Bénin : Il était une fois, la Constitution

Les Béninois ne voulaient pas d’une Constitution “Yinwê”, Les Béninois ne voulaient pas d’une Constitution “Adigban”… découvrez le reste ci-dessousDe zéro à dix-huit ans. Ceux des dix millions de Béninois compris entre ces deux chiffres n’ont pas la majorité civile. Ils ne peuvent donc se compter au nombre des acteurs politiques pleins dans l’espace public. Dans l’éventualité d’un vote sur le projet de révision de notre constitution actuellement en débat, ils sont exclus. Il reste que les plus matures d’entre eux pourront témoigner d’aujourd’hui pour demain. Pour dire que, devenus adultes, ils pourraient restituer aux plus jeunes leur compréhension des temps présents.

Voici un schéma explicatif type. Il est plus de l’ordre de la spéculation que d’une démarche rigoureusement logique. Un jeune béninois, 16 ans aujourd’hui, est amené, 50 ans plus tard, à expliquer à d’autres jeunes Béninois encore mineurs, le remue-ménage et le remue-méninge actuels autour de notre constitution. Que dira-t-il ? Sur quoi mettra-t-il l’accent ? Amateurs de plongée dans le futur, embarquement immédiat.

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Les Béninois étaient viscéralement attachés à leur constitution. Cela ne s’arrêtait pas à la surface de l’opinion ou d’une opinion bien pensante. Tout le monde se sentait concerné. Tout le monde entendait être impliqué. Les Béninois étaient largement d’accord pour réviser leur constitution. Mais pas à n’importe quel prix. Ils écartaient quatre écueils contre lesquels risquait de se briser leur volonté en fer de lance.

Les Béninois ne voulaient pas d’une Constitution « Yinwê ». Une constitution qui porterait une signature particulière, un nom d’auteur, des indications signalétiques pouvant induire un éventuel parrain, commanditaire ou propriétaire. Les Béninois voulaient d’une Constitution qui porte leur griffe propre, expression d’une démarche inclusive et consensuelle. Ceci comme un gage ferme en faveur de deux principes : légalité et légitimité.

Les Béninois ne voulaient pas d’une Constitution « Adigban ». Par exemple, il s’agissait de savoir et de dire très exactement si nous avions affaire à une soupe nouvelle toute chaude ou à la soupe d’avant-hier réchauffée. Par exemple, la volonté de sortir le Président de la République de l’Olympe, la demeure des dieux, ne devait souffrir la moindre ambigüité. Aussi ne fallait-il point lui prendre des miettes de pouvoir ici pour lui confier là des signes et des outils d’une nouvelle omnipotence et surpuissance. Par exemple, on tenait à briser la logique de deux poids deux mesures, favorisant l’égalité de tous devant la loi. Une tout autre démarche s’éloignait de la volonté de punir l’impunité, d’écarter la cohabitation de deux types distincts de citoyens : les intouchables d’un côté, les taillables et les corvéables de l’autre.

Les Béninois ne voulaient pas d’une Constitution « Alognintondji ». On dirait, en français, une constitution taillée sur mesure. Une telle constitution pourrait être source de lourdes ambigüités. On aurait eu affaire tantôt à un prêt à porter, tantôt à une camisole de force. Une fois au clergyman du pasteur ou du prêtre, une autre fois à une cagoule, le masque porté du tortionnaire. Si ceux qui se ressemblent s’assemblent, seuls des types déterminés d’élus, de responsables à divers titres pouvaient se reconnaître dans un texte dont le principe, la vocation est pourtant d’être impersonnelle. Alors, non à une constitution « des copains et des coquins ». Oui à une constitution du peuple souverain.

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Les Béninois ne voulaient pas d’une Constitution « Nabloni ». Il s’agit d’une constitution dont on se sert pour régler des comptes personnels, pour solder des querelles conjoncturelles. La constitution qui avait l’adhésion d’une majorité écrasante de Béninois est celle qui devait traverser les âges, affrontant les épreuves du temps, se confrontant aux mutations sociales et sociétales, ne prenant la moindre ride. Parce qu’une constitution doit être tenue pour le socle fondateur d’une nation. Elle ne doit, par conséquent, exclure personne. Parce qu’une constitution doit être tenue pour un bien indivis. Un bien qui appartient à chacun et à tous. Mais dont personne ne peut s’attribuer une part ou une parcelle avec un titre de propriété.

Ainsi parlait en 2067 un Béninois du troisième âge à ses jeunes compatriotes. Sujet d’échange : la révision de la Constitution en l’an de grâce 2017. Un devoir de mémoire enrichissant par les chemins non rectilignes de l’imaginaire. Mais retour sur terre. Descendons du nuage du rêve. Au fait, quelle heure est-il ? Exactement l’heure d’écrire, d’une seule et même main, une Constitution au nom des intérêts d’un seul et même peuple.

4 réponses

  1. Avatar de Emouvi
    Emouvi

    Le Bénin!!!!

  2. Avatar de Martial MEHOU-LOKO
    Martial MEHOU-LOKO

    Oui mon Professeur ( Lycée Mathieu Bouké 1973-1975 )

  3. Avatar de Droit au but
    Droit au but

    Sacré Carlos!
     » non à une constitution “des copains et des coquins”. Oui à une constitution du peuple souverain. »
    Voilà qui est dit et bien dit!

  4. Avatar de GbetoMagnon
    GbetoMagnon

    « …l’heure d’écrire, d’une seule et même main…une Constitution…des intérêts d’un seul et même peuple »

    Tout simplement. En guise d’épilogue… Très provisoire.

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