Trois (03) voix seulement qui ont pesé lourd dans la balance pour la non prise en compte du projet.La journée du mardi 4 avril 2017 est à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire politique de notre pays le Bénin, et même de l’Afrique des présidences à vie et des révisions constitutionnelles opportunistes!
L’histoire retiendra que c’est ce jour-là en effet, que la première tentative de révision constitutionnelle jamais discutée au cours d’une plénière de l’Assemblée nationale, a lamentablement échoué au terme d’un vote certes serré, mais suffisamment éloquent. Comme avaient échoué toutes les velléités de révision constitutionnelle aux encablures de 2005-2006, et en 2011-2012, sous les présidents Kérékou et Yayi respectivement, grâce à la vigilance des forces vives de la Nation. Les tenants de la révision constitutionnelle de 2017 n’avaient besoin que de 63 voix sur les 83 pour atteindre la majorité des ¾ fixée par le constituant originel, afin d’obtenir la prise en compte du projet pour examen et étude quant au fond. Il n’en ont eu que 60 au terme d’un processus de votation qui ne souffre d’aucune contestation ! Trois (03) voix seulement qui ont pesé lourd dans la balance pour la non prise en compte du projet.
Pourtant, l’aventure anti-révisionniste semblait mal engagée à la fin de la semaine dernière et au début de la semaine en cours. Et pour cause ! Le garde des sceaux, ministre de la justice, professeur agrégé de droit privé de son état, avait choisi le dernier jour de la semaine pour rassembler, dans un grand hôtel de la place nouvellement retourné dans le giron de l’Etat, les journalistes et tous ceux qu’on appelle « web-activistes », pour un cours magistral de plusieurs heures, sur le projet pourtant décrié par tous les sachants des questions de droit constitutionnel, les acteurs sociaux et tout ce qui reste de sain dans la classe politique. On a ainsi vu le week-end durant, toutes les télévisions plus ou moins proches du pouvoir, relayer en boucle les sorties hasardeuses des juristes et autres politiciens au rancart, opportunément acquis à la cause de la révision. Le pouvoir avait visiblement choisi de mettre les turbos, pour ainsi dire, avant la session historique d’hier mardi pour préparer l’opinion à adhérer au grand projet de marche vers la modernisation à pas forcés de notre pays. La tension était alors palpable hier à l’hémicycle, après les propos musclés des « honorables députés favorables à la prise en compte du projet ». Intervenant après les « anti », chacun des « pro » avait tenu en effet à dire la main sur le cœur, combien il était soucieux des intérêts de ses mandants, au nom de qui chacun demandait instamment d’ouvrir enfin le débat sur la révision de la constitution, débat plusieurs fois différé depuis 27 ans.
Il était une fois Guy Mitokpé et Rosine Soglo
L’intervention généreuse du plus jeune député a quelque peu secoué la salle, mais elle a été noyée par la suite, sous le flot de la prose lyrique du représentant du gouvernement très en verve. Ce dernier avait trouvé, croyait-il, l’ultime occasion de convaincre les sceptiques de la validité de son projet. Cependant, la sortie fracassante de Rosine Soglo, à cause de la gravité des accusations de corruption sur les « honorables députés », aurait dû amener le président de séance à ajourner les débats, pour un débat sans concession sur le rôle de l’argent dans les votes à l’Assemblée ! Mais les révisionnistes, et avec eux, leur président, et le ministre qui a donné son nom à la commission des réformes institutionnelles, croyaient que le vote leur était déjà « acquis ». « Plié » comme aimait à le dire l’honorable Ahouanvoébla, dans un passé encore récent. Mal leur en a pris ! Car visiblement, les antirévisionnistes ont caché leur jeu, jusqu’à l’ultime instant du vote. En tombant à bras raccourcis sur la pauvre dame après le vote, les révisionnistes ont fait d’elle une héroïne, qui refuse les compromissions et les coups tordus. Ite missa est ! La messe est dite ! Les révisionnistes de tout poil et tous ceux qui rêvent de conduire ce peuple vers la modernité, contre son gré, ont tout le temps pour méditer sur sa capacité de résilience. Désormais, tous ceux qui rêvent de « dévierger » cette belle jeune fille au nom prédestiné de « constitution », rien que pour le plaisir de leur ego, doivent réfléchir par deux fois, avant de mettre à exécution leur forfait
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