« Le gouvernement s’est effectivement inscrit, depuis son installation, dans la logique de transition », a souligné le directeur de la communication Wilfried L. HoungbédjiSur initiative de l’Association béninoise de droit constitutionnel (Abdc) avec l’appui de la Fondation Hanns Seidel, organisations de la société civile, acteurs politiques et universitaires ont effectué un bilan citoyen de l’an un de la présidence Talon. C’était ce jeudi au centre de documentation et d’information juridique de la Cour d’Appel de Cotonou.
Le bilan de l’an 1 du régime Talon est plutôt mitigé : quelques succès, des actions courageuses, l’absence de mesures à impact social direct, l’avènement d’un nouveau style de gouvernance à la fois applaudi, suspicieux et incompris. Mais, in fine, le président Talon, au pouvoir depuis le 06 avril 2016, dispose de temps et des marges de manœuvres pour corriger les imperfections et réussir son mandat. Ainsi se résument les quatrièmes entretiens politiques de l’Association béninoise de droit constitutionnel (Abdc), consacrés exclusivement au « bilan citoyen de la gouvernance Talon », un an après son entrée en fonction. La société scientifique présidée par le professeur Joel Aïvo a rassemblé organisations de la société civile, acteurs politiques et universitaires autour de cette thématique. Les échanges et réflexions se sont déroulés ce jeudi 20 avril 2017 dans la salle de conférence du centre de documentation et d’information juridique de la cour d’Appel de Cotonou. Le but de la rencontre est de faire le bilan de la gestion politique et socio-économique du gouvernement Talon, puis de susciter un débat d’idées. L’exercice devra déboucher sur la formulation de propositions concrètes au Chef de l’Etat, pour une meilleure gestion du pays durant le reste de son mandat. « Nous sommes conscients qu’en un an, une politique publique ne peut faire de résultats », admet professeur Joël Aïvo. Qui nuance : « Mais en un an, on peut apprécier les signaux d’un gouvernement, capter ses griffes et déceler ses marques ».
Actions positives, perspectives rassurantes…
Au menu de ces entretiens politiques, un seul panel de trois personnes. Les panélistes sont Wilfried Léandre Houngbédji, directeur de la communication à la présidence de la république, Dr Simon-Narcisse Tomety, géographe territorialiste de développement et institutionnaliste de réformes publiques, et Ralmeg Gandaho, président de l’Ong Changement social. Bien ancré dans son rôle, avec les nuances nécessaires, Wilfried Léandre Houngbédji est revenu sur les succès, quelques projets et promesses du régime du « Nouveau Départ ».
« Le gouvernement s’est effectivement inscrit, depuis son installation, dans la logique de transition », a souligné le directeur de la communication. Cette logique appelle des réformes a-t-il poursuivi, parfois douloureuses. Il reste convaincu que « construire un Etat moderne exige la destruction de certains vestiges du passé».
Selon lui, déjà, après douze mois de gestion, plusieurs actions positives sont à mettre à l’actif de la gouvernance Talon. Ce sont notamment le lancement de 500km de chantiers routiers, la maitrise de la situation des besoins énergétiques avec la disparition du délestage, la maitrise de la sécurité de la circulation et la fin du rançonnement sur les routes, la médiation à succès du chef de l’Etat marquée par la fin de la crise chez les protestants et au sein des acteurs du football, la fin du culte de la personnalité ainsi que la ponctualité dans les activités gouvernementales. Selon les propos du patron de la communication gouvernementale, les perspectives sont rassurantes. Il a assuré que dans 3 ou 4 ans, les douleurs seront oubliées. Et « la réalisation, ne serait-ce qu’a 70% du programme du gouvernement », permettra au Bénin de faire un bond qualitatif.
…Déguerpissement sauvage, gouvernance stressante
Pour contrebalancer ce tableau rose, Dr Tomety et Ralmeg Gandaho ont ressorti les insuffisances du régime Talon ; dans le style de gouvernance ainsi que l’opportunité et la justesse de certaines mesures. « De Yayi à Talon, le Bénin est passé d’une gouvernance brouillonne à une gouvernance stressante, avec une humiliation des intellectuels. D’une gouvernance hyper-populiste à une gouvernance hyper-élitiste, avec une humiliation des pauvres », a fait constater Dr Tomety. « Ce régime n’écoute pas. Il est pauvre en gouvernance participative », a-t-il ajouté. L’institutionnaliste de réformes publiques énumère les péchés du régime Talon. Il cite, entre autres, le déguerpissement « sauvage voire barbare » des populations, le défaut de transparence dans la réalisation des actions, la décrédibilisation de la parole présidentielle, un multipartisme à pensée unique, le favoritisme dans la passation des marchés, la corruption et l’impunité. « Nous sommes dans un pays où la corruption institutionnelle est devenue une culture de gouvernance », a-t-il déploré. Ralmeg Gandaho est allé dans le même sens tout en mettant l’accent sur les limites du Pag. Selon le président de l’Ong Changement Social, l’éducation des populations aux droits de l’homme, les centres de protection sociale et la décentralisation, ne sont pas des priorités du Pag.
Une meilleure gouvernance
« Nous ne sommes qu’aux douze premiers mois du mandat. Il faut donner du temps au président pour accélérer les réformes et efforts, tout en tenant compte des récriminations, des plaintes et des craintes », a indiqué le professeur Joël Aïvo, par ailleurs doyen de la Faculté de droit et de science politique de l’Université d’Abomey-Calavi. Pour Mme Aridja Frank, représentante de la Fondation Hanns Seidel, partenaire de l’Abdc, ces quatrièmes entretiens politiques montrent « les acquis démocratiques au Bénin. Le souci de promouvoir l’Etat de droit et la paix ». Pour la finalité de l’activité, « nous allons voir comment faire un plaidoyer à qui de droit pour une meilleure gouvernance politique et surtout sociale », a-t-elle annoncé.
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