que ce que les relations humaines sont perfectibles. La dynamique de l’homme est une dynamique en mouvement. Ma devise est que quiconque s’arrête peut tomber. Je suis comme l’homme à vélo. Je ne tiens en équilibre que lorsque je pédale, lorsque j’avance. Je veux mettre pour les années à venir la Faculté de droit et de science politique en régime intensif de réforme. Et j’implore l’indulgence des collègues sur la vitesse des réformes. L’immense majorité m’a donné sa compréhension et sa confiance. Malgré ça, le Vice-doyen et moi cherchons à tout moment le consensus, car vitesse ne doit pas signifier brutalité ou passage en force. Nous allons réformer, transformer, moderniser la Faculté. Mais nous allons le faire dans la flexibilité, le consensus, sans à aucun moment être pris à défaut sur les textes de la Faculté.

Comment se passe la collaboration avec le vice-doyen ?

J’ai la chance d’avoir choisi mon vice-doyen. C’est une chance formidable de l’avoir choisi. Et lui également, je pense, je parle à sa place, il m’a choisi. Nous avons fait un choix de raison. Je pense que nous avons deux personnalités complémentaires. Le professeur Montcho est un enseignant apprécié de tous les collègues. Il est modeste, serein avec une grande capacité d’écoute et une conscience de ses responsabilités. C’est un vrai plaisir que j’éprouve depuis trois mois que nous travaillons ensemble. Les relations humaines sont perfectibles.

Quels sont vos plus grands chantiers pour les mois à venir ?

Notre équipe travaille sur quelques engagements à traduire dans la réalité.

Le premier grand chantier, c’est d’accroître la capacité d’accueil de la faculté. Nous sommes dans des bâtiments exigus. Chaque doyen a essayé, mandat après mandat, d’apporter sa touche. Et nous, notre ambition c’est d’arriver à la fin de notre mandat à accroître la capacité logistique de la faculté en la dotant d’un nouveau bâtiment, le nouveau siège de la Fadesp. Nous travaillons sur un immeuble plus grand, futuriste qui projette un peu la faculté dans l’avenir. Que nous disposons davantage d’amphithéâtres, de salles de cours et surtout de bureaux pour les enseignants recrutés à la Fadesp quel que soit leur grade.

Le deuxième chantier concerne l’assurance maladie au profit des enseignants. Mon objectif est que l’année prochaine, nous réussissons à souscrire cette assurance maladie pour les collègues et leurs familles.

Le troisième chantier, nous souhaitons renforcer l’autonomie à la faculté en matière énergétique pour que les coupures de courant ne mettent pas à rude épreuve son fonctionnement. Je veux, également, mettre les services de la faculté, les bibliothèques, les salles de cours sous réseau wifi. Ce qui permettra aux étudiants de pouvoir naviguer, faire leur recherche sur tous les sites et dans tous les blocs de la Faculté.

Le quatrième consiste à repositionner la Fadesp dans le monde universitaire. Nous auditons en ce moment notre réseau de partenaires afin de rétablir le contact avec les organismes et certaines Facultés sœurs. A l’interne, notre priorité est de reconnecter la Fadesp aux ordres professionnels. Le conseil de l’ordre des Avocats est notre partenaire privilégié. Mais il y a aussi l’Association des Magistrats, les Notaires, les Huissiers, les Commissaires priseurs, les grands cabinets de conseil en droit ou en fiscalité etc. Au plan régional et international, la Fadesp intégrera le leadership de la coopération. Je crois d’ici trois ans, nous reprendrons l’initiative de la coopération en matière de recherche pour la mobilité de nos étudiants et le financement de leur recherche.

Dans 9 mois, on fera l’an un du bilan de votre mandat. Que promettez-vous à toute la communauté de la Fadesp ?

Trois choses. Premièrement, tous les efforts que nous avons fait pour rendre plus propre, plus attrayant, plus hygiénique notre cadre de travail, nous allons les poursuivre. D’ici un an, vous ne reconnaitrez plus la Fadesp. Elle sera progressivement transformée en un lieu sain, un cadre de vie agréable. Deuxièmement, au plan administratif, c’est de faire en sorte que les procédures soient plus fluides, plus fiables et plus sécurisées. Nous aimerions pouvoir faire objectivement le bilan de nos objectifs. Troisièmement, dans 9 mois, je souhaite avoir une réponse précise à trois questions : Les examens à la Fadesp sont-ils assainis, propres et débarrassés des réseaux ? Les diplômes de la Fadesp sont-ils sûrs, sécurisés et fiables ? Enfin, l’échec massif de nos étudiants aux examens a-t-il chuté ?

Ces trois chantiers, je voudrais que les collègues nous accordent le bénéfice d’en faire le point à la fin du mandat.

Réalisation: Léonce Gamaï

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