Bénin : Les propositions de Me Abraham Zinzindohoué pour un multipartisme « rationalisé »

« Réflexion sur le multipartisme béninois et son incidence sur l’évolution de la nouvelle expérience démocratique ». Paru en 1998 et réédité cette année, cet opuscule de Me Abraham Zinzindohoué, ancien président de la Cour suprême, a été présenté et distribué ce jeudi à la Faculté de droit et de sciences politiques de l’Université d’Abomey-Calavi. L’évènement est signé par l’ Association béninoise de droit constitutionnel (Abdc).

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« S’il faut se limiter à une seule réforme pendant le mandat du président Talon, c’est celle du système partisan », lance Abraham Zinzindouhoué. Et pour contribuer à cette réforme qu’il juge urgente et nécessaire, l’ancien président de la Cour suprême, a bien voulu rééditer, avec l’accompagnement de l’Association béninoise de droit constitutionnel, son ouvrage paru en 1998 sur la même problématique. D’une soixantaine de pages, l’opuscule est intitulé « Réflexion sur le multipartisme béninois et son incidence sur l’évolution de la nouvelle expérience démocratique ». Il est préfacé par le professeur Joël Aïvo, président de l’Association béninoise de droit constitutionnel (Abdc)et doyen de la Fadesp. En menant cette réflexion en 1998, rappelle l’auteur, « l’objectif était de lancer un débat suite à des constats relatifs aux limites dans la mise en œuvre du modèle issu de la Conférence nationale». Seulement, près de 20 ans après, « les différents problèmes posés refusent de prendre des rides, certains se sont même aggravés », a souligné le professeur Joël Aïvo. Ces rides ont pour noms la pléthore des partis politiques, la floraison des clubs électoraux, le clientélisme politique, la privatisation des partis politiques, l’absence de démocratie à l’intérieur des partis, le faible financement public des partis etc. C’est pourquoi, il se réjouit du fait que Me Abraham Zinzindohoué ait accepté de « réchauffer sa réflexion » comme une contribution au débat en cours sur la réforme du système partisan.

La dérive du multipartisme béninois

L’ouvrage fait le « diagnostic » et propose les « remèdes » aux maux qui minent le système partisan béninois. Dans la première partie, l’auteur relève « la dérive du multipartisme béninois ». Multiples, les facteurs de ces dérives sont juridiques, historiques, politiques et psychologiques. Les facteurs sont la permissivité de la constitution, l’insuffisance de la Charte des partis, le défoulement après l’embrigadement, l’explosion des ambitions personnelles. L’émiettement excessif des partis politiques au Bénin a favorisé l’abondance de vrais « faux partis », la poussée du régionalisme et de l’ethnocentrisme avec les risques de désintégration de la communauté nationale. « Ce qui nous arrive est notre incapacité à gérer la diversité (ethnique) », a souligné, le professeur Léon Bio Bigou, présent à la cérémonie d’hier. « Les partis politiques ont eux-mêmes renoncé à conquérir l’entièreté du pouvoir d’Etat, regrette Alexandre Hountondji, ancien ministre. Il y a une privatisation des partis politique qui conduit à l’absence de démocratie en leur sein. Ce qui fait fuir les militants »

Comment arrêter la saignée

Face à tous ses maux, l’auteur, professeur d’université et ancien député, suggère « une nécessaire rationalisation du multipartisme actuel ». Cette « rationalisation » doit aboutir à la « reconstitution du paysage partisan » et à la « sauvegarde de la nouvelle expérience démocratique ». Les modalités pour y parvenir sont multiples. A savoir, une réforme constitutionnelle imposant des restrictions, un mouvement de regroupement librement négocié, une réforme du mode de scrutin et une réforme de la charte des partis politiques etc. Les propositions d’Abraham Zinzindohoué impliquent-elles la suppression du multipartisme intégral ? « Je suis pour le multipartisme, mais rationalisé », postule-t-il. Avant d’expliquer : « Le multipartisme est intégral ou il ne l’est pas. Nulle part dans ma réflexion, je n’ai dit le contraire. Cependant, nous devons voir le contexte dans lequel nous voulons ce multipartisme intégral. Nous sommes un Etat clanique. La problématique au cœur de l’unité nationale, c’est comment nous passons d’un Etat clanique à un Etat-nation ». « Je ne dis pas qu’il faut décréter la limitation du nombre de partis politiques », martèle l’ancien président de la Cour suprême. Qui lance plutôt la réflexion autour d’une série de mécanismes juridiques et institutionnelles pour « arrêter la saignée »

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