Réinventer le débat

Qui a soutenu que c’est de la confrontation des idées que jaillit la lumière ? Qui a recommandé, pour une interaction sociale dynamique et fructueuse, de frotter cervelle contre cervelle   ?

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Aujourd’hui, au Bénin, nous préférons cogner verre contre verre dans d’interminables beuveries. Nous préférons nous cogner, au propre et au figuré, dans divers cercles d’intérêts.  Disons-le, sans risque de nous tromper, le débat, c’est fini ! Comme si nous nous refermons sur nous-mêmes. Comme si nous nous sommes passé le mot de ne plus souffler mot.

Ce refus d’échange sur des sujets d’intérêt, cette fermeture à toute recherche de vérité, idées contre idées, arguments contre arguments, voilà ce que les Béninois partagent le mieux. Plutôt les cancans de buvettes, les ragots de marchés, les informations sans source connue des réseaux sociaux. On ne raisonne plus. On résonne de tout et de rien.  

Il importe de sortir de ce trou noir, de réinventer le débat.  Débat dans tous espaces soumis à l’impératif de voir jaillir la lumière. Débat partout où s’imposent une saine confrontation des idées et la nécessité de frotter cervelle contre cervelle.

Débat entre soi et soi. Seul, dans l’antre secret de sa conscience, en quête de sa vérité, de la vérité. Sans juge, mais confronté à son propre jugement. Sans témoin, mais confronté à son propre témoignage. Avec la rigueur et l’honnêteté nécessaires.

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Débat dans la famille. Aussi bien sur des sujets propres à cette toute première cellule sociale que sur des sujets généraux qui touchent à la santé présente et future du pays. Tout, ici, doit être ouvert et rien ne doit être tabou. C’est la seule façon   d’écarter ce qui tend à devenir une querelle intergénérationnelle parents/enfants. C’est l’unique moyen d’arrêter la menace d’une dépersonnalisation intégrale, parents et enfants devenant des étrangers qui s’obligent à vivre sous le même toit. C’est la seule manière de préserver la chaîne des générations de traumatisantes secousses, de fatales ruptures.

Débat à l’Ecole. Entre apprenants. Ils ont tant à se dire sur la foi de leurs intérêts communs.

  • Entre enseignants. Ils sont condamnés à harmoniser leur vision sur et autour de l’œuvre commune d’enseignement et d’éducation.
  • Entre autorités académiques. Elles ont la responsabilité d’adapter, de modeler, d’ajuster sans cesse. Car l’école n’est pas une réalité figée. Elle est une entité vivante, flexible. Elle se doit d’épouser les contours d’une société en mutation continue et rapide.
  • Entre parents d’élèves et d’étudiants. Ils ne doivent ni se croire ni se faire de simples appendices du système éducatif. Leur responsabilité est engagée. Leur contribution est exigée.
  • Débat, enfin, entre tous les partenaires du système éducatif. Si cela avait été le cas, nous aurions fait l’économie d’une crise, celle qui, actuellement, frappe l’université, celle qui en paralyse le fonctionnement.

Débat dans les entreprises publiques et privées. L’armée, par exemple, n’y échappe point, même figée dans le garde à vous de « la grande muette ». Un débat global qui implique les chefs et leurs collaborateurs, sans exclure le public-client. C’est ici que la notion de service prend tout son sens. Parce qu’on doit connaître qui l’on sert. Parce qu’on doit se préoccuper de la qualité du service à rendre ou rendu. Parce qu’on doit prendre l’avis du bénéficiaire du service. Parce qu’on doit chercher et trouver ensemble les voies et moyens d’une amélioration constante et continue du service.

Débat sur les lieux de culte. Pour nous éviter ce triste spectacle dans lequel Dieu est débité en tranches, puis vendu aux enchères comme une vulgaire marchandise. Que le fidèle qui ne comprend pas soit autorisé à interroger. Que le fidèle qui bute sur des écueils fasse part de ses doutes. Que le fidèle qui veut approfondir sa foi s’inscrive dans une logique de recherche de la vérité. C’est dans le débat, dans l’échange confiant qu’il trouvera de bonnes réponses à ses interrogations, qu’il échappera au triste destin d’un perroquet ressassant son catéchisme.

Débat partout où besoin est et sera. Parce que nous avons compris que la lumière doit être notre loi. Parce que la vérité doit être notre raison de croire et d’espérer. Pour sûr, c’est la seule et unique chose qui ne doit pas faire débat

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