Bénin : Examen et recommandations de l’Abdc sur la situation critique des enfants

Difficile accès des filles à l’école dans les zones rurales et les zones les plus reculées,  les problèmes concernant les mariages forcés ou précoces et les grossesses précoces en milieu familial ou scolaire, la traite et l’exploitation économique des enfants, la prise en charge et la réinsertion des enfants victimes de traite,  la persistance de l’impunité à l’égard des violences perpétrées contre les enfants.

Publicité

Ce sont là des situations qui ont encore cours et constituent un frein à la protection des enfants selon l’Association béninoise de droit constitutionnel que dirige le Prof Joël Aïvo. L’Abdc fait des recommandations pour aider les gouvernants à prendre des mesures adéquates.

INTRODUCTION

L’adoption récente d’une Politique Nationale de Protection de l’Enfant (PNPE) et l’élaboration de son plan d’action constituent un contexte favorable à l’établissement d’un état des lieux sur l’impact réel des mesures prises et des actions du gouvernement et des autres acteurs sur la situation des enfants.

I-Définition, enjeux et de la protection de l’enfant

Publicité

« La protection de l’enfant » est définie dans la politique nationale de protection de l’enfant comme le champ d’action publique qui regroupe l’ensemble des actions organisées et mises en œuvre par des acteurs étatiques et non étatiques pour prévenir toute forme de violences, abus et exploitation à l’égard des enfants à assurer une assistance adéquate aux enfants qui en sont affectés. »

Quant à l’UNICEF, « la protection de l’enfant » est le fait de « prévenir et de répondre à la violence, l’exploitation et les abus envers les enfants ».

La réalisation d’un environnement protecteur pour les enfants, un environnement respectueux de leur estime de soi et de leur dignité est un objectif capital à atteindre absolument, non seulement pour le bien-être, la santé et la sécurité des enfants mas pour le bien-être, la sécurité et la prospérité de la société.

 

Principes gouvernant la protection de l’enfant

Gouvernent la protection de l’enfant, les grands principes que sont :

– Le principe de l’intérêt de l’enfant

– Le principe du respect de l’opinion de l’enfant

– Le principe de non discrimination à son égard (articles 3, 9 et 12 de la convention relative aux droits de l’enfant et 3 de la Charte Africaine des Droits et du bien-être de l’enfant).

Les acteurs principaux de la protection : l’enfant, la famille, l’état, les ONG et les partenaires au développement

Les acteurs les plus importants dans la vie de tout enfant sont ses parents auxquels la responsabilité de son éducation incombe au premier chef. La Convention reconnaît le droit de la famille d’obtenir une protection et un appui, et le code de l’enfant en attente d’être promulgué indique que les père et mère ou l’un des deux, ou la personne exerçant l’autorité parentale ou tutélaire, ou toute personne ayant la charge de l’enfant ont la responsabilité et l’obligation de l’élever, de l’éduquer et de le protéger.

Vient ensuite l’Etat dont la responsabilité est d’abord constitutionnelle, et consiste selon la Convention en son article 19 à protéger l’enfant contre toute forme de violence, d’atteinte ou de brutalités physiques ou mentales, d’abandon ou de négligence, de mauvais traitements ou d’exploitation, y compris la violence sexuelle, pendant qu’il est sous la garde de ses parents ou de l’un d’eux, de son ou ses représentants légaux ou de toute autre personne à qui il est confié.

Sont également acteurs, les organisations non gouvernementales (ONG), œuvrant à la protection de l’enfant et les médias, les Agences du Système des Nations Unies en particulier l’UNICEF, le PNUD et l’UNFPA, et les autres partenaires au développement.

Enfin il a été souligné le rôle primordial de l’enfant lui-même et la PNPE pour laquelle donner l’opportunité aux enfants, surtout à ceux qui vivent dans des contextes difficiles, de s’engager dans des formes de participation authentique est aussi une stratégie fondamentale pour prévenir les comportements à risque,  veut renforcer la culture de la priorité à une participation des enfants qui englobe leurs droits d’être encouragés à s’exprimer librement, de voir leurs opinions entendues, respectées, valorisées et prises en compte, de participer directement à la prise des décisions qui les concernent et à l’établissement des règles de vie commune (à l’école, dans un groupe) » et qui soit recherchée autant que possible, dans les phases de formulation et de mise en œuvre des interventions, et constituer un critère clef des actions d’évaluation.

Etat des lieux sur la protection de l’enfant

– D’une manière générale, la situation de la protection de l’enfant au Bénin est caractérisée par :

  • un fossé entre ces bonnes dispositions et l’insuffisance des ressources, les dysfonctionnements du mécanisme institutionnel en charge de la protection de l’enfant, et un environnement socio-culturel qui demeure dans une large mesure peu favorable à une éducation qui prenne en compte les droits de l’enfant, où l’ aide de l’Etat aux familles est quasi inexistante et les mécanismes de protection sociale encore peu opérationnels,

– des cas les plus graves d’atteinte a la protection de l’enfant au Bénin, à savoir l’infanticide, le non enregistrement de l’enfant à sa naissance, la traite des enfants, l’exploitation économique des enfants, le mariage forcé de la fille, les violences physiques sur les enfants en famille et en milieu scolaire, les violences sexuelles sur les enfants.

– Des cas qui requièrent une protection spéciale, tels celui des enfants talibés, des enfants de la  rue, des enfants sorciers, des enfants handicapés, des enfants orphelins, des enfants réfugiés, des enfants dans les couvents, des enfants en conflit avec la loi, et des enfants victimes et témoins de violences.

Conclusions générales sur les résultats des travaux de l’étude

Les domaines dans lesquels les violences persistent sont :

  • L’accès des filles à l’école surtout dans les zones rurales et les zones les plus reculées,
  • les problèmes concernant les mariages forces ou précoces et les grossesses précoces en milieu familial ou scolaire,
  • la traite et l’exploitation économique des enfants,
  • la prise en charge et la réinsertion des enfants victimes de traite,
  • la persistance de l’impunité à l’égard des violences perpétrées contre les enfants.

Recommandations aux acteurs de la protection et stratégies pour un éveil des consciences en vue d’un changement des mentalités

Pour une meilleure protection de l’enfant, il faut une mise en œuvre effective, efficace et efficiente de:

– La PNPE au moyen d’un plan d’action adopté, et effectivement exécuté ;

– La Politique Nationale Holistique de Protection Sociale au moyen de son Plan d’Action, afin que l’Etat prenne enfin ses responsabilités de garant au premier chef du Bien-être des familles en particulier les familles indigentes, et celles en crise requérant une protection spéciale et une prise en charge de remplacement ;

– Toutes les autres politiques, plans d’action et programmes d’action auxquels la PNPE est rimée.

Il est en outre suggéré que soient mises au rang des priorités d’une part les recommandations faites par les institutions et organisations nationales les plus autorisées, et d’autre part les recommandations dont l’exécution va réaliser l’inclusion des enfants dans l’élaboration, la mise en œuvre, le monitoring et l’évaluation des politiques et programmes qui les concernent, celles qui vont mettre la famille au cœur de la protection la plus rapprochée de l’enfant, celles qui vont conduire le gouvernement à redoubler d’efforts dans l’allocation des ressources financières, matérielles et humaines sans lesquelles les décisions ne peuvent être exécutées, et celles qui vont engager le Ministère de tutelle et les ministères sectoriels concernés dans une action cohérente, concertée, coordonnée, qui produise à bonne date les réponses urgentes, efficaces, efficientes  et pérennes que requièrent les différentes problématiques liées à la protection.

Il est évident que les recommandations s’adressent certes en priorité au gouvernement qui en est le responsable au premier chef selon la constitution et les institutions internationales, mais chacun et tous les autres intervenants et personnes que la consultante espère que la vulgarisation de cette étude pousseront à l’engagement dans l’action.

Il est nécessaire de rappeler au gouvernement les principes opérationnels sur la base desquels il s’est engagé à mettre en œuvre la PNPE et d’insister sur la nécessité de mettre en œuvre les recommandations de la Rapporteuse Spéciale des Nations Unies sur le trafic d’enfants et la pornographie impliquant des enfants

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité