Des petits ruisseaux pour un grand Bénin

Qui vise le succès s’oblige à voir grand et à voir loin. Il est tout à l’opposé des minimalistes, des misérabilistes, des adeptes du minimum. Mais voir grand, voir loin n’empêche pas de commencer petit. C’est, du reste, l’ordre de la nature. Qu’il suffise d’être déterminé à grandir, à avancer. Le plus long des voyages commence par un tout premier pas.

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Le Bénin ne peut faire l’économie de ce principe. Il a valeur d’une loi. Ceci, dans l’esprit et dans le sens du proverbe bien connu :   « les petits ruisseaux font les grandes rivières. » Nous rêvons d’un pays prospère où l’abondance rime avec opulence. Un pays servi et desservi par des infrastructures de dernière génération. Un pays où l’homme a conquis sa vraie place, en droit et en devoir. Parce qu’il a su faire prévaloir l’infinie richesse de l’être sur l’insolence sotte de l’avoir.

Mais ce beau rêve, par ailleurs légitime, ne se réalisera que pierre à pierre, brique après brique, un pas après un autre pas. Ce qu’atteste avec justesse la sagesse des nations : (Citation)   « C’est le va et vient qui fait le nid » (Fin de citation). Le Bénin de nos rêves est déjà présent dans de multiples initiatives que nous devons prendre aujourd’hui même, ici et maintenant. Il n’est que temps de nous jeter à l’eau.

La promotion de nos langues nationales doit être vue comme un facteur de développement. Fini le temps où nous nous cachons derrière le nombre de ces langues pour en dénier l’utilité. Aucun peuple au monde ne s’est développé avec ou à partir de la langue des autres. Tout développement a une âme. Et le canal d’appropriation de cette âme par un peuple, c’est sa langue, ce sont ses langues. Hors de là point de salut.  Pourquoi la décentralisation ? Pourquoi avoir délocalisé le pouvoir du centre à la périphérie, de Cotonou à la base, si nous devions continuer d’exprimer notre être profond avec des mots qui trahissent nos pensées, avec une langue d’emprunt ?  

Plus de 56 ans après nos indépendances, nous continuons d’évacuer nos grands patients vers des cieux étrangers. Ceci à prix d’or. Ceci au grand dam de nos spécialistes. Comme s’ils étaient condamnés au triste destin de « bras coupés » ou de médecins accompagnateurs. Nous avons des hommes et des femmes de métier. Ils ne demandent qu’à s’illustrer et à illustrer leur raison d’être et de vivre. Il est temps d’affirmer la volonté politique de doter notre pays d’un plateau technique à la hauteur de nos besoins. C’est une question de souveraineté. C’est une question d’autosuffisance. C’est, en définitive, une question de développement. La santé d’une population n’a pas de prix.

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Ouidah, notre « Gléhoué », est de par son histoire, un point nodal dans les relations transatlantiques. Dans son sommeil provoqué et entretenu, Ouidah continue de parler, Ouidah continue d’interpeller. Et la conscience de l’Afrique, de l’Amérique et du monde résonne de sa parole muette. De deux choses l’une : ou nous manquons d’imagination ou nous manquons d’ambition. Au cas où on l’ignorerait, Ouidah, c’est de l’or en barre. Il est temps de réveiller Ouidah. Dans la plénitude de ce que fut son rôle, sa place sur les routes de la traite négrière. Dans la reconstitution de notre mémoire collective. Dans l’appropriation de notre part symbolique d’un bien universel. Les Sénégalais l’ont compris. Goré en témoigne à suffisance.

L’artisanat est un gisement de créativité et d’opportunités.  Mais à condition d’être politiquement inventif et imaginatif. Un pays africain vient de décréter que ni meuble dans l’administration, ni table, ni banc dans les écoles ne serait l’œuvre d’artisan ou d’industriel étranger. Le même pays opte pour l’acquisition de machines agricoles à l’étranger, à charge pour lui de les faire assembler sur place par ses artisans. Mobilisation immédiate d’une kyrielle de soudeurs, de ferrailleurs, de chaudronniers. Beaucoup d’argent à la clé. La fierté nationale en sus.

Enfin, le football. Pour faire court, fermons les vannes de nos espoirs déçus, faisons rentrer au garage, pour trois, voire cinq ans cette discipline sportive. Tout est à dévisser. Tout est à déboulonner. Tout est à démanteler. Mobilisons nos intelligences. Activons ce que nous avons de bonnes volontés. Nous sortirons de nos ateliers un football neuf, étincelant, conquérant. Voilà comment, avec des petits ruisseaux par-ci, par-là, nous traçons l’architecture du grand Bénin de nos rêves

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