Le Bénin, un pays côtier de l’Afrique de l’Ouest, fait prévaloir à juste titre ses plages au nombre de ses atouts majeurs, pour le développement de son industrie touristique.
Il n’y aucun doute que le littoral du Bénin constitue un patrimoine précieux au regard des nombreuses potentialités qu’offre l’exploitation du milieu marin, avec des activités clé comme les croisières, la plongée sous-marine, la pêche sportive, les sports et jeux nautiques, les complexes hôteliers, etc. La côte, la plage, la mer et le soleil du Bénin sont des attraits indéniables pour le tourisme littéral. Ces ressources naturelles peuvent fournir à notre pays d’importants revenus et accroître de manière substantielle, la contribution du tourisme au développement économique et social du pays. En plus des touristes internationaux, il est de plus en plus fréquent de voir des ressortissants des pays de l’hinterland voisins en l’occurrence, le Niger et le Burkina Faso, parcourir des centaines de kilomètres pour découvrir et profiter de la côte maritime du Bénin. Au plan national, les plages sont littéralement prises d’assaut les weekends par les Béninois de tous âges, qui pour s’adonner à des activités sportives, organiser des pique-niques ou tout simplement profiter de l’air vivifiant.
Dans ce contexte, le projet de la « Route des pêches » était venu à point nommé, et devrait permettre au Bénin de promouvoir, entre autres, le tourisme côtier en vue d’en tirer un meilleur profit pour l’économie béninoise. Malheureusement, le Gouvernement actuel a remis en cause cette vision et a suspendu la construction de cette route. Selon le communiqué du Conseil des Ministres du mercredi 15 février 2017, le Gouvernement a retenu de faire passer désormais une partie du trafic portuaire par la route des pêches. Cette décision met en danger le tourisme côtier dans notre pays.
Lire Bénin : communiqué du conseil des ministres du 15 février (voir les nominations)
L’une des plus petites côtes en Afrique
En effet, le Bénin dispose de l’une des plus petites côtes d’Afrique, avec une longueur de 125 km dont à peine la moitié est réellement exploitable à des fins touristiques. La côte comprise entre le port de Cotonou et la frontière de Sèmè avec le Nigéria, se prête mal au tourisme à cause de la forte érosion côtière due à la construction du port de Cotonou et des problèmes d’insécurité liés à la proximité du géant voisin de l’Est. En outre, l’installation des marchés qui se développent dans cette zone n’augure pas de bonnes perspectives en matière de tourisme. Il est même à craindre que cette partie de la côte ne subisse sur long terme le même sort que la berge de la lagune de Cotonou, dont une bonne partie a du mal à être aménagée pour le tourisme à cause de la proximité du marché Dantokpa. L’érosion côtière n’épargne pas non plus la côte comprise entre Ouidah et la frontière d’Ilacondji entre le Bénin et le Togo. Ces deux parties de la côte béninoise sont largement tributaires des activités économiques de ces deux pays frontaliers, telles que les constructions de ports qui peuvent avoir des effets négatifs sur les côtes béninoises.
La bande jouxtant l’aéroport de Cotonou et conduisant à Ouidah qui correspond au projet touristique de la route des pêches, paraît la plus adaptée à l’exploitation touristique. Située entre la mer et des cours d’eau, cette zone offre un paysage rare dans la région avec sa mangrove et donc des opportunités touristiques exceptionnelles. Comme le prévoit le Programme d’Action du Gouvernement, cette zone se prête à l’aménagement de stations balnéaires, pour en faire des espaces de loisirs et de détente et accueillir des hôtels de standing, ainsi que des établissements de luxe.
Obstacle à l’attrait touristique de la côte
La déviation du trafic portuaire par la route des pêches réduira certainement l’attrait touristique de cette zone. Le passage de camions gros porteurs ne riment pas avec le tourisme balnéaire. Il arrivera très souvent que ces camions garent de manière anarchique le long de cette route provoquant des accidents ou des embouteillages comme on le voit fréquemment sur les autres routes inter Etats du pays. Il y a lieu de noter également les effets néfastes liés à l’insalubrité, la pollution sonore et de l’air marin etc. toutes choses contraires au charme, au calme et à l’air pur recherchés par les usagers de cette zone.
En outre, la Cedeao s’est engagée dans la promotion du corridor Lagos-Abidjan avec pour objectif d’accroitre les échanges commerciaux dans la région. Ce projet d’envergure régionale prévoit le renforcement et l’élargissement de la route inter Etat actuelle allant de la frontière bénino-nigériane à la frontière bénino- togolaise.
Au regard de tous les points développés si dessus, il est à se demander si cette décision du Gouvernement a été suffisamment analysée et murie. Le moins qu’on puisse dire est que cette décision fait voler en éclat le rêve de doter le Bénin de belles côtes à l’instar d’autres pays de la région telles que Saly Port udal au Sénégal, Grand-Bassam en Côte d’Ivoire, etc.
Le Gouvernement devra revoir le nouvel objectif qu’il vient de fixer à la route des pêches, s’il veut effectivement réaliser l’un des principaux axes de son Programme d’Action, qui est de faire du tourisme une filière de développement économique créatrice de richesses et d’emplois.
Par Dominique Fifatin (Opinion libre)