Lors de son intervention médiatique du samedi 08 avril, le président Patrice Talon s’est vanté de la renaissance de la filière coton depuis qu’il est aux affaires. Mais les statistiques sur les emblavures de 2006 à 2015, années où il était toujours acteur de la filière ne militent pas en faveur de ces flagorneries.
Cette sortie médiatique du Chef de l’Etat ouvre le débat sur l’évolution ou non de la campagne cotonnière 2016-2017 en cours actuellement. Alors qu’il se vante d’un record historique avec la production nationale de coton pour la campagne 2016-2017, les chiffres des dernières campagnes ne semblent pas trop militer en sa faveur. Tenez, les emblavures sont passées de 191.216 superficies en 2005-2006 (sous le monopole de Talon) à 405.400 en 2014-2015 et 306.000 en 2015-2016.
Le constat est identique au niveau de la production cotonnière de 2006 à 2015. Sous le monopole Talon, la production a chuté, selon les statistiques officielles : 190.857 tonnes en 2005-2006 à 174.052 tonnes en 2011-2012. Il a fallu la période de transition au cours de laquelle l’Etat a repris ses attributions pour redonner le sourire aux producteurs, avec des résultats encourageants : 240.028 tonnes en 2012-2013 à 303.000 tonnes en 2015-2016.
Le monopole Talon dans la filière a eu des impacts négatifs sur la croissance économique. Au moment où l’homme d’affaires gérait seul la filière comme il voulait, le taux de croissance du Bénin était catastrophique : 1,7 en 2005; 3,9 en 2006; 4,9 en 2008; 2,3 en 2009; 2,1 en 2010; 3,0 en 2011 et 4,6 en 2012. La fin du monopole Talon a fait booster la croissance : 6,9 en 2013; 6,5 en 2014 et 5,2 en 2015. Ce qui a fait augmenter le taux d’investissement, 29,0 % du PIB en 2015 contre 19,3 % en 2012 sous Talon.
Contrairement aux allégations du Président Patrice Talon samedi dernier sur la télévision nationale, la production du coton sous le régime du monopole de Talon, n’a donc fait que chuter jusqu’en 2012. Les producteurs ne se retrouvaient pas dans la production qu’on leur attribuait. Les intrants sont livrés au prix du monopole. Les subventions versées par l’Etat vont dans les poches de Talon. De Soglo à Yayi en passant par Kérékou, sur la base de décrets et d’arrêtés qui l’arrangeaient et qui faussaient la concurrence, plus de 600 milliards de F Cfa de subvention cotonnière lui avaient été décaissés.
Les 420.000 tonnes de coton annoncées pour la campagne cotonnière en cours sont irréalistes et irréalisables au regard des réalités du terrain. Talon a tué la filière et continue de la tuer. Et pour masquer les statistiques, il a fait renvoyer 1200 agents d’encadrement en septembre 2016, des agents chargés du pesage. Résultat : plus de ponts bascules et de tracking dans les usines. Le résultat réel de la campagne cotonnière en cours sera néfaste.
Les 150 milliards de subventions dont parlait Patrice Talon étaient allés dans les poches des producteurs. Ce qui avait boosté la production après son départ (la fin du monopole). Au contraire, ce sont les diverses subventions versées à Talon (600 milliards) qui sont allées dans ses poches, sans impact sur la production et la croissance économique