Presque trois mois après l’installation du Président Patrice Talon, la rupture tarde à venir. Le nouveau pouvoir semble emprunter les pas de la continuité avec la poursuite des pratiques de mauvaise gouvernance qui risquent de mettre en péril, si on n’y prend garde, le nouveau départ tant attendu.
C’est pourquoi la CSTB donne raison et soutient les travailleurs de différents secteurs notamment ceux du ministère des finances (FéSYNTRA –FINANCES), du développement rural, de la santé, les magistrats de l’UNAMAB, les greffiers et tous les autres qui tirent sur la sonnette d’alarme pour permettre aux nouveaux dirigeants de prendre la bonne direction. Pour informer les travailleurs et le peuple, la CSTB, comme toujours, se prononcera souvent sur les différents actes de gouvernance du pays afin de les aguerrir dans la lutte pour la satisfaction de leurs revendications. Le présent communiqué de presse, qui sera suivi d’autres prises de position, s’intéresse particulièrement aux nominations.
C’est depuis les années 1985 que les travailleurs de notre pays, en lutte contre la mauvaise gouvernance, posaient déjà le problème de la nécessité de l’élection et de la révocabilité des directeurs techniques et directeurs généraux dans nos administrations et entreprises publiques.
Cette lutte a triomphé à l’université où, depuis 2005, les recteurs, les doyens et les chefs de départements de toutes les universités du BENIN sont élus par la communauté universitaire. Mais le refus de généraliser cette expérience d’élection des dirigeants aux autres secteurs de l’administration publique du pays , a fait que pendant les dix ans de règne de Boni Yayi, le pays a trop souffert des affres des nominations , placements, remerciements, qui ont eu comme conséquences le renforcement d’un pouvoir despotique , avec plusieurs centaines de milliards de dilapidés. Le président Patrice TALON a dû, lui aussi, reconnaitre le caractère nuisible, pour le pays, des nominations qu’il a inscrit dans son programme de campagne les APPELS A CANDIDATURE à faire en lieu et place des nominations. Il l’a répété et soutenu pendant la campagne électorale
Le 1er juin dernier, les travailleurs ont organisé un grand forum à la Bourse du travail de Cotonou où un accent particulier a été mis sur, entre autre, la nécessité de la représentation des travailleurs à l’Assemblée Nationale et la généralisation à tous les secteurs de l’administration publique, après l’expérience de l’université, de l’élection et la révocabilité des directeurs techniques et directeurs généraux.
Mais, comme tout le monde l’a constaté, dès son installation le nouveau Président a, semble- t-il, oublié son projet d’APPEL A CANDIDATURE et son discours sur la rupture d’avec le système de gouvernance de Boni YAYI. Les nominations actuellement opérées, dans une opacité surprenante, inquiètent les travailleurs et le peuple. La compétence n’est, apparemment, pas le critère essentiel dans les nominations. Il faut avoir, semble-t-il, mouillé le maillot ou être proche du Président ou de ses amis pour être nommé, même si on est ancien pilleur de l’économie nationale ou si on est de moralité douteuse. Ainsi, les travailleurs s’indignent et déplorent des nominations des anciens pilleurs, bien connus, des sociétés et offices d’Etat et d’autres personnes de moralité douteuse, alors que tout le peuple attend que notre Président emboite le pas au président nigérian qui a déjà récupéré des milliers de milliards de dollars auprès des pilleurs de l’économie nationale nigériane. Même les dernières nominations des préfets, représentants de l’Etat dans des départements et des communes, n’ont pas dérogé au principe de remerciement et de placement.
Où se trouve, alors, la rupture ?
Travailleur, tu t’es battu contre la recolonisation et tu as fait partir un régime d’impunité et de corruption. Mais tu commences par douter du nouveau pouvoir qui ne t’écoute pas et qui, plutôt, veut te réduire au silence en t’imposant une charte de dialogue social que ta confédération avait dénoncée avec Lionel Zinsou et Boni Yayi . Donc, ce pouvoir ne te rassure pas. Alors, reste debout, poursuis ta lutte aux cotés du peuple et participe au choix de ton directeur. Bats-toi pour te faire représenter à l’Assemblée Nationale pour que tes intérêts soient défendus. Sinon tu subiras le sort que tu as connu avec le régime de Boni YAYI
Fait à Cotonou le 30 juin 2016
Le Secrétaire Général Confédéral
Paul Essè IKO
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