Bénin : De bouleversants récits sur les violences faites aux femmes

Nouvellement paru chez Stars Editions, « Le temple de la Nuit profané » est une bouleversante œuvre collective sur les violences faites aux femmes constituée de récits de plusieurs femmes écrivains membres de l’association « Plumes amazones du Bénin » avec la coordination de l’écrivaine et femme de lettres, Adélaïde Fassinou, relatant des cas troublants de viols, violences conjugales, excision, trahison et autres dont sont victimes au quotidien, les femmes et les filles.

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De l’inhumanité à l’égard des femmes. Avec une première de couverture déjà assez choquante, le livre «Le temple de la Nuit profané » que vient de commettre l’association « Plumes amazones du Bénin » chez Stars Editions est un recueil de récits extrêmement renversants sur des actes  qui dépassent le vocable de violence faite aux femmes  et sont susceptibles d’être appelés des «crimes contre l’humanité à l’égard des femmes ».

Sous forme de nouvelles, de textes poétiques, de lettre, de témoignage, les récits livrent  tout cru des barbaries dont sont victimes les femmes dans le silence des quatre murs d’une maison, d’un bar… Il  s’agit d’une vingtaine de textes d’auteurs femmes sous la coordination de Mme Adélaïde Fassinou et parmi lesquelles on retrouve Carmen Toudonou, Barbara Akplogan, Llys Degla, Bernadette Gayon, Anna Koty et biens d’autres.

De la cruauté masculine

Envers les femmes, s’exerce une cruauté masculine dont diverses formes sont perceptibles dans cette œuvre collective. Cette cruauté qu’on attribuerait à des brutes s’exerce par des hommes insoupçonnables. C’est ce que révèle «Sept jours et sept nuits », le récit épistolaire de  la romancière Carmen Toudonou qui ouvre la série de textes aux  saveurs piquantes.  C’est la sombre histoire de l’épouse d‘un influent homme politique enfermée dans un asile psychiatrique après avoir subi de multiples actes de violences conjugales insoupçonnables. « Il me battit presque tous les jours. Il était toujours ce gentleman irréprochable devant les autres qui mettaient ma tristesse et ma mélancolie sur le compte du baby blues. Comment leur expliquer que cet homme si parfait en apparence, si smart et si exemplaire était en réalité un pervers ? », confie la malheureuse épouse dans une lettre écrite au milieu des malades mentaux.

Devenir malade mental, c’est aussi bien possible quand  on vit ce qui est arrivé à Ramatou, une adolescente, dans la Nouvelle « Excisée par amour » d’Adélaïde Fassinou. Eperdument éprise d’amour pour son prétendu prince charmant, Ramatou sera abandonnée à sort après avoir par amour, subi une excision qui a tourné au vinaigre à l’âge de 15 ans. «  La plupart de ses amies avaient été excisées avant un an. Elle fut charcutée à quinze ans. Que de douleur ! Que de souffrance insupportable ! Jusqu’à ce jour, lorsqu’elle en parle, ses yeux se remplissent de larmes… » rapporte Mme Allagbada s’inspirant d’un fait réel relaté sur Rfi en 2015. La même romancière,  nouvelliste signe un autre texte plus que bouleversant : « Le temple de la Nuit profané ».

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Dans ce texte de poésie noire qui a prêté son titre à l’œuvre collective, elle donne à lire  une scène macabre de viol d’une gravité inouïe. C’est l’histoire écœurante d’une vieille de 80 ans violée par Kodjo, son petit-fils adoptif.  « Tel un cyclone, Kodjo se jeta sur la nuit/Et consomma ses nerfs fatiguées  et fragiles ». Impossible de ne pas s’exclamer, sacrilège ! et acquiescer « Ô Kodjo ! Maudit sois-tu, …Maudit sois-tu sur toutes tes générations futures », la malédiction proférée par la vieille femme abusée.

Cœur brisé, vie éteinte

Page après page, ce livre des plumes amazones du Bénin livre des réalités à couper le souffle sinon à couper le goût à la vie. « Ni aujourd’hui, ni demain. Ni avec Armix, ni avec aucun autre homme… Mon cœur était en lambeaux et mes poumons en feu » telle est la résolution  d’une jeune femme au cœur brisé par un homme déjà père de famille qui lui a tout miroité dans la nouvelle « Le revers de la médaille » de Lhys Degla. Et quand l’entourage s’en mêle pour augmenter le supplice de la femme sous les violences conjugales, le coup fatal n’est jamais loin comme c’est le cas dans la nouvelle « Le coup fatal » d’Anna Koty, qui met le lecteur en contact du choc subi par la belle Cécilia amenée à accoucher prématurément et à se retrouver dans un coma après avoir été maltraitée par son mari Guidiglo ayant par-dessus le marché enceinté sa sœur jumelle. Complot contre la victime, c’est également ce qui est arrivé dans « Un dîner pas comme les autres » de Barbara Akplogan. Triste témoignage de Sarah, fille unique de sa pauvre mère, violée après un dîner avec la complicité de sa copine : « L’homme enleva son pantalon puis sortit son sexe qu’il m’enfonça dans la bouche… Puis il souleva violemment ma robe, déchira mon slip et enfonça son appareil génital dans le mien de façon brutale »… Si ceci est déjà suffisamment choquant, le supplice de lire les scènes obscènes de crime contre les femmes monte en intensité quand on pénètre les pages  de la tragique nouvelle à titre interrogatif de « Jusqu’à quand… ? Jusque donc à quand ? » de Bernadette Gayon. Alice petite collégienne perd la vie. Alice 15 ans, est décédée après être tombée dans le piège d’un adulte vicieux qui abusera d’elle, l’enceintera, la droguera pour lui faire subir une clandestine interruption de grossesses dans des conditions  macabres.  « Encore une qui, dans la fleur de l’âge s’en était allée, avant même d’avoir goûté au nectar, ou au fiel de la vie. Jusqu’à quand… ? Jusque donc à quand ?… »

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