« Salus populi supremalexesto », que le salut du peuple soit la suprême loi. La politique–doit-on encore le rappeler–est non seulement la science ou l’art de gouverner, mais aussi la mise en œuvre-même de cet art, cette science lorsqu’elle vise en particulier la conquête du pouvoir. Dans ce dernier cas, une connotation essentiellement péjorative y afférente révèle l’écart qui peut exister entre l’ensemble des citoyens et ses « hommes politiques » – souvent perçus comme des « spécialistes » simplement avides de pouvoirs–, ce qui génère des problèmes (d’information, de participation, etc.) que même les démocraties les plus fortes ne parviennent pas à résoudre.
C’est de bonne guerre puisqu’en pareil contexte il incombe à chaque (bon) citoyen de tirer la sonnette d’alarme, stigmatiser voire dénoncer le mal social et annoncer la vérité. Le peuple béninois à la vérité est abusé par des hussards qui, usant de l’argent-dominateur et profitant de la fourbe insoupçonnée d’un pan de ce peuple versatile et jouisseur, l’instrumentalisent à des fins électoralistes.
Après les joutes électorales, le peuple est délaissé et exclu comme siex abrupto, il ne faisait plus partie de la cité. La cité, ce ne sont pas les pierres, mais les âmes. La logique politique béninoise est de construire des pierres au détriment de l’érection de l’homme et de tout l’homme. Les défis infra structurels, éducationnel et sanitaire sont solidaires.
En pareille situation, un libéralisme sauvage et ravageur inhibe les programmes sociaux puis élargit davantage le fossé social entre les riches cupides qui, de jours en jours, s’enrichissent davantage et les pauvres misérables qui au vu et au su de tous s’enlisent toujours de plus en plus dans la misère. La folle cupidité de ces riches de la cour des hussards et la sécurisation effrénée de leur avoir ne constituent que des sapins de noël, sans papa noël, dans la cité « Bénin » en attente de bien-être intégral. Le combat pour le bien-être de tous doit commencer par le procès des crimes de l’argent-surpuissant et écrasant.
Ces différents crimes de l’argent-menteur comprimé dans les mains des hussards et l’ineptie des vues de l’esprit de ces derniers assombrissent davantage le climat social qui parfois sinon souvent n’est pas clément. Les sinistrés de la République et les nombreux « Lazare » de la cité doivent occuper des places spéciales sur la liste des priorités, des urgence sur lesquelles doivent se pencher nos dirigeants.
Il ne s’agit pas de régler les problèmes sociaux par des phraséologies démagogiques, mais d’aller à la rencontre du Bénin profond et de lui apporter la joie, le pain et la paix. Pour ce faire, il faudrait freiner les multiples crimes de l’argent-dominateur qui devient l’idole de la cité. L’idolâtrie de l’argent est un crime politique qui défigure le politique, l’écartèle et l’aveugle. La beauté des sirènes de l’argent et leur voix ont tôt fait d’hypnotiser les hussards, qui commettent le crime le plus odieux : écraser les « Lazare » et ne laisser se hisser vers le faîte que le sarment du chef.
Comment comprendre que ces hussards investis pour protéger et défendre l’intérêt des pauvres en viennent à devenir des mercenaires de la prospérité du peuple et des fossoyeurs du bonheur des pauvres ?La croissance authentique de l’homme béninois se fera par la voie de la charité, par la force de la vérité et dans l’amour de la justice sociale. Ce relèvement du pauvre doit passer par l’éducation et la formation humaine. L’esprit humain bien ouvert à l’amour du prochain est,en effet,une richesse insondable.
Une telle richesse, dans le cœur des hussards, participerait de la dignité humaine, de la qualité de l’homme politique et se soucie, de fait, du développement intégral de l’homme et de tout l’homme. L’essor du peuple doit donc demeurer la priorité de ces derniers. Ce n’est donc pas un sort à banaliser, mais à protéger et faire progresser. Ne pas le faire est une traîtrise de la part des hussards.
Nous citoyens, pour notre part, sommes appelés à dénoncer et combattre tout ce qui avilit et détruit la cité. Cette gageure ne pourra cependant être tenue sans la participation individuelle et collective des citoyens béninois. Pour ce faire, un travail d’humanisation s’impose à nous tous. Chacun de nous devra se disposer à s’affiner et à polir, dans la vérité de son être, sa personnalité en vue de se faire, promptement, le prochain du « Lazare » qui se tient à la porte.
Que toutes les familles de la cité traitent les questions de précarité de leurs membres fragiles ! Efforçons-nous de servir le principe de l’être-plus ; participons ainsi à l’ennoblissement du citoyen indigent ! Que le hussard ne recherche plus celui qui pourrait être son allié. Mais il devrait se constituer, de façon désintéressée, le prochain de l’autre dans le but de l’aider à se relever afin que ce dernier puisse continuer le chemin de la vie avec des raisons d’espérer, de continuer à croire en l’avenir.
L’autre le plus faible, le plus frêle et le plus démuni de la cité a besoin d’une aide sociale et d’un travail décent. Si le hussard refuse de descendre dans les vallées de la misère du peuple pour le libérer et mène plutôt, dans sa tour, un combat imaginaire, son crime sera porté au paroxysme de son aveulissement ; et l’histoire, têtue, retiendra dans ses catalogues et portera même à la postérité l’écho du forfait. A Dieu ne plaise!
Abbé Arnaud Éric AGUENOUNON
Professeur au Séminaire Propédeutique de Missérété
Ecrivain-Essayiste
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