Affaire Ajavon : Les non dits du procès

L’affaire des « 18 kg de cocaïne pure »- pour utiliser l’expression du capitaine Tchilao – a connu son épilogue vendredi tard dans la soirée. A l’issue d’un long procès de près de dix heures, le magnat de l’agro-alimentaire, Sébastien Ajavon et ses trois co-accusés ont été relaxés, après huit jours de garde à vue.

Publicité

Si le procès a permis de libérer le patron des patrons béninois et le peuple très préoccupé par la stabilité du pays, il n’a pas manqué de laisser de profondes séquelles qui prendront du temps pour se cicatriser et enterrer avec elle une grosse part de mystères. On ne comprendra jamais pourquoi Sébastien Ajavon a été gardé pendant huit jours en garde à vue. L’intéressé présente des garanties de représentation et aurait pu être mis sous convocation. On ne comprendra jamais tout ce zèle militaire autour de l’affaire avec la militarisation à outrance de la compagnie de gendarmerie où il était placé en garde à vue et le tribunal où il devrait comparaître. Pourquoi avoir traîné pendant huit jours avant de le présenter au procureur, alors que le rapport de la commission d’enquête mise sur pied pour fouiller cette affaire n’a visiblement rien révélé de nouveau qu’on ne savait déjà, au vu du déroulé du procès. L’autre grand regret c’est que le procès lui-même n’a pu apporter les clarifications souhaitées sur l’affaire. Pendant près de dix heures qu’a duré ce procès, l’accusateur n’a pu apporter la moindre preuve susceptible d’accabler ou à tout le moins de confondre Sébastien Ajavon. Au contraire, tout semble concourir à dire qu’il est victime d’une conspiration visant à le détruire. Et pour cause, les éléments factuels de l’affaire montrent bien que les vrais plombs du conteneur litigieux ont été enlevés et changés par d’autres. Preuve que ledit conteneur a été ouvert pendant le transit. Mais qui a pu faire ce sale boulot ? Sur cette question, le procès est resté muet. Le commissaire qui a, le premier parlé de cette affaire, a pourtant mis la justice sur une piste. Celle du commandant Pamphile Zomahoun, le patron des Services de renseignement. C’est lui, selon les dires du capitaine Tchilao, qui lui aurait mis la puce à l’oreille et lui intimer l’ordre d’ouvrir le conteneur et d’arrêter son destinataire. A ce niveau, on ne pourra pas aller loin.

Le commandant Zomahoun ne sera jamais déféré devant cette cour de flagrant délit. À cause de son statut ? De sa proximité avec le pouvoir ? Sûrement. Son mutisme enveloppe cette affaire de grosses ténèbres et assombrit l’image de l’Etat de droit dont le Bénin se vantait pompeusement. Peut être que le juge qui connaîtra du dossier pourra aider l’opinion nationale et internationale à sortir de ces doutes et soupçons. Ceci est vivement souhaité pour que demain, le Bénin ne soit plus cité parmi les destinations à risque pour les importateurs et autres hommes d’affaires qui prendront la décision, pardon, le risque d’importer un conteneur au Bénin. Vivement la lumière sur cette affaire !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité