Douanes Béninoises: La page noire refermée ?

Jadis envié, recherché et disputé, le poste de directeur général ne tente plus grand-monde à la douane aujourd’hui ; les disciplines de St Mathieu semblent même s’en méfier. 

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En dix mois, quatre Dg sont passés à la tête de cette direction. Tous limogés quelques mois après leur prise de fonction, sans que les raisons officielles ne soient jamais connues. En dix mois, la douane béninoise a connu d’énormes déboires. Telle une malédiction qui frappe la maison, aucune bonne nouvelle n’est jusque là venue donner du boum au cœur des agents. Corruption, scandales financiers, intelligences supposées ou établies avec des hommes d’affaires véreux… A peine en a-t-on fini avec l’un, qu’un autre est éclaboussé. Une série noire qui semble curieusement coïncider avec l’avènement au pouvoir du nouveau régime. Les différents limogeages qui sont illustratifs du malaise au sein de cette maison, ont fini par faire perdre à maints inspecteurs compétents le rêve professionnel et l’envie de briguer un poste qui en fait rêver beaucoup.

Il y a quelques années encore, on se battait, on se sabotait pour le poste de Dg auquel on accédait laborieusement, après avoir glané à droite et à gauche des parrainages politiques, et aux termes de moult tractations, négociations de coulisses, voire des pactes. Aujourd’hui, on prie pour ne pas être nommé Dg ou même en assurer l’intérim, car, le poste a perdu de son charme en matière de prestige et d’avantages. En effet, depuis 2016, la douane est gérée de main de fer. De sources concordantes, c’est l’intransigeance du gouvernement face aux fautes professionnelles qui est la raison officielle des limogeages. L’honorable Orden Alladatin, proche du pouvoir a affirmé que « c’est l’application de la gestion axée sur les résultats (Gar) » qui emporte les Dg successifs. Selon lui, ils sont nommés avec des cahiers de charge dont l’exécution doit être une priorité absolue.

C’est ainsi que Charles Sèzan, Pierre Claver Tossou et son adjoint, Vincent Adjomatin sont passés à la tête de cette direction. Si le limogeage de Charles Sèzan parait acceptable, vu qu’il avait était nommé par le régime précédent, celui des autres l’est moins. On laisse entendre par exemple que le Dg Tossou aurait été débarqué pour cause de laxisme dans le scandale des véhicules d’occasion… Et les spéculations vont plus loin. On parle de connivence avec un homme d’affaires et de sa grande propension à l’indépendance dans la gestion de la maison douane. Sur son seul cas, plusieurs raisons sont avancées. Idem pour l’adjoint qui l’a remplacé pour quelques jours. Quant à Vincent Adjomatin, il lui aurait été reproché son laxisme dans le dossier des devises de l’aéroport de Cotonou.

Dans chacun des cas, les différents Dg ont été éclaboussés par de sales affaires. On se demande comment la douane a, en si peu de temps, pu devenir le théâtre de toutes ces malversations. Toujours est-il que dans les communiqués du Conseil des ministres, les raisons officielles des limogeages ne sont jamais connues, et cette attitude amène à se poser des questions sur les vraies motivations du gouvernement. Selon une source proche d’un des ex Dg, ce dernier aurait été limogé après avoir refusé de se plier aux injonctions du palais. Vrai ou faux ? On est toutefois tenté de dire qu’il y a aujourd’hui une ferme volonté de contrôler et de diriger la douane par ses Dg qu’on veut juste utiliser pour appliquer bêtement les injonctions venant du gouvernement. Une telle gouvernance n’est pas faite pour faciliter l’émergence économique du Bénin, surtout que la douane reste la plus grande pourvoyeuse des finances du pays.

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