Devoir de mémoire : Vous avez dit Alley ? Qui est Alley ?

C’est le colonel Alphonse Alley qui, à la tête d’un détachement de parachutistes, était allé déloger les soldats Nigériens qui campaient en permanence sur cette île…On connaît plus ou moins les anciens présidents Hubert Maga, premier président du Dahomey indépendant disparu en Mai 2000, mais aussi Sourou Migan Apithy, mort en 1987, Justin Tometin Ahomadégbé, décédé en 2002… et le dernier des « quatre mousquetaires », Emile Derlin Zinsou, qui nous a quittés l’année dernière seulement, en 2016.

On connaît la saga de leurs différents passages à la tête de l’Etat. Parmi les anciens présidents pourtant, figure un certain Alphonse Alley, aux côtés du général Soglo et autres. Car l’histoire du Dahomey indépendant, est aussi celle des crises successives qui ont jalonné son parcours tumultueux : Le Dahomey devenu Bénin était en effet  tristement célèbre dans les années 60, pour les coups d’état militaires qui lui ont valu le pseudonyme  peu valorisant « d’enfant malade de l’Afrique ».

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La plupart des auteurs de ces différents coups sont connus. Le nom de feu le colonel Kouandété est le plus cité. Mais avant lui, il y a eu le premier coup d’Etat du colonel devenu général, Christophe Soglo, et président par deux fois en 1963 et 1967. Le nom du général Mathieu Kérékou, auteur et bénéficiaire du dernier des coups d’état réussis, celui de 1972, est aussi  connu comme celui qui a dirigé le pays plus longtemps que tous les présidents réunis.

De tous les militaires putschistes que les historiens citent souvent, peu de cas est fait d’un des chefs les plus célèbres : le colonel Alphonse Alley, auquel est pourtant attaché le nom d’une portion du territoire « l’Ile de Lété », située aux confins du fleuve Niger, arrachée au Bénin et rattachée au Niger, après un arrêt de la Cour Internationale de Justice de La Haye en 2005.

C’est en effet le colonel Alphonse Alley qui, à la tête d’un détachement de parachutistes, était allé déloger les soldats Nigériens qui campaient en permanence sur cette île, partie considérée comme intégrante de notre pays le Bénin. Alley fut célébré comme un héros national, et les écoliers de l’époque se souviennent parfaitement des récits de sa glorieuse épopée.

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Depuis sa mort survenue en 1987 à l’âge plutôt précoce de 57 ans, une chape de plomb est lourdement tombée sur toute sa vie. Et, 30 ans après sa mort, c’est un pan entier  de la vie de cet homme que révèle ici Stanislas Spéro Adotévi,  philosophe au style corrosif, auteur du célébre pamphlet « Négritude et négrologues », qui a connu intimement Alphonse Alley. C’est une période importante de l’histoire de notre pays qui remonte à la surface, et qui relate la montée en puissance d’un chef militaire auréolé de la gloire du succès de l’expédition de l’Ile de Lété, et sa descente aux enfers, par le jeu des intrigues  d’un adjoint ambitieux nommé Kouandété. Ce court récit intitulé « Pour Alley », a été écrit il ya 8 ans comme la préface d’un livre qu’un des fils du défunt colonel Alley, apprêtait à publier sur la vie et l’œuvre de son héros de père. Mais pour des raisons encore inexpliquées, le livre n’a jamais pu paraître, malgré l’implication directe de son célèbre préfacier. Ce dernier que nous avons pu joindre depuis « son refuge» du quartier Ouaga 2000, a tenu à le faire publier maintenant, dans notre journal, afin que nul n’ignore les raisons profondes des coups de force répétés des années 60 et 70, dans notre pays.

Le colonel Mamah Alphonse Amadou Alley, est né le 9 avril 1930 à Bassila. Après des études primaires et secondaires au Togo, en Côte d’Ivoire et au Sénégal, il fut enrôlé dans l’armée française et participa aux guerres d’Indochine et d’Algérie, où il devint parachutiste, avant de rentrer définitivement au pays en 1961. Il fut tour à tour lieutenant, capitaine et commandant en 1964, quand il a pris la tête du détachement de parachutistes qui a pris d’assaut l’île de Lété, pour en chasser les soldats nigériens stationnés. Les années qui ont suivi ont été marquées par la rivalité entre Alley et Kouandété, et plus tard entre lui et Kérékou, qui le fera condamner à 20 ans de prison. L’histoire retient qu’il a dirigé brièvement le Dahomey entre 1967 et 1968, à la tête des cadres de l’armée qui ont d’abord fait organiser les élections présidentielles, puis annuler les résultats qui ont proclamé vainqueur le Dr Adjou Moumouni, avant d’offrir le pouvoir sur un plateau d’argent au président  Emile Derlin Zinsou.

Retrouvez dans nos prochaines éditions plusieurs articles sur le Colonel Alley…

10 réponses

  1. Avatar de MIGNANWANDE Maxime
    MIGNANWANDE Maxime

    Merci à chacun de vous pour ces récits qu’un jour, je l’espère, les livres d’histoire de notre pays contiendront.

  2. Avatar de Jojolabanane
    Jojolabanane

    Alphonse Alley,  Alphonse Alley, OMG
    Je m’interroge sur le pourquoi une rue, blv, place Alphonse Alley n’existe pas à Cotonou.

    Au moins avec lui, plus besoin d’école buissonnière à Gbégamey……..coup d’état = pas d’école …….merci colonel

  3. Avatar de Alley Abdoul Karim
    Alley Abdoul Karim

    L’histoire est comme le soleil, quoi qu’on fasse il finit par billé et on peut pas le cache avec la paume de la main car, la suface de la main est petite. l’Histoire de notre papa n’a pas finit d’etre revelé il y en a qui vient.

  4. Avatar de Houekpon Chincoun
    Houekpon Chincoun

    Bien dit mon chèr frère. Je me rappelle aussi des capitaines Bajogoumé, du Capitaine commando parachutiste Michel Aïkpé. De la grande classe! Merci pour ce bref remontage du temps!

  5. Avatar de
    Anonyme

    Impressionnant, impressionnant simplement… Mr Daudet puis je avoir vos contacts. Téléphone ou adresse email.J’ai vraiment soif de ces histoires vraies.Je compte sur vous

  6. Avatar de Adamou ABOUDOU
    Adamou ABOUDOU

    J’ai religieusement lu ce que vous avez écrit sur notre cher Papa Alfonse Alley. Nous,jeunes férus d’histoire avons besoin de savoir, de connaître ce qui s’est passé pour que la mémoire du colonel Alley ne s’éteignit jamais. C’est pourquoi j’attends avec impatience les prochains articles sur ce digne fils de notre pays.

  7. Avatar de aziz
    aziz

    J’ai été et je reste un passionné..de l’histoire anthropologique,politique du dahomez benin…

    Nos soi disants journalistes..devaient s’efforcer d’aller à la source,rechercher la vrai histoire…bonne ou mauvaise…de ceux qui nous ont façonnés..

    Nous petits..on a tellement entendu ..parler de alley ,de kouandeté..et tant d’autres..

    Je souhaite…lire des documentaires..sur tous nos anciens

    A titre personnel…et d’apres mes recherches de témoignage…celui..en qui je me retrouve..par son integrité,son sens de l’état,de la droiture..c’est feu pr ahomadégbé..

    Il est de loin..le dirigeant que j’aime..et je trouve injuste…que l’histoire et notre génération ne lui rendent pas la place.qu’il méritait…aho

    Je parle de l’homme..intrinsèque..mais pas de son entourage…(et je sais de quoi je parle)..

    Son sens de l’état…au delà des ethnies..de la bonne gestion,sa non soumission..à la puissance de l’argent..sont aux antipodes..de ce que nous sommes devenus

    Aussi..la personne qui nous a tous trompés..c’est kerekou..

    Ce dernier..nous a fait du mal..

    Le vrai kérékou sera démasqué un jour par l’histoire

    1. Avatar de Napoléon1
      Napoléon1

      @Aziz,

      Vous n’êtes pas le seul à avoir cette considération élogieuse du Président Ahomadegbe. Il a été un patriote, un vrai nationaliste que nous aimons tous.
      Mais Kérékou, vous le dites à juste titre, c’est celui qui a fait plus de mal à ce pays. La dérive des vraies valeurs, de l’amour pour le travail bien fait et du respect du bien public pour se focaliser sur la recherche de la vie facile, pour la corruption et les détournement que le pays continue de traîner avec depuis plus de 40 ans maintenant est l’oeuvre de Kérékou. Même s’il y a des admirateurs qui le considèrent comme le père de la démocratie au Bénin. C’est une falsification que l’histoire mettrera à nu un jour.

      1. Avatar de Jojolabanane
        Jojolabanane

        Merci Aziz
        Mon oncle est merveilleux
        Mais je ralais quand il s’agissait de me vacciner à Gbégamey dans sa Maison Blanche 

  8. Avatar de Septime Potan DAUDET
    Septime Potan DAUDET

    Ah le colonnel Alley. Quel militaire! Alley cet officier de grande valeur, avec une prestance, un homme qui respirait le respect, impressionnant et qui aimait jouer avec les enfants, avec nous où sa maison était ouverte. Il habitait gbéto près de la maison de la famille de Alladayè Aïnonssi épouse Capkochichi [la tante du capitaine Alladayè] qui arborait toujours une coupe afro à la james Brown, comme le capitaine Kouyami, je crois de mémoire que c’est saint-michel ou Aupiais qu’il habitait pas loin de chez Taïgla.. Des jeunes officiers intègres et rebelles, tous dans le genre de Sankara. Et que dire du capitaine Janvier Assogba à porto-novo. On le laissait saluer nous les élèves au niveau de la gendarmerie.. Je me rappelle comme d’hier de l’arrestation musclée par les hommes de Kérékou du colonnel Alley. Cela a duré au moins 4 HEURES DE 6 à 11 H. Colonnel Alley voulait mourir les armes au point. Mêmes les militaires qui sont venus l’arrêter avaient encore du respect pour cet officier.J’habitais derrière sa maison de l’étage on le voyais sur son balcon à l’étage. Il est vrai qu’on en parle pas beaucoup ces vrais militaires de l’époque. Dans la foulée ce jour de son arresttation, le capitaine Bessou, armée de terre qui habitait pas loin à Missébo [cet offier qui était toujours en tunique militaire,roulait en jeep décapotable, très impressionnant avec son teint d’à peu près albinos et sa longue barbe rousse s’est présenté pour s’y opposé. Reçu un coup de fil du commandant Kérékou pour négocier, il a été roulé dans la farine et révoqué, il s’est retrouvé plus tard chef de sécurité à IDATEX à Parakou. Je dis un peu ces histoires pour les jeunes sur ce site. Le Bénin, l’ex-Dahomey, c’était quelque chose, les kouandoté, le soldat Kongakou, …oh lala, le commissaire Tchiakpé, AZIZ de temps à temps, il faut raconter un peu les années 60 et 70. Bon j’arrête. Moi C’est le jour, je vais bosser.SPD

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