Bénin : Gmr, dernière fabrication d’un transhumant

Prénom : Fred, Nom : Houénou, profession : transhumant politique. Age : la trentaine. Signes particuliers : obésité avancée.  Telle est l’identité de l’opposant numéro deux au régime Talon.

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Samedi dernier, Fred Houénou a fait une énième déclaration politique où il a crânement choisi de faire l’opposition à Patrice Talon. Posture plus digne que celle présentée ces dix dernières années où on l’a vu nager dans toutes les sauces, allant de l’opposition à la mouvance et vice-versa. Au  cours de cette kermesse, il a dénoncé l’apathie du gouvernement face à la crise économique qui secoue le pays. « Aucun programme de réformes n’a été proposé pour sortir le pays de son marasme », a-t-il déploré. Accoutumé aux mièvreries, il a accusé Talon de « transformer la démocratie en un état « Patrice Talon et compagnie », allusion aux décaissements faits pour rembourser les créances vis-à-vis des sociétés cotonnières appartenant naguère au président Patrice Talon.  Il est heureux de voir le néo opposant  critiquer le régime Talon. Pendant les dix ans de Boni Yayi, il a joué au griot en tant que porte- parole des « fous du roi », un groupe de jeunes fanatiques du régime nourris et graissés par les ressources que l’on sait désormais provenues de l’argent de la filière des véhicules d’occasion. Dix ans au cours desquels il s’est rendu tristement célèbre s’en prenant vertement au président Adrien Houngbédji, bête noire du régime du changement en ces temps-là. Pour le récompenser pour ce sale boulot de dénigrement du leader des Tchoco- tchoco, Yayi l’a promu, presque à la fin de son mandat conseiller technique à la jeunesse, poste qu’il a tergiversé un moment avant de prendre. Au regard de cette grille chronologique, Fred Houénou n’avait pas beaucoup de choix. L’option faite de jouer à l’opposant apparaît comme l’ultime perspective pour sauver la face. D’ailleurs, c’est paradoxalement dans ce choix qu’il y a encore du pain et du miel au regard de l’extravagance et de la prodigalité affichées par ceux qui, comme lui, ont choisi de faire l’opposition à Talon.Très ingénieux dans la fabrication des machins politiques, Fred Houénou crée un mouvement à acronyme assez significatif le Gmr. Ce qui signifie : « Galion des mousquetaires pour la république ». Ce nom résonne fort dans les oreilles des Dahoméens d’hier. En effet, le Gouvernement militaire révolutionnaire(Gmr), c’est le nom choisi par la junte militaire qui a pris le pouvoir le 26 octobre 1972 après avoir renversé le Conseil présidentiel. Le général Mathieu Kérékou- de regretté mémoire- en était l’inspirateur et le chef. Lancé en politique dans les années  2005 et 2006 alors que le dernier quinquennat de Kérékou tirait à sa fin, Fred Houénou s’est fait remarquer en soutenant en son temps une révision intéressée de la Constitution pour rallonger le dernier quinquennat du  général.

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Il avait crée pour la circonstance le Mames. Le nouveau Gmr semble être créé pour perpétuer le nom du gouvernement qui a porté son mentor au pouvoir. Et voilà l’ancien « fou du roi » devenu « mousquetaire ». Le jeune trublion, obèse et peu athlétique est-il courageux et adroit pour manipuler un mousquet ? On a bien l’impression qu’il est  tombé dans un monde qui n’est pas le sien. Bon vivant, il a gravi tous les grades du marchandage politique et bat le record du jeune politicard le plus transhumant de l’ère démocratique béninoise. On l’a vu passer chez Mathieu Kérékou, chez son fils Wilfried, chez Kamarou Fassassi, chez Valentin Houdé, sans oublier Boni Yayi. Tour à tour, il a créé le Mames, le Rnjb, l’Ujpb et enfin le Gmr. Il a été fou du roi, après progressiste puis enfin mousquetaire. Trop d’infidélités politiques et d’errements pour un jeune de son âge. A chaque fois qu’il veut se donner une nouvelle visibilité politique, il crée un nouveau mouvement politique qui lui permet de continuer son business.  

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Son mode opératoire n’a guère changé : commencer par critiquer pour finir par être récupéré. Cette approche pourrait ne pas marcher sous Patrice Talon. Surtout que l’intéressé ne dit rien d’autres que la rhétorique classique usitée par les thuriféraires du régime défunt. Ce disque rayé pourrait ne pas trop attirer l’attention de Patrice Talon insensible aux jérémiades des marchands politiques

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