Sanglante répression de la marche du 27 décembre 2013 : Les Secrétaires généraux se remémorent

Le 27 décembre 2013, les centrales et confédérations syndicales avaient projeté de marcher dans les rues de Cotonou pour dénoncer ce qu’elles qualifiaient de « dérives » du régime d’alors.

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Mais cette marche n’aura pu se tenir car elle a été réprimée dans le sang. Trois ans après, Dieudonné Lokossou, Secrétaire général sortant de la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (Csa-Bénin), Noël Chadaré, Secrétaire général de la Confédération des organisations syndicales indépendantes du Bénin (Cosi-Bénin) et Paul Essè Iko, Secrétaire général de la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin se souviennent de ce triste événement.

Dieudonné Lokossou: « c’est un acte qui a terni l’image de notre démocratie »

Je crois que ce ne sont pas des choses sur lesquelles il faut revenir parce c’est un acte qui a terni l’image de notre démocratie. Ça fait partie des grandes luttes que nous avons menées pour que la Rupture s’installe. A l’époque n’étaient autorisés à marcher que des partisans du chef de l’Etat. Les libertés démocratiques étaient mises sous scellé. Il a fallu notre lutte pour qu’on ouvre quelques espaces de liberté. Ce qui a permis à certains partis de parler. Nous ne regrettons pas avoir fait cela. C’est pourquoi, nous disons que les syndicalistes ont porté les lourdes charges sur leurs épaules fragiles pour qu’on arrive à un changement le 6 avril dernier.  

Est-ce qu’aujourd’hui, vous avez le sentiment que tout va bien ?

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Avec tout ce qui se passe, on a comme l’impression que nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge. Donc, il faudrait que le peuple soit extrêmement vigilant. Parce que la liberté n’est jamais totale nulle part, il faut la conquérir tous les jours. Chaque fois qu’une porte d’un média est verrouillée, c’est une restriction drastique de la liberté et vous savez ce qui se passe en ce moment.  

Noël Chadaré :  « On est fier d’avoir combattu le bon combat »

« Le sentiment qui nous anime est un sentiment de fierté. On est fier d’avoir combattu le bon combat. Les libertés étaient embrigadées, les marches n’étaient pas possibles. Nous avons donc lutté pour et depuis le 27 décembre 2013, les choses ont changé.

Est-ce qu’aujourd’hui, vous avez le sentiment que tout va bien ?

Il y a encore de nouvelles menaces avec ce nouveau gouvernement. Vous avez vu ce qui se passe à l’Université. On a la suspension des mouvements estudiantins. L’interdiction des activités des organisations estudiantines est une violation flagrante de la loi 1901, violation aussi flagrante de notre constitution en son article 25 qui stipule que les gens ont la liberté d’aller et de venir, de manifester, de se regrouper et tout. Donc, il y a une violation alors que le chef de l’Etat actuel a prêté serment sur notre constitution. Une autre manifestation des violations des libertés, c’est la fermeture des espaces de liberté d’expression, certaines radios et télévisions qui, du reste, sont des radios et télévision qui libèrent aussi la parole où les gens disent tout haut ce que les Béninois pensent tout bas depuis l’avènement de ce pouvoir depuis 8 mois. Ça, c’est un déni du droit à l’information.

Quelque part, il y a déjà quelques menaces. Mais je crois que le pire n’est pas encore là et nous devons nous préparer à nous battre contre ces velléités de nous enfermer dans la pensée unique ».

Paul Essè Iko, Sg Cstb : « c’est un vrai cauchemar pour les travailleurs »

« Le 27 décembre 2013 a été un vrai cauchemar pour les travailleurs. Depuis Mathieu Kérékou (l’ancien Président de la République Ndlr), c’est la première fois que nous avons rencontré la répression farouche et physique d’un gouvernement autocratique et dont le seul but est de continuer d’exploiter les travailleurs, de mentir à l’extérieur qu’il fait de la démocratie, de nous priver de liberté. Imaginez-vous, on n’a jamais vu un président venir fermer la porte de la Bourse du travail par des policiers. Donc, c’est des tristes souvenirs que nous avons et nous disons ‘’plus jamais ça’’. C’est pour cela que nous sommes sur pieds de guerre et quelque gouvernement que ce soit ne peut plus nous intimider et nous enlever nos libertés.

Est-ce qu’aujourd’hui, vous avez le sentiment que tout va bien ?

Les causes pour lesquelles nous nous sommes battus pour le départ de Yayi Boni (l’ancien chef de l’Etat Ndlr) demeurent encore aujourd’hui. Hier, on ne connaissait pas les licenciements massifs de travailleurs, surtout, dans le secteur privé. Aujourd’hui, à la Sonapra (Société nationale pour la promotion agricole) 1045 agents sont sur le point d’être licenciés et tous les travailleurs se battent contre cela. Les lignes rouges créées, c’est très grave ».

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