Bénin : Comment le régime Talon prend des allures autocratiques

Sous prétexte de vouloir en finir avec une certaine « recrudescence des faits de violence et de vandalisme et pour des raisons qui sont inhérentes à l’ordre public », le régime Talon a heurté la sensibilité des Béninois en annonçant ce mercredi 05 octobre l’interdiction d’activités pour les fédérations, unions, associations et organisations faitières dans les universités nationales du Bénin. Une décision qui rappelle de mauvais souvenirs et dégrade l’image du pays.

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Le Bénin sombre-t-il à nouveau dans l’autocratie ?  Le régime de l’homme d’affaires Patrice Talon installé il y a six mois, vient de se révéler liberticide. Selon la décision du Conseil des ministres en sa séance du 05 octobre, les étudiants béninois ne sont plus libres de manifester dans les universités nationales du Bénin. « Face à la recrudescence des faits de violence et de vandalisme et pour des raisons qui sont inhérentes à l’ordre public, le Conseil a pris les deux décisions suivantes. La première : toutes les fédérations, unions, associations ou organisations faitières d’étudiants sont interdites d’activités dans toutes les quatre universités nationales. Deuxièmement, les conditions d’exercice des activités et/ou de reconnaissance des associations d’étudiants sont définies par décret pris en Conseil des ministres » a annoncé sans coup férir, le ministre d’Etat, Secrétaire Général à la présidence dans son point de presse.

Coup dur à la liberté d’association et d’expression

Par ces temps de grands chamboulements sur le continent africain, le Bénin demeure jusqu’ici, un des rares pays à se démarquer par le respect scrupuleux des libertés individuelles et associatives, gages de la bonne santé de sa démocratie. Par cette décision abracadabrantesque, les nouveaux dirigeants du pays viennent de trahir la confiance du peuple. En témoignent de nombreuses réactions farouches et spontanées des responsables syndicaux, d’Ong dans les heures qui ont suivi l’annonce de la mauvaise nouvelle. «Cette décision et la prise d’un décret qui consacre l’interdiction d’activités des fédérations, unions, associations ou organisations faîtières d’étudiants dans toutes les universités nationales du Bénin, violent l’article 25 de la Constitution du 11 décembre 1990 du Bénin » alerte  la Fesyntra-Finances qui sonne l’olifant pour donner l’alerte d’un danger imminent contre les organisations syndicales du pays : « Cette décision illégale, arbitraire et illégitime est une épée de Damoclès sur les organisations syndicales et même des partis politiques. C’est pourquoi tout démocrate doit la combattre de toutes ses forces tout de suite. Plus tard, ce serait dommageable pour la pleine jouissance des libertés démocratiques aussi bien collectives qu’individuelles, ce qui serait une injure à la mémoire de tous les martyrs et combattants de la liberté ».  Avec le même ton grave d’un échaudé, Emmanuel Zounon, Secrétaire général de  l’Unstb donne l’alerte de « la patrie en danger ». Il assure que « La liberté est en danger » et que « les étudiants rentrent dans le maquis ».

Etudiants fautifs mais…

Pour rappel, tout est parti des manifestations des étudiants protestant contre la suppression de session de rattrapage dans cette faculté. Certes, dans l’effervescence, des étudiants ont posé des actes déplorables, mais pas à la hauteur des sanctions rigoristes qui leur ont été infligées. Déjà, il faut signaler que dans les universités du Bénin, le système Lmd est appliqué dans des conditions dégradantes pour l’apprenant. C’est à cela que devrait s’ajouter la suppression de la session de rattrapage. A l’analyse des arguments avancés par le gouvernement, la dégradation de la sécurité au campus n’est pas si fondée que ça, en dépit de quelques vidéos de manifestations violentes. « comment sur un campus déjà assiégé par les militaires, policiers, gendarmes et agents de renseignement avec le matériel d’écoute que le nouveau gouvernement aurait acquis, on ne peut pas mettre la main sur les soit – disant étudiants qui recruteraient des anciens militaires et délimiteraient des zones interdites où serait pratiquée la torture, et à présenter comme preuves justifiant la décision ? » interroge la Fesyntra-Finances de Laurent Mètognon pour qui « Il s’agit là encore d’un aveu d’impuissance du gouvernement de la rupture pour le nouveau départ, de garantir la sécurité des citoyens ». L’insécurité dont on parle est un problème qui prend de l’ampleur depuis l’arrivée du Régime dit du Nouveau Départ qui semble amorcer un virage vers l’autocratie

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