Révision de la constitution : déclaration d’Andoche Amègnissè

Mesdames et Messieurs, chers compatriotes béninoises et béninois, Nous remercions beaucoup nos amis journalistes qui ont fait le déplacement pour ce rendez-vous de la vérité. Car ce n’est pas un rendez-vous de sandwich, coca-cola et per diem.

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Nous sommes venus ici ce jour, pour répondre devant l’opinion publique à une déclaration de guerre. Et face à une déclaration de guerre, on ne distribue pas sandwich, coca-cola et per diem. 

Les bons journalistes vont donc bien traiter l’information. Les autres, ils peuvent nous insulter ; nous y sommes habitués et cela ne nous empêchera pas de nous battre comme à la guerre. De quoi s’agit-il ?

Il s’agit d’un milliardaire qui agit comme si en l’élisant Président de la République, notre peuple lui avait vendu la République.

Non ! Patrice Talon n’a pas acheté la République et le Bénin n’est pas devenu une monarchie. La procédure en cours pour réviser la Constitution en urgence sans un débat national préalable et donc sans consensus est une déclaration de guerre. Et nous sommes prêts pour la guerre. Nous qui sommes ici et ceux qui sont derrière nous et qui ne sont pas ici. 

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Mesdames et Messieurs, chers compatriotes béninoises et béninois.

 La Constitution du 11 Décembre 1990 est le résultat d’un long débat national dont le processus a débuté avec la Conférence Nationale de Février 1990 et qui a aboutit au CONSENSUS par Référendum Constitutionnel ayant permis au peuple de décidé en toute souveraineté. 

Patrice Talon le sait. Ses ministres le savent. Les députés le savent. Les membres de la Cour Constitutionnelle le savent. 

Vouloir réviser cette Constitution en urgence, sans débat national préalable et donc sans consensus national, c’est violer l’esprit de la Conférence Nationale et c’est donc une déclaration de guerre. Et nous sommes prêts pour la guerre.

Nous avons combattu la dictature du GMR et du PRPB et par nos sacrifices et notre lutte, avons contribué à l’avènement de la démocratie. Nous sommes prêts à combattre ceux qui veulent assassiner les acquis de la Conférence Nationale.

Depuis bientôt 27 ans, cette Constitution issue de la Conférence Nationale par consensus national exprimé par voie référendaire, fait de la démocratie béninoise une des plus respectable et des plus respectée à travers le monde.

Depuis bientôt 27 ans, cette Constitution a évité à notre pays de sombrer comme d’autres dans les crises majeures qui ont provoqué la guerre ailleurs. Si tous les béninois respectent globalement la Constitution actuelle, c’est parce qu’elle est le fruit d’un véritable Consensus National.

Patrice Talon le sait. Ses ministres le savent. Les députés le savent. Et les membres de la Cour Constitutionnelle le savent. 

Sous le Général Mathieu Président de la République de 1996 à 2006, il a été question de réviser la Constitution. Moi Andoche Amègnissè, j’étais à cette époque le Chef de file des Révisionnistes. Mais face à l’absence de consensus, le sage Caméléon nous demandé d’arrêter et nous avons arrêté.

Sous le Président Yayi Boni dont j’ai été l’opposant farouche, il a également été question de réviser la Constitution. Mais face à l’absence de consensus, le populiste Yayi Boni a fait machine arrière et il n’y a pas eu de révision.

Patrice Talon qui à cette époque était le tout puissant bras financier ami de Yayi Boni et maître incontesté de l’économie nationale avait déclaré publiquement être devenu l’ennemi de Yayi parce que celui-ci voulait réviser la Constitution alors que lui TALON était opposé à la révision. 

Aujourd’hui, le même Patrice TALON devenu Président de la République, décide de réviser en urgence la Constitution, sans débat national préalable et donc sans consensus.

Le Professeur Joël AIVO nous dit que parce qu’il y a eu une commission composée des gens de différents bords, il y a consensus. Cela est faux. Car le consensus national résulte du débat national et non de la composition d’une quelconque commission.

Je suis ici au nom des forces vives, forces politiques et de la société civile qui se préparent très activement à réagir si jamais notre Constitution est révisée en urgence sans aucun débat national préalable.

Si jamais le Président Talon révise la constitution en urgence, il quittera lui aussi le pouvoir en urgence. Il n’ira pas au terme de son mandat parce que nous allons le renverser en urgence. Révision de la Constitution en urgence entrainera inévitablement insurrection populaire en urgence et rébellion armée de toute urgence. 

De la même manière que Joseph DJOGBENOU avait organisé le mouvement Mercredi rouge pour affronter le pouvoir de Yayi Boni, de la même manière que Candide AZANAI avait poussé les jeunes à se rebeller, brûler, casser quand il accusait Yayi Boni de dérive autoritaire, nous aussi, nous nous organisons et nous les attendons de pieds fermes.

Il faudra que le Gouvernement de Patrice Talon construise vite beaucoup de prisons et de cimetières pour les combattants dont je prendrai personnellement la tête.

Mesdames et Messieurs, chers compatriotes béninoises et béninois, au nom des forces qui m’ont mandé pour venir ici ce jour faire la présente déclaration, je voudrais rappeler à l’opinion publique un certain nombre de faits récents qui nous autorisent à nous rebeller contre le pouvoir autocrate de Patrice Talon :

1-) En son article 24, la Constitution dispose que « la liberté de presse est reconnue et garantie par l’Etat. Elle est protégée par la Haute Autorité de l’Audio-visuel et de la Communication dans les conditions fixées par une loi organique. »

Arrivé au pouvoir il y a moins d’un an, l’autocrate Patrice Talon a fait fermer par la HAAC plusieurs médias et a supprimé les voies et moyens par lesquels l’Etat sous les gouvernements précédents aidait presses et médias à jouer leur rôle.

2-) En son article 25, la Constitution dispose que « l’Etat reconnaît et garantit dans les conditions fixées par la loi, la liberté d’aller et de venir, la liberté d’association, de réunion, de cortège et de manifestation. »

Arrivé au pouvoir il y a moins d’un an, l’autocrate Patrice Talon a par dérive autoritaire ordonné l’interdiction des réunions et des manifestations de protestations contre les abus de son pouvoir.

3-) En son article 30, la Constitution dispose que « l’Etat reconnait à tous les citoyens le droit au travail et s’efforce de créer les conditions qui rendent la jouissance de ce droit effectives et garantissent au travailleur la juste rétribution de ses services ou de sa production. »

Arrivé au pouvoir il y a moins d’un an, l’autocrate Patrice Talon a par dérive autoritaire sous le faux prétexte d’occupation anarchique, ordonné à ses Préfets la destruction systématique des installations économiques, investissements faits par des milliers de béninoises et de béninois ainsi privés de leurs droits au travail. Nombreux sont nos compatriotes qui ont ainsi été réduits à la misère et certains en sont déjà morts.

4-) En son article 35, la Constitution dispose que « les citoyens d’une fonction publique ou élus à une fonction publique ont le devoir de l’accomplir avec conscience, compétence, probité, dévouement et loyauté dans l’intérêt et le respect du bien commun. »

Arrivé par élection à la fonction de Président de la République, il y a moins d’un an, l’autocrate Patrice Talon a privilégié ses intérêts personnels d’homme d’affaires au détriment de l’intérêt et du bien commun. 

Ainsi il s’est dépêché de reprendre la filière coton pour son compte personnel. Il a redonné a ses entreprises la gestion de ses filières en écartant les structures de l’Etat.

De même il a réinstauré le PVI au profit d’une de ses entreprises personnelles qui prend ainsi le contrôle des recettes douanières

Autant d’abus de pouvoir équivalent au plan économique à dévaliser le pays. En moins d’un an, la gouvernance de Patrice Talon est une suite de violation de la Constitution. La révision qu’il projette en urgence n’a pour but que de renforcer son pouvoir pour mieux servir ses intérêts personnels au détriment de la République.

C’est pourquoi je m’en vais rappeler ici leurs responsabilités à l’Assemblée Nationale et à la Cour Constitutionnelle.

L’Assemblée Nationale représente le peuple. Mais la souveraineté appartient au peuple qui en demeure le seul et unique détenteur.

Il parait que l’argent circule déjà pour corrompre les députés et acheter leurs votes pour la révision de la Constitution. Si l’Assemblée est corrompue, elle sera elle aussi renversée en même temps que le Gouvernement corrupteur.

A la Cour Constitutionnelle, nous rappelons sa propre jurisprudence de la DECISION DCC 06 – 074 du 08 Juillet 2006 

Cette décision démontre clairement que conformément à l’esprit de la Conférence Nationale, le débat préalable et le consensus national sont indispensables pour toute révision de la Constitution. Si la Cour par amnésie ou par corruption  oubliait sa propre jurisprudence, elle se sera disqualifiée en se discréditant elle-même et elle subira le même sort que le Gouvernement corrupteur.

Mesdames et Messieurs, chers compatriotes, nous voilà au terme de notre déclaration et nous vous remercions pour votre attention.

LA PATRIE OU LA MORT, NOUS VAINCRONS !

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