ICI c’est le BENIN : Comment Albert Tévoédjrè a réussi à piéger Patrice Talon

Beaucoup se demandent comment Albert Tévoédjrè / Frère Melchior a réussi l’exploit de décrocher le poste de Président bis de la République pour son poulain Pascal Irénée Koupaki ? Alors que ce dernier était arrivé cinquième et dernier des cinq premiers candidats à l’issue du premier tour de la présidentielle de 2016.

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En effet, seul un fourbe de la classe de Frère Melchior est capable d’une telle prouesse. Au matin de ce lundi 7 mars, l’espoir avait visiblement changé de camp et le combat d’arme. Alors, comment faire ? En homme de réflexion et d’action comme il se décrit lui-même, il a eu recours à une méthode bien connue des spécialistes du viol des foules. Ensuite, il lui a fallu trouver un leurre. Et pour ne pas laisser s’échapper sa proie, il a su, en bon intrigant, trouver des recettes.

Le viol psychique comme méthode.

Ici c’est l’activiste qui est à la manouvre. Car c’est l’activisme qui est la clef de son succès auprès de ceux qu’il séduit. Pour le comprendre, il faut avoir lu S. Tchakhotine qui dit : « Il est clair que dans le comportement de l’activiste ce sont les réflexes conditionnés à base de la pulsion combative qui jouent le premier rôle ».

Le viol psychique peut se définir comme une forme d’oppression psychique / psychologique qui se fait pacifiquement mais tout au moins souvent et utilisée à des fins de manipulation politique.

Le piège a fonctionné sans même que l’appât ait été touché

Le courrier électronique du 7 mars constitue l’instrument dont s’est servi Frère Melchior pour  piéger Patrice Talon. Un message de 30 mots envoyé à 17h39 ce lundi 7 mars par AT/Frère Melchior à Patrice Talon.  Ce dernier y a répondu le même jour à  17h57 soit après seulement 18 minutes. Incroyable !

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Le contenu du message en dit long. Cher Président Talon (alors que la date du deuxième tour n’était même pas connue), Félicitations vives et profondément sincères (félicitations par anticipation pour le caresser dans le sens des poils/flatter). Merci EXPLOITER au maximum le dossier ci-joint pour la campagne du deuxième tour (si la victoire est considérée comme acquise, pourquoi lui proposer un dossier à exploiter au maximum pour le deuxième tour et  quelle l’utilité de ce dossier ?). Merci pour votre attention et votre soutien (soutien à sa manœuvre) ! En forte union (à qui cette union est-elle utile ?) !

La réponse en 55 mots ne s’est pas fait attendre et son contenu est tout aussi éloquent.

« Bien reçu mon Président (président Melchior ?), j’en ferai un usage efficace. Je vous réaffirme (ré-affirme ?) par ailleurs mon engagement à œuvrer pour la victoire en équipe avec mon grand frère (grand frère ?) Koupaki.

Veuillez recevoir, cher Président, l’expression de ma reconnaissance pour votre action ( de quelle action s’agit-il ?) au service de notre pays et pour votre amitié  (amitié ?) à mon endroit. Respectueuses Salutations ». Patrice Talon.

Après avoir reçu cette réponse tombée en moins de vingt (20) minutes, Frère Melchior a tout de suite réalisé que Patrice Talon avec armes et bagages, venait de se jeter dans ses bras. Il devait jubiler de constater que son piège a fonctionné au delà de ses attentes. En effet, la victime n’a pas eu le « réflexe de réflexion ». C’est munis de ce réflexe que nous arrivons à choisir, à évaluer et à apprécier les idées qui nous sont adressées. Or, manifestement en moins de vingt (20) minutes, Patrice Talon n’a pu se livrer à cet exercice pourtant salutaire.

Le leurre / l’appât : le dossier à exploiter au maximum

Pas question de se perdre en conjecture sur le contenu du fameux dossier à exploiter au maximum pour le deuxième tour. Il était tout simplement destiné à appâter « la proie de choix » que représentait le bientôt premier magistrat du pays.

Les recettes : la messe privée du 18 mars célébrée par Mgr Ganyé, Archevêque.

Ce serait faire preuve de naïveté que de penser un seul instant que c’est fortuitement que les couples (Talon, Koupaki, Ajavon et Tévoédjrè) s’étaient retrouvés autour de l’Archevêque pendant sa messe privée en son oratoire. Et par hasard, à l’issue de ladite messe, l’Homme d’Eglise a obtenu de Patrice Talon sa disponibilité à rencontrer Boni Yayi. En réalité, tout a été soigneusement préparé par Frère Melchior qui a sans doute distribué les rôles et l’archevêque était bel et bien dans le coup pour renouer les fils entre deux anciens amis devenus ennemis jurés. N’allez pas chercher loin. L’inspirateur de cette rencontre « fortuite » n’est autre que le chef de l’Etat sortant qui aurait juré ne jamais passer le relais à son ancien ami. Et pour Patrice Talon, l’occasion était bien tombée pour faire manger son chapeau à son ennemi Boni Yayi.

La formule utilisée par Frère Melchior « la graine du succès et de la paix par un autre chemin était mise en terre… » etc. cf. page 44 ne fait qu’annoncer la suite, une suite riche en épisodes.

Ce n’était que le début de l’opération dont le but final, à défaut d’une loi d’immunité personnelle au profit de Boni Yayi, d’amener son successeur à s’engager à ne pas le poursuivre lui et ses acolytes pour les nombreux scandales financiers auxquels son double quinquennat a donné lieu.

La visite à Lomé le  28 mars de Patrice Talon chez le président togolais F. Gnassingbé et la réconciliation B. Yayi et P. Talon le 18 avril à Abidjan.

C’est ce qui peut justifier la rencontre éclair de Lomé pour préparer celle de la réconciliation à Abidjan. Ces deux capitales n’avaient pas été choisies par hasard ou encore en relation avec le Conseil de l’Entente comme on a tenté de nous le faire croire. Sinon, comment comprendre l’absence des chefs d’Etat du Burkina Faso et du Niger ? Frère Melchior était à la manœuvre pour jouer sur un des quatre leviers qu’il maîtrise parfaitement, en l’occurrence celui de témoignage.

Lomé parce que pendant plusieurs années, de 1994 à 2006, Boni Yayi y a été en poste en qualité de directeur de la Banque Ouest Africaine de Développement donc très influent auprès des Gnassingbé. C’est à bord de l’avion présidentiel togolais qu’il s’est rendu à Abidjan.

Abidjan parce que Frère Melchior y a été en poste comme Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies (ONUCI) de 2003 à 2005 puis président de l’Association des Médiateurs des Pays Membres de l’Espace Economique et Monétaire Ouest-Africaine (AMP-UEMOA) de 2008 à 2012. Lui aussi très influent en Côte d’Ivoire.

A présent, un peu d’arithmétique. A bien compter, l’on s’aperçoit que du 7 mars (envoi du courrier électronique) au 18 avril (rencontre de réconciliation à Abidjan), il s’est exactement écoulé quarante et un (41) jours. Ce qui se traduit dans notre cosmogonie par « KANDE LISSA » avec tout ce que représente cette symbolique !

Après la rencontre d’Abidjan, on peut affirmer sans se tromper que le piège s’est définitivement fermé sur Patrice Talon qui se retrouve désormais dans un puits sans fond.  

Quant à Boni Yayi, non content d’avoir mangé son chapeau le 6 avril, c’est manifestement en position de faiblesse qu’il est allé à Canossa à Abidjan le 18 du même mois. Devant la presse internationale, l’échange d’amabilités entre le président sorti (B. Yayi) et le président entré (P. Talon) est fort instructif. Le premier de dire « Il y avait cette  complicité entre mon frère le président Patrice  et moi-même, c’est une complicité que nous dévoilons aujourd’hui, une complicité positive… Entre Patrice et moi, nous étions des amis, nous demeurons des amis et nous resterons toujours des amis ceci non seulement dans l’intérêt du peuple béninois mais encore dans l’intérêt de notre sous-région. » Des propos confirmés par le second qui a joute à son tour : « Le président Boni Yayi a tout dit… Je lui fais le serment d’être un bon président… Les intrigues de la compétition politique ne prendront pas le pas sur nos responsabilités d’œuvrer pour la paix… Au Bénin, au pays, j’espère que nous allons nous voir souvent pour déjeuner ensemble et rigoler, évoquer les problèmes de la nation avec détachement sans compromettre la compétition politique et la liberté de la presse » pour conclure à l’adresse des chefs d’Etat du Togo et de Côte d’Ivoire « je vous fais la promesse de tenir mon engagement ».

En conséquence, la non poursuite de Boni Yayi et consorts avant la fin du présent quinquennat vaudra alors confirmation dudit complot.

Au moment où le scandale PETROBRAS au Brésil est sur le point de rattraper l’ancien président Lula da Silva et menace d’être définitivement écartée du pouvoir la présidente Dilma Rousseff, est-ce vraiment raisonnable,  responsable de prôner et d’œuvrer comme l’a fait et continue certainement de le faire Albert Tévoédjrè/Frère Melchior en défendant le pardon à tous, pour tous et à tous les étages ?

En effet, après son fameux « le peuple sait pardonner », il est revenu à la charge avec une nouvelle formule : « La voie est ainsi ouverte pour le « pardon à tous », pour l’extinction de la folle inimitié à vie. Le 6 avril, le gouvernail sera transmis dans la dignité. Bravo ! »

Pourquoi cet entêtement ou cette insistance ? Il y a urgence à lui poser la question.

En attendant, l’on a envie de rappeler à Albert Tévoédjrè ce qui suit. « Dieu compte sur le pécheur, tremble pour lui, dans l’attente qu’il s’amende et, tel l’enfant prodigue, vienne s’écrouler entre ses bras. »

Conclusion du piège (monté de toutes pièces par Frère Melchior) dans lequel Patrice Talon est tombé.

1° Premier résultat du piège au profit de Frère Melchior : PIK ministre d’Etat et secrétaire général de la présidence de la République (Président bis) et un autre ministre. Désormais, l’As de PIK / PIQUE est dans le jeu. Or, l’As de pique a une signification.

La combinaison de « KANDE LISSA » et l’As de PIQUE (cf. cartomancie) n’augure de rien de bon pour le mandat de Patrice Talon.

2° Deuxième résultat (à court terme) au profit de Boni Yayi absous ainsi que tous les autres gros poissons impliqués dans les nombreux scandales. C’est en quelque sorte la réédition de 1991 (la loi d’immunité personnelle accordée à Mathieu Kérékou).

3° Troisième résultat, le seul et unique perdant en fin de comptes : le PEUPLE béninois, le dindon de la farce qui aura été grugé et floué.

Au total, le président Patrice Talon est pris dans un piège sans fin. D’une part, il est sous haute surveillance par Janus, et d’autre part, il joue sa crédibilité. En effet, le premier point sur lequel il sera jugé et qui lui vaudra son entrée au panthéon de la Nation : la fin de l’impunité. Les deux points sont liés car tant que le nouveau chef d’Etat n’aura pas les mains libres, il n’obtiendra pas de résultats probants et tangibles.

Ainsi, le piège pourra se transformer en véritable complot contre la Nation béninoise. Mais on en n’est pas encore là.

D’ores et déjà, avec le succès du piège, l’on comprend que Frère Melchior ait déclaré : « Et maintenant, je me sens libre (liberté du renard dans le poulayer ?) et soutenu (sans doute par ceux qu’il a placés au cœur du pouvoir) ». Lui qui se vante à la quatrième de couverture de sa compilation « ICI c’est le BENIN », de « n’être le valet ou l’esclave d’aucun pouvoir, l’otage d’aucun réseau, d’aucun système » peut se frotter les mains pour avoir réussi à faire de Patrice Talon, son otage ou à tout le moins son obligé en le mettant face à un véritable nœud gordien.

A présent, le président Patrice Talon doit se demander s’il a raison de faire et de continuer à faire confiance à Albert Tévoédjrè / Frère Melchior ? Car en affaires comme en politique, trompe qui peut. Il doit méditer sur la formule suivante : FIDE , SED CUI VIDE ! (Fais confiance, mais prends garde à qui ?).

Paris-Ile-de-France, le 11 août 2016
Emilien d’ALMEIDA, msa.

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