Le défi sécuritaire : une urgence pour le gouvernement Talon

Dans la tablette du nouveau président, la sécurité n’était pas prévue comme une priorité. Cinquante jours après, la donne semble changer. Comme le délestage et le chômage, elle se révèle plus qu’une priorité. C’est une urgence.

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La fréquence des braquages, l’impuissance de la police et des forces de l’ordre à arrêter la fougue des malfrats devrait amener le nouveau régime à revoir ses priorités. Car, si la tendance n’est pas inversée, la sécurité pourrait devenir un des plus gros échecs du régime en ce début de quinquennat.

En une journée, la seule d’hier, trois braquages. Deux à Cotonou et un à l’intérieur du pays. Dans les trois cas, ce sont les braqueurs qui prennent le dessus. Ils ont réussi à opérer tranquillement, abattre de paisibles citoyens, emporter argent et objets précieux avant de se volatiliser dans la nature. Les forces de l’ordre eux, arrivent souvent en retard. Les plus alertes surprennent parfois les malfrats  sur le point de départ, échangent quelques tirs avec eux sans réussir à les liquider. Ces échanges de tirs font beaucoup plus de victimes innocentes, des riverains qui reçoivent les balles perdues. Depuis près de quatre semaines déjà, c’est le lot quotidien des populations de Cotonou. Il ne se passe presque plus de jours où ces malfrats ne viennent opérer. Jamais on ne réussit à les arrêter ou  à les abattre si c’est cela leur choix. Pour se sauver la face, la police apaise les esprits par des simulacres d’opérations commando qui aboutissent aux fusillades inhumains d’hypothétiques malfrats. Ceux parmi eux qui agissent, font les braquages ne sont rarement abattus sur les théâtres d’opération. Pour ce qui est de l’intervention de la police, il est évident qu’elle n’est nullement efficace. Car, dans la plupart ou presque tous les braquages, les braqueurs arrivent toujours à s’échapper au nez et à la barbe des forces de l’ordre. Souvent même c’est dans leurs rangs qu’on compte les victimes. Et depuis la saignée continue. Les braqueurs ciblent les lieux ou les personnes qui manipulent de grosses sommes d’argent : les banques, les cambistes, les gros commerçants et les voitures de convoyage d’argent comme celle tout récemment d’un véhicule de la société 3S avec 1,2 milliard emporté. Leur mode opératoire aussi est connu : ils viennent souvent de l’Est  sur des motos, cachent des armes dans des sacs à dos, une fois sur le site, ils ouvrent les sacs sortent les armes, braquent la personne qui a l’argent, prennent les sous et s’en vont toujours à moto, passent de vons en vons et disparaissent dans la nature.

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Cela voudra dire qu’ils ont pris le temps d’étudier et de connaître les failles de notre système sécuritaire s’il y’en a un. Ils savent avec précision que ces endroits ne sont guère sécurisés et quand ils ne sont, les policiers ou gendarmes en faction ne sont pas assez vigilants. Ils savent aussi que les barrages de sécurité, les forces de l’ordre sont occupés souvent à autre chose et connaissent la défaillance du système de communication et de réaction de la police. Mais en vérité, la plus grande faiblesse affichée c’est l’incapacité en matière de formation à lutter contre cette forme d’insécurité. On doit avoir le courage de reconnaître que nos policiers ne sont pas formés pour lutter contre cette forme d’attaques avec des gens qui viennent à moto, tirent sur les gens, prennent l’argent et disparaissent dans la nature. Ces interventions ressemblent bien à des opérations commandos, elles sont éclaires, violentes.

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Le nouveau challenge pour la police

Pour réussir à éradiquer cette forme d’insécurité, la police doit d’abord se réconcilier avec elle-même. C’est un secret de polichinelle de dire que les acteurs ne s’entendent pas et qu’il existe des clans qui se combattent entre eux. Ajouté à cette dissension, le fait que la police s’est, depuis quelques années, écartée progressivement de sa mission première de lutte contre l’insécurité et s’est beaucoup plus investie dans la sécurité-spectacle, le rançonnement et les affaires. Pour donc lutter contre l’insécurité aujourd’hui, il faut aller au-delà des mesures superficielles comme les opérations Jakpata, Mamba et autres dont les actions connues sont les patrouilles et la dissuasion. Pour lutter efficacement contre l’insécurité, il faut d’abord que la police et la gendarmerie puissent tout faire pour avoir un bon service de renseignement composé de spécialistes qui font tout pour avoir les bonnes informations à temps. A cela s’ajoutent la nécessité de former les agents à lutter contre réellement contre cette forme d’attaques, de renforcer les contrôles au niveau des frontières et d’avoir des fiches sur les étrangers et les gens suspects. Tout cela demande des moyens, du temps. Mais compte tenu de l’urgence, pourquoi ne pas solliciter l’expertise internationale. S’il veut vraiment réussir son quinquennat, le gouvernement Talon ne peut ignorer la question de l’insécurité qui devient un problème de développement. La paix est la clé de tout développement. Quand il y a l’insécurité quelque part, rien ne marche à cet endroit, les activités économiques ne marchent pas et les partenaires au développement fuient. Pour que la paix règne au Bénin, il faut faire la guerre, la guerre contre l’insécurité et évider que le terrorisme n’y trouve pas un terreau fertile. Si nous savons que nous sommes à 500 petits kilomètres de Boko Haram, nous ne devons pas négliger la sécurité. Pour Talon c’est une urgence s’il ne veut pas voir son quinquennat plombé

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