Liberté de presse au Bénin : Un acquis démocratique en péril

Radios et télévisions mis sous scellé, journalistes empêchés de faire un sit in pacifique, forums de discussion sur facebook supprimés, émissions torpillées à la télévision ou à la radio… Tel est le tableau présenté par la liberté de presse au Bénin.

Depuis le 06 Avril 2016, le nouveau pouvoir semble opter pour une « liberté de presse conditionnée », dont on perçoit déjà les dégâts sur la profession et la démocratie.

Le rapport 2016/2017 d’Amnesty International, a pointé d’un doigt accusateur le gouvernement béninois sur sa gestion de la liberté d’expression. En première page, on peut lire noir sur blanc : « Les droits à la liberté d’expression et de réunion sont à des restrictions ». Le document cite quelques cas d’entrave à la liberté de réunion pacifique et la liberté d’expression en 2016. Surtout celui de novembre 2016, avec la fermeture de sept radios et télévisions privées par la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac), pour non respect des clauses conventionnelles. Si en 2016 c’est le seul cas flagrant de violation de la liberté de presse au Bénin, il n’en demeure pas moins qu’il a marqué les esprits par sa gravité. C’est en effet, pour la première fois, qu’un nombre si important de médias de grande audience est fermé par la Haac. Hélas, c’était le début d’une saison de tumulte et de violation des libertés. En 2017, la situation a empiré et plusieurs cas de violation des libertés d’expression ont été enregistrés.

Les quatre autres continuent leurs chemins de croix, à l’insu de tous. Mais l’une des radios autorisées continue de souffrir le martyr. Sur elle, plane encore  une épée de Damoclès avec des menaces fréquentes de fermeture. Pour s’insurger contre ces fermetures arbitraires, l’Union des professionnels des médias du Bénin (Upmb), l’association faîtière des journalises du Bénin lance un sit in à la Haac, mais le président de cette institution appelle la police pour disperser les journalistes. A deux reprises, il a ordonné la dispersion des journalistes venus manifester pacifiquement pour la paix. Moins flagrante que les deux premiers cas, la soustraction de Sikka TV, déjà interdite d’activités au Bénin du bouquet canal+, vient confirmer la propension du gouvernement à la restriction de la liberté de presse au Bénin.

Dans le même registre, l’un des administrateurs du forum de discussion « Jeunes démocrates prompts » sur facebook, s’est plaint tout récemment de la suppression de son forum par les responsables du réseau social qui auraient, selon ses dires, reçu des injonctions du gouvernement. Ce groupe très actif sur facebook a contribué, à travers des dénonciations de ses membres, à l’avènement du régime de la rupture. Mais hélas, ce dernier le trouve aujourd’hui  toujours trop critique à son endroit. Un à un, de grands chantiers de la liberté de presse sont saccagés sous le regard impuissant des défenseurs d’hier, devenus les bourreaux d’aujourd’hui. A la télévision national et sur une chaîne de radio privée de la place, les nouvelles exigences éditoriales ont amené les responsables de ces médias, soit à modifier les formats de certaines émissions, soit à changer les animateurs, ou même empêcher la tenue de celles-ci. Ce tableau inquiétant renforce l’opinion selon laquelle, la liberté de presse est conditionnée au Bénin. Tant que le média ou le journaliste apprécie les actions du gouvernement, ou ne le critique point, il est apprécié et jouit d’une liberté totale. Mais lorsqu’il critique, rien qu’un peu, répressions et restrictions de liberté d’exercer sont systématiques

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