Bénin : l’hommage de Tévoédjrè à Emile Derlin Zinsou

Le jeune militant, représentant de la Fédération des Etudiants d’Afrique Noire en France était fier d’être salué au Congrès du PRA à Cotonou en 1958, par Emile Derlin Zinsou , Secrétaire général de ce Mouvement porteur des espoirs d’une indépendance très recherchée .

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Médecin de formation, très attentif à tout ce qui touchait à sa patrie et à l’Afrique, ce qui le portait à récuser la langue de bois pour s’enfermer dans une rigueur méthodique, Emile Derlin Zinsou est probablement le plus brillant de tous les chefs d’Etat que le Dahomey d’alors a connus, quand bien même son règne, à la tête de ce pays, de juillet 1968, à décembre 1969, soit dix huit mois, aurait été de très courte durée.

Envahi par un sentiment indescriptible et spontané d’appartenance à ce quartier latin de l’Afrique que fut jadis le Dahomey, on prenait du plaisir à entendre ce fils d’instituteur manipuler, avec aisance, la langue de Rabelais et à l’écouter discourir. Il communiquait à merveille, parce qu’il savait capitaliser son addiction à la culture, au sens le plus large et le plus noble du terme, au point où l’on peut dire aujourd’hui, sans risque de se tromper, comme il aimait à le reconnaître lui-même, qu’il était plus administratif, homme de lettres et politicien que médecin ; sa carrière médicale ayant été très tôt mise entre parenthèses.

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Dans son post face de l’ouvrage intitulé Par delà toutes frontières publié par nos soins, il écrivait : « les valeurs de pensée et d’action auxquelles nous adhérons( Albert et moi), font de nous des frères d’engagement autour de personnalités telles que : Léopold Senghor, Kwame N’Krumah, Joseph Ki Zerbo, Aimé Césaire, Julius Nyerere et les premiers témoins de l’exemplaire dévouement des disciples de Marion de Brésillac, Moise Durand, proche parent et tuteur, ainsi que l’illustre Cardinal Berardin Gantin, ami et frère depuis toujours ».

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Au Bénin, au nombre de ceux de sa génération qui avaient le privilège d’appartenir à son cercle d’amis, quelques noms me viennent à l’esprit, difficilement dissociables du parcours de cet homme et dont il faut également célébrer le mérite aujourd’hui. Ce sont le Cardinal Bernardin Gantin et l’ehnologue Alexandre ADANDE .. Mais aussi, je tiens à les citer : Antoine Boya , Idelphonse Lemon, Badarou Daouda , Sanislas Kpognon, Emile Paraïso ..

Même si je n’ai pas été membre du parti, du Président Zinsor, je n’étais jamais bien loin de ce milieu, du fait de notre compatibilité, de tout ce qui nous liait, parce que partageant le plus souvent les mêmes amis et, à bien des égards, les mêmes idéaux de vie. C’est d’ailleurs ce qui m’a motivé à toujours rechercher et négocier son parrainage pour les décorations nationales dont j’ai été honoré.

Une chose m’a toujours émerveillé chez cet homme : c’est sa finesse et son sens de discernement. A la Conférence nationale de février 1990, plusieurs candidatures au poste de Président se profilaient et se bousculaient dans les coulisses. Il importe d’admettre que je n’étais ni étranger, ni insensible à ces tractations. C’est le président Emile Derlin ZINSOU qui, au cours d’un tête-à-tête discret mais sincère, m’a finalement convaincu d’être le Rapporteur général de cette grande concertation nationale. « Prenez en charge le rapport général de la conférence nationale et vous verrez » m’avait-t-il assuré. Mon nom n’a plus été prononcé pour la fonction de Président de la Conférence nationale. Mieux, nous fumes tous heureux de bénéficier du génie fraternel d’Isidore de Souza .Davantage les béninois et moi-même savons aujourd’hui, que je n’ai pas à regretter d’avoir assumé la fonction de Rapporteur général de la Conférence nationale.

Et c’est à ce sujet que je voudrais solliciter l’attention de tous et de chacun à chercher à aller à l’essentiel, à privilégier le long terme sur le court terme immédiat et fugace, , à donner priorité à tout ce qui est pérenne et qui dure dans le temps, plutôt que de se laisser appâter par tout ce qui brille, par tout ce qui attire, par les apparences qui ne sont que mirages.

J’apprécie les hommages sincères, dignes et sobres qui lui sont offerts par sa famille, ses amis et son pays .Il les mérite amplement et rappellent ceux vécus par Léopold Sédar Senghor , son ami de toujours . Pourquoi rappeler Senghor ? Parce qu’un lien subtil nous rassemble en fraternelle communion. Ma dernière visite à Emile Derlin Zinsou était pour dire avec lui un « Notre Père »fervent comme j’en eus le privilège avec Senghor quelques années plus tôt au « Carmel de la Paix », loin d‘ici. peut-être, mais en terre sans frontières où rayonne « le bonheur de servir »…LA PAIX !

A bientôt donc, Monsieur le Président …

OUI, dormez en paix ! Obtenez- nous la grâce de la paix !

Albert TEVOEDJRE (Frère Melchior, SMA)

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