Professeur Salami sur la décision contre les étudiants: «C’est une dérive gouvernementale […]»

Les réactions sur la décision gouvernementale contre les étudiants s’enchainent. Et aux nombreuses voix condamnant la mesure du gouvernement, s’ajoute une nouvelle, celle du Professeur Ibrahim Salami.

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Aux micros de nos confrères de Fraternité, le Professeur agrégé de droit administratif a opiné sur la décision d’interdiction des activités des organisations et associations estudiantines et a fait observer que cette dernière n’est pas conforme à la loi. « En tant que vice-doyen honoraire de la Fadesp, je reconnais qu’il y a un vrai problème de violences sur nos campus, surtout celui d’Abomey-Calavi. Il est déjà arrivé que nous les enseignants, nous ayons peur d’aller sur le campus par crainte, d’être agressés. C’est un problème récurrent auquel une solution appropriée doit être apportée. Mais cette réponse ne peut être appropriée si elle n’est pas légale. Et c’est le cas de la décision du gouvernement de la rupture. Cette décision est à la fois illégale, inconstitutionnelle et inopportune », a analysé Professeur Salami. « Illégale parce qu’une restriction aussi importante et aussi grave ne peut être apportée que par une loi. Et même cette loi doit être soumise au contrôle de constitutionnalité de la cour constitutionnelle. Un décret encore moins un relevé du conseil des ministres ne peut remettre en cause une liberté constitutionnellement garantie. Et c’est en cela que la décision est inconstitutionnelle. Enfin, la décision du gouvernement est inopportune parce que, au lieu de régler le problème, elle va l’aggraver », a expliqué l’ancien Vice-doyen de la faculté de droit de l’Université d’Abomey-Calavi. L’enseignant de droit administratif estime que la décision gouvernementale est liberticide et aura pour effet de mobiliser la lutte estudiantine et syndicale contre le gouvernement.

« J’ai l’impression que le gouvernement de la rupture veut rompre avec notre idéale démocratique. Au lieu de faire baisser la fièvre, le gouvernement veut casser le thermomètre. (…) J’ai le sentiment que ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui veulent obstruer le chemin qu’ils ont emprunté pour conquérir le pouvoir», a analysé Me Salami qui fait observer que  les libertés associatives, syndicales et de réunion qui ont valeur constitutionnelle ont été ‘’violemment violées’’ par le gouvernement.

Pour Me Ibrahim Salami la décision du régime de la Rupture est simplement « une dérive gouvernementale attentatoire à l’État de droit » et « digne d’un régime dictatorial et d’une République bananière ». Ceci, encore plus parce qu’elle est générale- parce que s’appliquant sans réserve et sans nuance à toutes les universités nationales- et absolue en ce qu’elle n’est même pas limitée dans le temps. Selon Professeur Salami, cette décision « nous ramène en arrière de plus de trente ans ». Pis, elle est « un très mauvais précédent qui n’honore pas notre pays ».

« Si on n’y prend garde, ce gouvernement interdira bientôt sous des prétextes fallacieux, les activités des partis politiques », a averti Me Salami qui pense que la veille citoyenne est plus que jamais nécessaire.

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