Bénin : Le Parc national de la Pendjari bientôt géré par un privé

African Parks National : c’est le nom de l’opérateur privé identifié et contacté pour désormais gérer la plus grande réserve de faune et de flore du Bénin. Les démarches sont déjà avancées et, sauf revirement de dernière minute, le parc national de la Pendjari devrait tomber dans les mains de ce groupe sud-africain.

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Le ministre du Cadre de Vie, le conseiller spécial Johannes Dagnon et le directeur général de l’Agence Nationale de promotion des patrimoines et de développement du tourisme (ANPDT) ont déjà été instruits aux fins de conduire le processus à terme.

Auparavant, une mission de prospection au profit du repreneur s’est déroulée du 21 septembre au 3 octobre 2016, mission réalisée par Jean Marc Froment, directeur de Conservation et Développement à African Parks Network. Dans le rapport préliminaire rédigé à cet effet, M. Froment a rassuré le Chef de l’Etat de ce que, dès sa prise en charge de la Pendjari, _«African Parks s’engagera, avec l’appui du gouvernement, à rechercher les financements et les investisseurs pour assurer le développement et le fonctionnement du parc »_.

La Pendjari et le Parc W bénéficient d’un financement annuel conséquent, dont le montant est d’environ 1,5 milliards provenant du budget national pour environ 300 millions et, le reste, des partenaires techniques et financiers en tête desquels l’Allemagne et la Banque Mondiale. La Fondation des Savanes Ouest-Africaines (FSOA) devrait commencer, dès 2017, à contribuer à cet effort par un montant d’environ 500 millions de francs Cfa pour aboutir, au fil des ans, au financement intégral des activités des aires protégées dont le plus grand bénéficiaire est le parc de la Pendjari.

Une cession controversée

Situé aux confins du département de l’Atacora et du Burkina Faso, le parc de la Pendjari est considéré par les experts comme l’une des réserves naturelles les plus importantes de l’Afrique de l’Ouest. Par ailleurs, des minerais y ont été découverts, ont affirmé, il y a quelques années, les officiels du ministère chargé de la recherche minière.

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Avec le Parc W situé dans l’Alibori, il est géré par le Centre national de gestion des ressources forestières (Cenagref). Sa mise en gérance libre, assurent certaines sources proches du dossier, permettraient une meilleure gestion de ce patrimoine naturel.

Mais pour la plupart des acteurs, la méthode et les conditions de cession en cours de finalisation ne sont rien d’autre qu’une forme de bradage de l’unique parc national riche et bien aménagé. Selon eux, African Parks National demande à obtenir une gestion totale de cette réserve sur une période de 20 à 25 ans, ce qui d’office exclu l’Etat et ses démembrements du droit de regard sur les activités que ce privé mènerait au sein de cette réserve.

De plus, ils estiment que la cession de ce site est illégale. Elle aurait été faite sans appel d’offre international contrairement à ce que disent les lois régissant la gestion des aires protégées. En aucun cas, stipule l’article 54 de la loi du 04 juillet 2002  portant régime de la faune en République du Bénin, la durée de cession à une personne morale ou physique autre que l’Etat ne peut excéder dix ans renouvelables.

En outre, le risque de voir les partenaires techniques et financiers se désengager serait réel, leur financement se faisant dans le cadre de la coopération avec l’Etat. Autre risque non moins important, aux yeux des détracteurs de la privatisation de la Pendjari est l’inscription imminente de ce parc au patrimoine mondial de l’Unesco, une démarche dont l’aboutissement était espéré pour les six prochains mois.

Toutes ces réserves amèneront-elles le chef de l’Etat à reculer ? Rien n’est certain, les instructions ayant déjà été données aux responsables chargés d’opérationnaliser la transaction.

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