Bénin : Noël Chadaré donne une « mention assez-bien » à Talon

Le chef de l’Etat, Patrice Talon vient de boucler 100 jours à la tête de l’Etat. En tant qu’acteur de la société civile, quel petit bilan faites-vous de ces 100 premiers jours ?

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Vous avez bien parlé de petit bilan parce qu’en terme de bilan, après trois mois ou cent jours, ce serait tôt de faire un bilan mais on peut déjà donner une impression générale.  Globalement, on peut dire que les 100 jours du président Talon sont satisfaisants. Parce qu’il y a du bon mais il y a aussi du moins et parfois du mauvais.

Qu’est-ce qu’il faut mettre à l’actif de ce qui est bon ?

Je dirai tout de suite qu’il y a la réduction du train de vie de l’Etat. Les charges de l’Etat sont réduites, il y a un véritable effort qui est fait pour qu’on ramène le train de vie de l’Etat à la proportion raisonnable. Parce qu’un pays pauvre ne peut pas vivre au-dessus de ses moyens. Ça fait environ 150 milliards FCFA qui ont été épargnés. C’est une action qu’il faut encourager et féliciter le président Talon. L’autre chose qu’on peut aussi souligner, c’est le courage du président Talon qui a pris sur lui la décision de faire le découpage territorial et de le traduire dans la réalité. Cela fait longtemps que nous attendons. Les autres gouvernements se sont limés les dents contre cette décision et ont baissé pavillon. Mais lui, dès les trois premiers mois, la décision a été prise. Elle est courageuse  et il faut féliciter aussi cela. Parce que désormais nous sommes en plein dans la décentralisation. Nous avons les douze départements et dans la foulée, les Préfets ont été nommés et installés. Autre chose à mentionner, c’est la suspension d’abord et ensuite l’annulation des concours avérés frauduleux. C’est une décision qui est prise juste dans la foulée. C’est une décision courageuse parce que tout le monde savait que ces concours avaient une certaine puanteur nauséeuse. On sait que des gens n’ont pas composé et sont déclarés admis, des gens n’ont pas le profil pour lequel ils ont composé et ils sont déclarés. Ce sont des choses qui dépassent l’entendement. Il fallait prendre ses responsabilités. Le chef de l’Etat avec son gouvernement a pris ses responsabilités. Voici les éléments, entre autres, qu’il faut souligner. Mais à côté de ces succès, il y a des insuccès, des choses qui nous amènent à mettre un bémol à ces 100 premiers jours. Et au lieu d’une mention bien, c’est une mention assez-bien qu’on pourra lui donner, 12-13 sur 20.

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Quels sont ses insuccès ?

Au nombre de ces choses, on a l’insécurité grandissante. Un défi sécuritaire auquel le pouvoir Talon n’a pas pu faire face pendant les 100 jours. Il n’y a pas de jour qui passe où on n’ait pas de braquage dans le pays et on l’impression que le gouvernement Talon est impuissant par rapport à la sécurité. Les deux ministres qui la charge la sécurité, celui de l’Intérieur et celui de la Défense sont restés jusqu’ici impuissants. Donc, c’est un insuccès, c’est un échec un peu pendant ces 100 jours. Autre chose à souligner, c’est cette austérité qui n’est pas partagée. On a vu qu’il y a des mesures d’austérité qu’on a prises pour réduire les charges de l’Etat. Les travailleurs ont vu certaines de leurs  primes supprimées mais en même-temps, il y a des gens (les membres de  la commission technique chargée des réformes politiques et institutionnelles Ndlr), qui ont fait seulement trente jours et se sont taillés la part du lion. Cinq cent millions pour trente jours. Des gens ont perçu 10 à 15 millions et ils sont venus justifier cela. Je ne sais dans quel pays nous sommes. En même temps qu’on prône l’austérité pour tout le peuple béninois, il y a des gens qui se la coulent douce et qui sont traités avec beaucoup de largesse. Ce n’est pas bien et moralement c’est indécent. Outre cela, on peut relever qu’il y a un déficit de communication. La gouvernance Talon frise une gouvernance à huis clos. Le gouvernement ne communique pas. C’est vrai que le pouvoir de Talon a voulu prendre le contre-pied de cette gouvernance de Yayi avec beaucoup de battage médiatique et est donc passé d’une extrémité à une autre. Ce qui n’est pas normal. On devrait pouvoir trouver la juste mesure. L’excès de discrétion est nuisible à la communication de Talon. La gouvernance Talon n’est (également Ndlr) pas inclusive. Le chef de l’Etat a dit que quand il viendra au pouvoir, c’est le critère de compétence qui sera de mise. Qu’il soit d’un camp ou de l’autre, ce qui le préoccupe c’est la compétence. Mais on a constaté qu’elle n’est pas l’indicateur prioritaire. On constate que ce sont des gens qui sont dans le pré-carré, ceux qui sont dans le premier wagon qui a porté Patrice Talon au pouvoir qui sont les premiers à être primés, à être nommés. Parfois, la compétence y est et parfois non. S’agissant de la Justice, le chef de l’Etat a dit qu’il fera tout pour que la justice soit indépendante. Mais on a vu des décisions de justice qui ont été bravée. Et quelques fois avec l’onction du gouvernement. A savoir ce qui se passe à la Fbf (Fédération béninoise de football). On a vu qu’on a laissé faire

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